Qui es-tu Eva Bloie ?

Chapitre 2

Lundi, 17h00

C'est d'un pas assuré que je m'avance vers le sac noir qui me nargue depuis l'épaule de sa propriétaire. Je bouscule plusieurs collégiens avant de finir par arriver à sa hauteur. Je cale mon pas sur le sien et attend qu'elle remarque ma présence. Elle finit par tourner la tête vers moi mais se détourne après un haussement de sourcils et presse le pas. Je respire un grand coup et prend sur moi pour rester calme afin de ne pas perdre de vue mon objectif premier et je me lance :

- Hum... Je voulais m'excuser pour tout à l'heure... J'étais surpris et tu m'as coupé avant que je ne puisse te présenter mes excuses. Au fait, moi c'est Antoine Miller.

- Ah... Cool.

Reste calme Antoine, reste calme. Je remballe en vitesse la main que j'avais commencé à lui tendre et je la relance :

- Et heu... toi c'est Eva c'est ça ?

- Ouais, comment tu sais ? me répond-elle avec un regard soupçonneux

- Une jolie nouvelle ne passe jamais inaperçue, je lance avec l'un de mes sourires ravageurs.

- Super un lourd... Bon, c'est pas que tu m'embête mais j'aimerais bien rentrer chez moi. T'as fini ?

Mais c'est quoi cette fille ?! Mon sourire avait toujours fonctionné jusqu'à là ! Je vais lui faire ravaler son air hautain à la diva, elle commence sérieusement à m'agacer. Je réussi tout de même à continuer de sourire :

- Eh bien, il se trouve que j'ai un ami, Jules, qui organise une fête chez lui ce weekend. Il y aura une piscine, de l'alcool, plein de nourriture... Enfin bref, t'es invitée donc j'espère que t'es pas aussi coincée que t'en as l'air et que tu vas venir. A moins que je ne te fasse trop peur ?

Mon plan à subit de légères modifications mais je sens que j'ai visé juste. Son regard se teint d'une lueur de défi lorsqu'elle s'empare de l'adresse que je lui tends :

- 15 rue des échoppes, lit-elle à voix haute, bah en voilà au moins un qui s'embête pas ! Si vous habitez tous ce quartier, je risque de m'ennuyer dans votre soirée de petits richards à papa-maman.

- Ne t'inquiète pas pour ça, je t'assure que personne ne va s'ennuyer, loin de là.

Elle soutient mon regard de défi quelques instants avant de tourner les talons sur un « Alors, à samedi, Antoine Miller. ». A peine a-t-elle tourné au coin de la rue que je m'empare de mon téléphone et compose immédiatement le numéro de Jules afin de lui raconter mon exploit d'un ton victorieux. Il ne cache pas sa surprise et me soupçonne même de l'avoir payé pour qu'elle vienne à cette soirée. Je ris et raccroche. J'ai raté le bus avec toute cette histoire mais les quarante minutes de marches vont me permettre de me remettre les idées en place et de réfléchir à la suite des évènements.

Larmes, cris, rires, terreur, cette fête sera le théâtre de multiples révélations, je le sens. Il faudra jouer, et bien. Car la princesse des mystères n'est pas la seule à avoir ses petits secrets... et je sais de quoi je parle.