Toilettes

Elisa

8h26

《 C'est pas Jeanne ? Elle à l'air mal en point. 》

L'une des filles a posé la question innocemment, sans connaître l'histoire derrière.

《 Marie, vraiment ? Tu pourrais faire attention à ce que tu dis !

- Quoi ? 》

Marie ne comprends pas pourquoi elle se fait serrer par son amie. Une autre interviens.

《 Jade, c'est bon, elle ne sait pas, elle étais aux États Unis. 》

La dénommé se calme et murmure un "désolée" à peine audible. Elle prends une grande inspiration et lui explique.

《 Tu te souviens de la crush d'Elisa ?

- La même depuis les deux dernières années ?

- Ouais. Tu remarques pas qu'elle est souvent absente en ce moment ? 》

Elle marque un temps de pause. Elisa est au bord des larmes et la coupe en frappant sur le lavabo.

《 Tout ce que tu as a savoir c'est que son mec a Jeanne, Jordan, l'a souillé au nouvel an et qu'elle ne peux plus se regarder dans un miroir. 》finit-elle rapidement.

La voix d'Elisa s'est cassée sur la fin de sa phrase. Elle inspire un grand coup et essaye de maîtriser la boule qui s'est formé dans sa gorge.

Tout le monde connais l'histoire ici, et c'est l'une des informations qui circule de son plein gré à travers les couloirs.

Par contre, l'amour d'Elisa pour cette fille était un secret qu'elle gardait enfouis en elle. Seulement son groupe le plus restreint d'amis devait être au courant, et encore. Et l'a fille en question.

Car ce qu'elle ne dit pas c'est que cette même fille l'a repoussée le même jour. Elle en a bien trop honte.

La fin du deuxième trimestre approche et Elisa, depuis deux ans, n'as pas eu le courage de lui avouer ses sentiments. Cette fête semblait être le moment parfait, la bonne résolution qu'elle se devait d'accomplir. Et le drame est arrivé.

Elle s'est mise en couple avec un autre. Comme ça, précipitamment. On l'a devancé et elle à accepté, à moitié ivre mais bien consciente. Et Elisa, quand la rumeur s'est propagé comme une bombe à sombrer dans l'alcool pour noyer son désespoir. Peut-être voulait-elle aussi couler sa vie, au passage, tant la douleur était grande et insupportable. Alors elle l'a coincé, plus tard dans la soirée, alors qu'elle sortait des toilettes. Elle lui a avoué ses sentiments et l'a embrassé de force pour goûter au moins une fois à ses lèvres charnues. Le contact lui vida la tête une courte seconde. Ses lèvres étaient douces et pleines, emprunt d'un léger goût d'alcool et de menthe. De quoi lui provoquer un frison qui lui parcouru tout le corps, tandis que son estomac se contractait douloureusement, mais de la douleur agréable que provoque l'amour.

Le retour a la réalité fut d'une violence sans pitié. Elle a atteint son objectif , mais trop peu de temps à son goût. Le rejet imminent auquel elle a fait face à été plus douloureux que ce dont à quoi elle s'attendait. Lorsque ses lèvres ont brusquement été arrachées à la surface chaude auxquels elles étaient attachées, son coeur s'est déchiré. Dans le regard qui lui faisait face elle pouvait voir de la surprise et de la désolation. Elle n'avait pas besoin de parler, ses yeux le disaient pour elle : 《 Je suis désolée. 》. Rien d'autre. Ni de dégoût, ni d'amertume, ni de colère. Rien de tout ça ne lui avait été craché à la figure, bien qu'Elisa l'aurait voulut. C'est plus simple de se détacher d'une personne quand celle-ci vous a fait du tord. Et la gentillesse, la compassion et le regret d'un amour non reciproque qui s'emanaient d'elle n'étaient qu'un témoin de plus de sa gentillesse débordante et de sa générosité qu'elle trouvait, elle, naturelle. Elle s'était donc enfuie sans rien dire, retrouvant un temps soit peu sa lucidité et sa peine qui, le temps d'un court baisé, s'était envolée.