PARTIE QUATRE C SUPER LONG ET CHIANT MAIS

18 3 1
                                    

Son regard se baladait de gauche à droite, fasciné par les dizaines de reptiles variés qui, immobiles derrières d'épaisses vitres de verre ornées de traces de doigts, paraissaient complètement ignorants des dizaines de paires d'yeux qui les observaient chaque minute qui passait. Il laissait ses yeux azur balayer rapidement le contenu qui s'exposait derrière les vitres, bien trop pressé pour même imaginer s'attarder ne serait-ce qu'un instant sur une de ces écharpes écailleuses. Un jaune, un noir, un vert si bien tapis dans son nid d'herbe que Troye faillit le manquer ; des serpents de toutes les couleurs, de tous les types, de toutes les origines, se trouvaient dans le petit bâtiment qui avait pourtant l'air si grand aux yeux du garçon au teint porcelaine. Émerveillé, il avançait seul, faisant inconsciemment abstraction du fait qu'il n'était pas seul dans la bâtisse calme et froide.

Une main autour de son poignet le fit revenir à la réalité, l'arrachant à la contemplation d'un petit ovipare aux rayures vermeil. La mère d'un élève,-Troye n'avait pas bien compris duquel, d'ailleurs- le tirait désormais par l'avant bras pour l'amener à son enseignante qui fermait le groupe. Une grimace ornant son visage, le garçon aux cheveux bouclés se résigna à suivre la quadragénaire qui abordait un discret sourire plein de compassion. La tête basse, il ne se rendit compte que quelques minutes trop tard qu'ils n'étaient pas que deux à fermer la marche, en entendant que le nombre de pas ne correspondait pas. Il laissa donc ses yeux guider sa tête vers le haut puis vers la gauche et son visage confus laissa place à une expression triste, inquiète. Il était là, ses yeux café rivés vers le bas, le haut de ses joues rougis, son bras faiblement tenu vers le haut par sa main elle même retenue par celle de leur enseignante. C'est horrifié que Troye vit une larme tomber de quelque part sous les fins cils de Jimin et s'écraser lourdement sur le bord de sa chaussure. A la vue de l'impact de la goutte salée, le brun étouffa un sanglot et Troye sentit sa poitrine se comprimer de manière désagréable. Son Jiminie, en pleurs devant lui, et il était incapable de savoir pourquoi. Lentement, le bras du coréen retomba le long de son corps alors que son visage dévasté se releva vers la professeure qui l'avait délibérément lâché. Ses yeux emplis de larmes évoquaient toute la rancune, la trahison qu'il ressentait à ce moment précis. Elle l'avait délibérément lâché alors qu'il avait désespérément besoin que quelqu'un tienne sa main.

-Troye, vous êtes copains pas vrai ? Vous pouvez rester ensemble jusqu'à la fin de la visite, ça vous fera le plus grand bien.

Le garçon pale, sans demander quoi que ce soit d'autre, s'avança rapidement vers son ami en lui offrant un petit sourire triste mais quelque part compatissant. Mais Jimin tourna la tête, envahi par la honte. Il s'arrêta de marcher et ferma ses yeux si fort qu'il put pour ne laisser couler plus de larmes, ses poings serrés si fermement qu'il sentait ses ongles s'enfoncer peu à peu dans la paume de sa main. Mais il était décidé à s'arrêter de pleurer. Il ne pleurerait pas devant Troye qui ne pleurait jamais, devant Troye qui était son seul ami et qui allait le prendre pour la fillette qu'il était. Son cœur et son esprit à l'unisson marquèrent une pause et son corps complètement engourdi par la tristesse fut caressé par un délicat frisson au contact de fins doigts tièdes autour de son poignet.

-Jimin... Pourquoi tu pleures ?

-Je pleure pas.

-Tu... T'as peur ? Tu sais les serpents sont enfermés ils-

-J'ai pas peur, d'accord ? Je suis pas une...

La voix fluette du garçon se coupa et il baissa la tête, échappant un sanglot plus profond que tous les autres. Troye posa alors sa main libre sur l'épaule de son interlocuteur et se pencha un peu pour essayer de capter son regard.

-Jiminie... Pleure pas...

Il fallut quelques instant à l'intéressé pour oser enfin relever la tête. Il frotta précipitamment le dessous de son nez d'un revers de manche et fixa un point entre deux carreaux de marbre au sol pour éviter les deux globes océan qui s'accrochaient désespérément à son visage inondé.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Sep 15, 2017 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

g pas de titre donc lolOù les histoires vivent. Découvrez maintenant