PARTIE TROIS: CA A PAS DE SENS MAIS NIK

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Le garçon au teint porcelaine posa ses doigts sur le clavier et pressa délicatement les touches. Le son était faible, trop faible pour que quiconque qui n'était pas lui n'entende la fausse note qui s'échappa du piano.

-Troye ?

Il tourna la tête rapidement et vit l'enseignante le fixer d'un air inquiet. Pas inquiet dans le sens « Est-ce que tout va bien, Troye ? Est-ce que tu as peur de jouer un morceau de piano médiocre appris en deux semaine devant une salle d'une centaine de personnes dont une grande partie de ta famille ? », non. Son regard jonché de deux sourcils courbés comme deux apostrophes forcées à être face-à-face criait « Tu comptes jouer ou m'humilier, moi, ta prof de musique qui n'a aucune confiance en elle en prenant le risque que tes parents viennent me faire la morale à la fin ? Maintenant joue, petit incapable. ». Il se tourna et regarda Lia derrière lui, ses deux petites nattes semblables à deux épis de blés un peu trop gros qui tombaient sur ses épaules, toute vêtue de rose. Un rose pâle, doux. Un rose que les garçons n'aimaient pas à l'école car, justement, c'était pour les petites filles. Les jolies petites filles qui offraient des bisous sur la joue à la récréation et portaient de jolis chaussons à rubans devant une sale bondée sans avoir peur, attendant juste que l'imbécile au piano daigne jouer la foutue mélodie sur le papier devant lui. Paniqué, il tourna la tête à nouveau vers la professeure qui avait désormais légèrement froncé les sourcils et se tourna vers le public de parents ennuyés en leur offrant un rire faux. Derrière elle, une petite tête recouverte de cheveux à la couleur chocolat se distinguait des autres sans vraiment que Troye ne puisse savoir pourquoi ou comment. Ses yeux descendirent à peine pour capter son regard et enfin trouver un peu de courage mais Jimin ne le regardait pas. Ses mains dans ses poches, les épaules voûtées et le menton bas, ses yeux guidaient pourtant son regard vers le haut. Il regardait, non, dévorait du regard la blondinette sur scène. Ses joues rondes étaient teintées de rose et ses yeux assombris par l'obscurité de la salle brillaient pourtant d'une lueur que Troye pouvait facilement reconnaître ; de l'envie, de l'admiration. Il posa ses yeux sur ses doigts qu'il repositionna correctement sur les infernaux boutons d'ivoire et tourna une toute dernière fois la tête pour signaler à l'institutrice impatiente qu'il était enfin prêt. Enfin prêt à jouer pour que tout le monde regarde Lia danser sous la lumière étouffante qui le faisait littéralement suer depuis cinq bonnes minutes, prêt à jouer pour laisser son seul ami admirer la petite poupée Barbie de la classe d'en dessous se trémousser maladroitement dans son tutu. Les blondes, c'était vraiment toutes des connes.

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-Venez on sort.

Les trois garçons relevèrent la tête vers Zella qui s'était enfin décidée à briser le silence qui hantait les couloirs depuis plusieurs dizaines de minutes. La jeune fille haussa innocemment les épaules et attrapa son téléphone. « Clic », elle appuya sur la touche au sommet de l'appareil.

-Dix-neuf heures trente sept.

« Clic », elle appuya à nouveau et renfonça avec quelque difficulté son téléphone dans la poche de son jean moulant qui s'accrochait désespérément à ses fines jambes.

-On a le temps de passer prendre à manger, j'invite, et on va se perdre dans Toronto pour aller danser, ça vous va ?

-Zel-

-Oui, Smallvan, t'aimes pas le monde. Mais quelques goûtes dans le sang et c'est toi qui enflammera la piste avec le meilleur Nae-Nae que le continent américain n'ait jamais connu.

-C'est arrivé une fois !

-Mais c'était mémorable.

Troye se laissa aller à sourire et regarda d'abord Reece qui acquiesça en la direction de Zella pour lui intimer qu'il en était. Le garçon aux boucles posa en suite ses yeux sur Jimin qui souriait, visiblement amusé. « Smallvan ». Ses lèvres -et quelles lèvres-, étirées par son éternel sourire paisible, avaient articulé ce mot qui fit sourire Troye. D'un air qui se voulait auto-dérisoire, il haussa les épaules et rit doucement.

g pas de titre donc lolOù les histoires vivent. Découvrez maintenant