Chapitre I -

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"La passion est une fièvre de l'esprit qui nous laisse toujours affaiblis." -William Penn

22h00. J'errais dans les rues lumineuses de Paris. C'est un endroit magnifique la nuit. Les lumières des habitations redessinaient la Capitale. La Tour Eiffel se dressait devant nous telle une grande dame, et nous éclairait la face de manière à rester bouche-bée devant sa splendeur. J'étais éblouie. Autour de moi, on pouvait apercevoir une nuée d'amoureux. Ils s'aimaient, et chaque couple différait. L'amour qu'ils se portaient était une tendresse de plus à apporter au monde. J'étais fascinée par cet atmosphère Parisien.
Je rentrais de ma journée épuisante. Mon sac bandoulière accroché à l'épaule, je me fondais dans ces foules de douceur. Une musique festive retentissait dans les cafés. Je marchais le sourire aux lèvres. Cette vague de chaleur humaine dégagée par l'ambiance qui arpentait les rues, me rendait heureuse. Mais, qu'est-ce qu'être heureux lorsque l'on reconnaît que chaque moment vécu est passé ? Le moment présent est difficile à sentir. En tout cas, j'étais bien. Je ne voulais pas que cela change. Les sourires se transmettaient de visage en visage. Je voulais rester. Non, il me fallait tout de même continuer mon chemin. Je quittais tout ce beau monde. Je me réfugiais sur mon ordinateur afin de compléter mon travail.

Le métier de journaliste me passionnait. La fierté m'envahissait le coeur. J'avais travaillé dur pour en arriver là. Je me décrivais comme une petite fille sage et ambitieuse. Oui, c'était cela mon portrait. Cependant, depuis quelque temps, je m'autorisais à transgresser les règles. J'étais moins impliquée dans mes dossiers. D'ailleurs, devant moi, une pile de documents non terminés me guettait. Cela ne m'intéressait pas. Ma pensée était ailleurs.
Je me perdais dans mes réflexions. Cet homme fréquenté la veille s'appropriait mon esprit. Je n'étais plus moi-même. Mon âme était en colocation. J'en étais folle. Je voulais le revoir. Je pris mon portable, et après un débat intérieur, je décidai de lui envoyer un message. Je pouvais mieux cacher mes conflits d'émotions ainsi. "Bonjour, c'est Morgan. Dis moi, ça me plairait qu'on se revoit. T'es libre quand ?"
J'ai encore craqué. J'ai de nouveau fait le premier pas. Je me décevais. Je n'étais même pas foutue de faire comme lui. D'attendre. Pourquoi y arrivait t-il ? Il me fascinait d'avantage. En cas de "non" catégorique, je ne mettrais plus le nez dehors. J'aurais trop honte. Cet homme affecte même ma fierté. J'entendis mon téléphone vibrer, je me jetai dessus et là : "SFR bonjour [...]"
Merde. Une fausse montée d'adrénaline. Je suis vraiment ridicule. Mon téléphone vibra à nouveau. Mes yeux parcouraient l'écran : "Bonjour Morgan. Avec plaisir. Si tu le souhaites, on peut se retrouver dans un café. Angelina Rivoli me tente bien."
Son élégance se ressentait d'ici. Il me plaisait. C'était la première fois que je me l'avouai. Je me mordais les lèvres, je faisais grincer mes dents. J'étais mal à l'aise face à moi-même. Mon juge intérieur me critiquait. Je paraissais risible. J'en avais assez de ses jugements. Assez de me dire "il faut, il faut pas, tu dois..." Je voulais me débarrasser de ses conditionnements sociétaires. J'avais envie d'être moi-même. Cet homme m'attirait. J'étais impuissante. C'était tellement inconnu pour moi. J'en avais peur. Je craignais de m'attacher. Je ne voulais pas qu'on me fasse du mal. Je craignais aussi qu'on empiète sur mon espace vital. En fait, j'avais peur qu'on entre dans ma vie. J'avais peur qu'un inconnu se pointe dans mon cercle personnel, et qu'il m'asservisse émotionnellement. Je voulais me protéger. Cependant, l'élan de cette passion était plus fort que la peur d'y accéder. Je voulais savoir. Je voulais connaître cette sensation de bonheur qu'est l'amour. Je voulais tomber amoureuse. Je voulais adorer. Ce que je ressentais me donnais envie d'approfondir mes émotions, de connaître, de découvrir.
Ces réflexions me prirent quelques secondes, et rapidement, comme à mon habitude, je saisis mon portable et j'écrivis : "D'accord, très bien. Demain, 19heures ?" J'appréhendais sa réponse. Je n'avais pas envie de paraître trop envahissante, ni trop froide. Le juste milieu était difficile à doser dans mon cas. Je pense que je suis atteinte d'hyperémotivité. J'ai lu un article là-dessus. Cela me ressemble bien. Mes émotions sont démultipliées. Je suis extrême. Je l'ai toujours été. Je peux être très triste, et me retrouver euphorique dans la seconde. C'est très bizarre. Mais l'euphorie c'est agréable. Toutefois j'agis précipitamment. Je peux en faire fuir plus d'un. Et cet homme, je ne voulais pas le perdre. Ce qu'il me faisait ressentir était tellement plaisant. Il agissait comme une drogue sur mon âme. J'étais une toxico d'amour. Bientôt, je ne serais plus maîtresse de mes mouvements, guidée par la passion d'un inconnu.
Je guettai mon smartphone. J'attendais impatiemment un message, un signe de lui. Rien. C'était le néant. Je ressentais un manque. Je voulais qu'il me montre de l'intérêt. Je ne voulais pas être ordinaire pour lui. J'avais envie de lui plaire, qu'il me suive. Il me fuyait. Il s'écartait. Et plus il me montrait qu'il avait d'autres centres d'occupations, plus je le traquais. Il me rendait dingue. Je n'en dormais plus. Je ne savais même pas quelle heure il était. J'ouvris le menu de mon portable. Minuit. Il était minuit. Je posai ma tête sur l'oreiller. Il me fallait dormir. Le réveil serait compliqué autrement. Je pensais. Je pensais trop pour avoir envie de sombrer dans le sommeil. Mais à force de penser, au bout de quelques minutes, je me sentis partir. Je perdis le fil de ma pensée. À présent je dormais. J'étais bien, j'avais chaud. Cependant, je me réveillai en sursaut. Je vis mon téléphone s'éclairer, je l'entendis vibrer. J'avais un message. Je ne me précipitai pas. J'étais agacée. Je dormais bien pour une fois. J'avais complètement oublié que j'attendais une réponse. Je scrutais l'écran. Je vis un "Ça marche pour 19heures." Mon déplaisir se transformai en excitation. Ça y est. Je ne fermerai plus l'œil. Je le savais.
Était-il obligé de me répondre si tard ? Pourquoi se donnait-il un air détaché ? Tant pis. Demain je le verrai. Cela me rendait heureuse. Plusieurs questions me vinrent. Comment m'habiller ? Comment me présenter ? Quels seront nos sujets de discussion ? Comment va t-il me trouver ? En tout cas, je voulais absolument le séduire. Mon cœur battait la chamade. Il était tard, et cela ne me préoccupait à peine.

Je rêvassais, la tête posée sur l'oreiller. Je souriais à la vie. Je ne m'étais pas sentie aussi bien depuis longtemps. Le réveil sonna au bout de quelques heures. Je n'avais pas fermé les yeux une seule fois. Je ne me sentais même pas épuisée. L'adrénaline au fond de mon cœur me tenait debout. Après le rendez-vous, je m'écroulerai, c'était certain. J'étais encore dans mes pensées, impossible de m'en sortir. Cet homme prenait place désormais en moi. En me préparant ce matin là, je me surpris. J'étais lente, rêveuse comme ce n'était pas permis, et surtout : je faisais particulièrement attention à l'assemblage de mes vêtements. C'était étonnant venant de moi. Habituellement, j'étais soignée, sans en faire trop. Mes vêtements étaient souvent similaires. Ce jour-là, je tentai de nouvelles choses. Je voulais paraître autrement. Mais était-ce une bonne idée de vouloir changer ma simplicité ? Cela me correspondait-il ? Je n'en savais rien. J'étais nulle en Amour. Ce monde là ne m'a été que très peu inculqué. J'étais plutôt le genre studieuse, très peu intéressée par la gent masculine. En fait, j'en avais une très mauvaise image. Les hommes étaient pour moi à fuir. Ils ne m'apporteraient rien. J'avais un tel dégoût et de si gros appriori que j'avais fait une croix sur ma vie sentimentale.
Cet homme-là était différent. Je me sentais bien dès lors que j'y songeais. Je le trouvais attirant, beau, charmant, élégant. Et tant d'autres qualités assimilées à un être si parfait. Moi qui me moquais facilement des filles amoureuses. J'étais dans le même bateau qu'elles désormais. Atteinte par cette maladie d'amour.
Je passai une bien longue journée. J'avais l'esprit occupé, mais je savais très bien qu'il m'était interdit de rêvasser. Je devais boucler un article. Le sujet y étant de plus, insignifiant, j'avais énormément de mal à me focaliser sur mon écrit. L'amabilité des Londoniens m'était égale. Je trouvais cela stupide. Cela catégorisait directement l'endroit référencé. Je pensais clairement qu'il y avait des gens biens partout et que se fier à une première impression n'était jamais juste. Bref, le 12 octobre 2016, j'avais espoir en l'humanité.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 31, 2018 ⏰

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