Illusion

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La pluie martelait la toiture de mon logis, les éclairs déchiraient le ciel et le tonnerre écorchait le silence. Ce genre de température maussade n'égayait personne, me laissant seule dans mon euphorie.

Il se faisait tard, très tard. J'étais la seule occupante de ma demeure lors de cette hargneuse soirée, puisque mes parents s'étaient absentés.

Le fracas produit à l'extérieur m'empêchait de dormir, malgré la douce mélodie qui effleurait mon oreille. Mais pourtant, j'étais seule.

Une harmonie s'échappait de la salle de musique, où se trouvait mon luxueux piano à queue. Ma chambre se trouvant à l'étage supérieur, une petite marche me serait obligatoire pour découvrir qui jouait sur mon mélodieux instrument.

J'enfilai des bas de laine et un tricot, puis sortis de ma chambre. L'escalier double me faisait maintenant face. Je fermai la porte et entendis de plus fort la pièce qui était jouée.

- Nocturne opus 20, Chopin, marmonnais-je.

Cet opus était d'une arduité, sachant comment m'impressionner. Je fermai les yeux et laissai la musique contrôler mon âme. Je marchai au rythme de la pièce qui devenait peu à peu de plus en plus intense, descendis l'escalier de bois puis me retrouvai dans le salon principal. Une faible lueur s'évadait de la fente, dansant sur les temps réguliers que produisait le mystérieux pianiste.

J'étais maintenant nez-à-nez avec la porte de bois qui me séparait de cette douce harmonie de note. Mon cœur battait la chamade, si bien que je croyais qu'il pourrait exploser à tout moments. Pourtant, mon âme se sentait apaisée, calme. C'était comme si j'étais en transe, comme si la musique et moi ne faisions qu'un.

J'ouvris délicatement la porte et me retrouva dans ma salle de musique. L'immense piano à queue était devant moi, au fond de la salle. Un homme était assis sur le tabouret noir et jouait. Ces doigts glissaient et effleuraient les notes avec tant de simplicitié, me laissant sans mots devant l'immense talent qui s'exécutait devant moi.

Je m'approchai le plus silencieusement possible du piano, et finis par être côte-à-côte avec le prodige. Mon regard curieux se posa sur ses mains, qui exécutaient les derniers temps de l'opus. Il se leva, fit son salut, et se retrouva face à face avec moi.

Mon regard se posa directement sur son visage aux traits doux, apaisants. Ces cheveux étaient un peu en bataille, d'un brun clair, chocolaté. Il avait des yeux d'un vert clair, luminant, me laissant un coup amer au cœur. Il était nettement plus grand que moi, et portait un smoking noir traditionnel. Autour de son cou était bouclé un nœud papillon rouge, par dessus une chemise blanche.

- Finnegan, dit-il d'une voix suave. Je remarquai ses dents qui étaient d'un blanc remarquable et d'une droiture impeccable.

- Clodelle, dis-je à mon tour, d'une petite voix, encore sous l'effet de la musique jouée plus tôt.

- Pas besoin de te présenter, répondit-il brièvement, je sais plusieurs choses sur toi, plus que tu ne peux l'imaginer, dit-il en ricanant, me laissant percevoir des faussets des deux côtés de son visage.

Il s'avança vers moi, mais je resta sur place, pétrifiée par les mots qu'il venait de prononcer. Son visage était maintenant à quelques centimètres du mien, me laissant sentir son souffle chaud dans mon cou.

- Ne t'affole pas, je ne te veux aucun mal. Du moins, pour l'instant, dit-il avec le même rire, avant de disparaître de l'autre côté de la salle de musique.

Mon corps devint comme du chiffon, faible, mou, puis tomba par terre, dans l'impuissance et l'incompréhension. J'eus un pincement au cœur, et sentis tous les membres de mon corps s'engourdir, perdue dans l'inconscience.

// Voilà donc pour le premier chapitre! J'espère que vous avez apprécié, n'hésitez pas à voter et partager! xxx

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