Nouvelle #5

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Ils hurlaient. Ils hurlaient de colère, de douleur, de tristesse et de rage. Ils hurlaient car ils souffraient, tous les deux. Ils hurlaient un tas de sentiments mélangés, confus et si soudain que tout Homme sur Terre voudrait bien s'en passer. 

C'était une dispute, plus forte que d'habitude. Une dispute si violente qu'elle était accompagnée d'une douleur presque physique. A chaque mots prononcés, à chaque phrases entamées, celui à qui elle était destinée savait qu'il allait souffrir. Il aurait aimé pouvoir esquiver les paroles de l'autre mais c'était impossible. Et il aurait aimé ne pas rendre les coups, mais c'était inévitable.

A chaque attaque, l'autre répliquait. A chaque atrocité envoyer dans la face de celui qu'on voudrait aimer, on se mordait les doigts. Parce qu'au fond, on le savait très bien. On allait le regretter, et lui aussi allait le regretter. Parce que dans tous ce qu'il se disait dans la pièce, rien n'était réellement pensé. Ni pour l'un, ni pour l'autre. 

Et pourtant, ils étaient là. Et ils continuaient à se haïr du plus profond de leur être alors qu'ils s'aimaient, c'était évident. 

Mais c'est comme ça dans chaque dispute. On dit des choses, des choses horribles. On dit des choses qu'on ne voudrait nous-même ne pas entendre. Et pourtant, sans qu'on ne puisse rien contrôler, on laisse sortir de notre bouche ce venin que chacun possède au plus profond de lui. Ce venin que l'on devrait utiliser en ultime recourt, face à celui qui nous veut réellement du mal, et qu'on jette pourtant, trop souvent, à ceux qui nous aiment sans qu'ils l'ai mérité. 

Alors pourquoi ? Pourquoi cet homme et cette femme, s'ils s'aiment autant qu'ils le laissent croire, s'abîment et se brisent mutuellement à coup de mots criés ?

Et puis déjà, pourquoi "criés" ? Pourquoi hurle-t-on quand on est fâché ? 

Sûrement pour que nos mots traversent l'épaisse carapace qui nous englobe pour nous protéger quand on est en danger. 

Ils s'aiment. Ils le savent. Tout le monde le sait. 

Et pourtant ils se crient l'un sur l'autre, comme deux ennemis de toujours. Ils se disputent si fort qu'ils en ont oubliés pourquoi. Pourquoi ils en sont arrivés là.

Et s'ils ont tous les deux oublié, c'est pour une bien simple raison : un peu comme une toute petite allumette qui serait capable de faire naître un feu dévastateur, les Hommes entament de tous petits débats qui peuvent lancer des disputes démesurées qu'aucun hommes et qu'aucune femmes ne peut maîtriser. 

Mais une fois la machine lancée, impossible de revenir en arrière. Il ne reste qu'une chose à faire : attendre que le feu se consume par lui-même. Attendre qu'il s'étouffe, qu'il se calme. Et enfin, ils se calmeront. 

Et comme si ils avaient fermé les yeux tout ce temps, ils finiront par les ouvrir à nouveaux pour constater ensemble les dégâts causés par la si petite allumette. 

Mais ils s'aiment. Ils le savent. Tout le monde le sait. 

Alors, même si cela sera long et méticuleux, ils nettoieront toute cette cendre qui les empêche de bien se voir, réaliseront ensuite que c'était bel et bien la faute de cette toute petite allumette sans importance et continueront de s'aimer, jusqu'à ce que l'un offre une nouvelle petite allumette à l'autre et que ce dernier ne l'allume sans le vouloir. 

Mais ils n'ont pas peur de ce jour, car ils le savent : ils s'aiment. Et ce n'est pas la toute toute petite allumette qui les sépare quelques heures qui arrivera à les séparer toute la vie. 

RANT BOOK D'ARTICLES (en tout genre et plus encore...)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant