Mon retour

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Je serrai toujours le bras de mon père marchant gaiement la valise à la main. Cette atmosphère m'était inconnue ; 16 ans que j'avais quitté mon pays natal pour la France. Mais jamais je n'ai autant aimé un pays que mon Sénégal même si pratiquement j'y avais passé que de brefs moments en mon enfance. En effet sa culture m'avait toujours enchantée, je ne ratais aucune tendance sénégalaise du fait que je suivais toutes les nouveautés par le biais des nouvelles technologies. L'acculturation ne m'a jamais ébranlée au contraire j'ai toujours été très conservatrice nonobstant du milieu de vie où j'évoluais. Je m'harnachais toujours traditionnellement et le tissu Wax était mon accoutrement de prédilection j'en avais de tonnes dans mon armoire sans jamais oublier mon *Moussor que je savais toujours bien mettre qui me rendait assez figurante aux yeux de tous. Avec ces habillements, je n'avais aucun trait d'une mineure ; je ressemblais à une vraie femme en chair et en os. J'en étais si consciente que je le mélangeais avec une touche de personnalité très aiguisée. Mon père n'aimait pas au début et il jugeait que je devais me comporter comme toute ado de mon âge, chose dont je fis sourd oreille qu'il finit par m'octroyer ma pleine liberté. Certaines de mes copines blanches s'émancipaient sans ambages à me tenir de pareils discours en m'incitant à s'habiller à l'occident ; je n'y répondais pas. Mais je prenais soin le lendemain de m'harnacher pareillement en l'accompagnant de bracelets , de bijoux et d'autres accessoires typiquement africains simplement pour leur signifier que ma façon de m'habiller relever de mon propre chef et qu'en d'autres termes cela allait rester immuable et constant et qu'elles pouvaient bien mettre leurs avis là où je pensais. Ce qui était désopilant à un moment était qu'elles avaient fini par kiffer mes tenues et me les piquaient et d'autres allaient jusqu'à envier mon teint. Mon Teint ! C'était un de mes plus grands complexe à mon enfance, j'étais si noire frôlant la couleur du charbon. J'étais surnommée « la négresse » dans ma classe : propos que je jugeais à la limite racistes ; et certains concitoyens m'appelaient sous un ton sarcastique « Nioulé ». Cela avait carrément don de me faire péter les plombs ; qui m'aurait un jour dite que ce « égout » allait un jour être l'objet que j'allais pavoiser avec grande fierté. En grandissant, je découvris que c'était le plus grand trésor que le seigneur m'avait faite cadeau ; d'ailleurs je le surveillais avec grand soin comme le lait sur le feu contre tous les produits pouvant le compromettre. Ce qui me faisait toujours gerber de dégoût était ces femmes africaines qui bradent la couleur de leurs peaux avec des produits éclaircissants pour ressembler aux blancs, filles sans scrupules ! La dépigmentation reste une pratique ignoble qui témoigne l'irrespect à l'égard du continent africain. Moi Mariana, avec tout l'or du monde je n'aurai échangé ce cadeau au contraire je le mettais en valeur à chaque fois que l'occasion se présentait.

Je m'engouffrai dans le taxi avec papa qui n'arrêtait pas de jeter un coup d'œil sur sa montre l'air enthousiaste, je lui souris en me couchant sur son épaule. Il était grand et très beau, la barbe hirsute qui le rendait très sexy et attrayant; j'ignorai si c'était mal de penser ainsi mais je rêvais d'un homme typique de lui sans aucune différence et il m'arrivait souvent de me surprendre en train de le mater pièce par pièce tellement sa vue me fascinait. Il avait trouvé une coépouse à ma mère, Sara une métisse très radieuse qui d'ailleurs vivait chez nous en France. Je n'arrivai pas à le supporter car de prime abord je lui avais collée une mauvaise étiquette de sorcière, une pimbêche qui voulait nous voler mon père. Je lui faisais voir de vertes et des pas mûrs pendant de longs mois en posant de stratagèmes qui marchaient souvent pour causer de la zizanie entre lui et mon père. Elle savait que je ne l'aimais pas du tout et que je la prenais comme une menace dans la famille pourtant elle se montrait tout le temps débonnaire surtout quand mon père s'absentait ; elle se montrait comme une vraie mère ; A la fin, sa gentillesse m'eut gagnée.

- Papa, pourquoi maman n'est pas venue nous accueillir ? dis-je d'un ton boudeur

- Ma fille j'avais oublié de te dire .Il s'agit d'une surprise je ne lui ai pas embouchée la trompette de ta venue, répondit-il d'une voix enthousiaste

Je souris à l'intérieur de joie en soupirant très stressée. Même si on se parlait chaque jour par le biais du net, elle me manquait beaucoup ma maman. Je ne me rappelais pas de l'avoir vue physiquement, je devais avoir vers les trois ans quand nous l'avions quittée mon père et moi pour s'exiler en France et j'ignorais toujours la raison de cet exil. J'aurai tellement aimé grandir ici dans mon pays mais bon la France aussi mon enfance resterait à jamais inoubliable. La voiture venait de se garer près d'une belle villa pas très grande mais très jolie l'architecture. J'aperçus le gardien accourir l'air intrigué en nous saluant bizarrement puis saisit nos valises. Je regardai mon père l'œil interloqué, il me sourit et saisit ma main en me conduisant à l'intérieur. Il me demanda tout excité de rester à la porte pour rendre encore plus émotive la rencontre.

- Papa toi aussi tu me stresses encore plus, hoquetai-je en serrant mes bras

En guise de réponse, il me fit un clin d'œil puis arpenta le couloir. J'entendis un concert de cris stridents quelques secondes plus tard provenant de l'intérieur. Mon cœur rata un battement, je redressai nonchalamment mon pagne et m'accourus vers la pièce le cœur battant. Je manquais de tomber des nus en voyant dans la salle deux hommes nus et ma mère dénudée sur l'un des canapés le visage apeuré.

Ma mère est une puteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant