Le clash de trop !

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Un samedi, comme les autres, je regarde sur France 2 mon match de boxe hebdomadaire : « On n'est pas couché ». Les 2 adversaires sont présent-e-s. D'un côté « les snipeuses », de l'autre les « invité-es » .En place, prêt-e-s, les poings assénés, il manque uniquement le coups d'envoi de l'arbitre, Laurent Ruquier . Ce dernier, commence- comme chaque soir- par détendre l'atmosphère avec de l'humour sur l'actualité de la semaine. Puis, l'invité politique s'installe sur le ring et la joute commence. Mais, ce moment n'est pas essentiel ici...
Après des KO, des nuls et des abandons réciproques, c'est au tour de madame Rousseau d'entrer dans le feu de l'action. Cette ex-secrétaire nationale adjointe d'Europe-Écologie-Les-Verts  est venue se battre pour son livre« Parler ». Dans cette œuvre, elle raconte sa souffrance en tant que victime d'une agression sexuelle de la part de Denis Baupin, élu écologiste, et elle invite les femmes qui ont été victimes comme elle à prendre la parole. Cependant, elle est  prise à partie par Yann Moix et Christine Angot, Cette dernière, qui a également été victime de violences sexuelles, sort de ses gonds après que l'invitée ait décrit le dispositif mis en place chez EELV pour que les victimes de harcèlement puissent "solliciter de l'aide de la part  de personnes formées pour accueillir la parole". "Je ne peux pas entendre ça ! C'est un blabla... On ne fait pas dans un parti politique la question des agressions sexuelles, enfin ! On le fait avec l'humain !", s'est indignée la remplaçante de Vanessa Burggraf.

 On ne fait pas dans un parti politique la question des agressions sexuelles, enfin ! On le fait avec l'humain !", s'est indignée la remplaçante de Vanessa Burggraf

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Troublée, Sandrine Rousseau tente de se défendre tant bien que mal, en larmes. Mais, campant sur ses positions, Christine Angot énervée, apostrophe la  femme politique. Après quoi, elle quitte le plateau en larmes sous les huées du public et se réfugie dans sa loge où elle se met à hurler, comme le révéle l'Express. Puisque cette séquence a bien évidemment été coupée au montage.
Au cours de l'altercation, les deux femmes ont recouru à une même phrase : «Je ne peux pas l'entendre.» De l'insupportable et de l'impossible hantent décidément les violences faites aux femmes.
 Quelle honte que Laurent Ruquier ait laissé ce clash prendre de l'ampleur !
C'est abjecte de laisser une victime de pédophilie et d'inceste crêper le chignon à une autre victime, de surcroît sur une question de forme et non de fond !
D'ailleurs, le débat de fond doit avoir lieu. Le viol, les agressions sexuelles, le harcèlement faits aux femmes ne constituent pas uniquement une somme d'histoires personnelles, de faits divers sans liens les uns avec les autres mais le produit de nos sociétés sexistes, le point d'orgue d'un rapport de domination homme-femme.  Dans cette histoire, les rôles ont été distribués : le sujet est masculin, l'objet est féminin. Sandrine Rousseau défend la parole des femmes comme un préalable au recul des violences qui leur sont faites. Si nous sommes silencieuses, nous restons dans le statut d'objet et les violeurs comme les harceleurs peuvent continuer à sévir. Parler est donc vital. Elle porte un «discours» politique, féministe, sur le sujet, au sens d'une interprétation historique, sociale et culturelle du viol et du harcèlement sexuel assortie d'une vision des mécanismes collectifs à déjouer pour en finir avec ces violences. Cela n'enlève rien au caractère personnel de son récit mais elle l'inscrit dans une perspective politique contrairement à Christine Angot qui lâche au cours de l'émission : «On se débrouille, c'est comme ça.» Si nous aspirons à être actrices de nos vies, c'est précisément pour que ce ne soit plus «comme ça». Le point de vue politique est celui qui n'accepte pas la résignation et qui, loin de laisser chaque femme se débrouiller seule avec le violeur, entend fonder une réponse collective.
Au delà du débat, on assiste à l'impact à long terme que le viol et des agressions sexuelles durant l'enfance peuvent avoir sur la perception de la victime...
En effet, madame Angot a été marquée et traumatisée par son enfance incestueuse. Ne se considérant pas comme une  "victime" , mais "comme une personne". Elle nous fait part indirectement de son mal être profond,  de son mépris et de sa honte d'être une "victime ". Et oui,  dans nos sociétés actuelles, c'est la victime qui est honteuse à la place du violeur...
C'est une femme détruite qui donne l'impression de rejeter sa personne féminine.Loin de moi l'idée farfelue de justifier cela par ses cheveux courts et son apparence sobre. Mais par le fait qu' elle ne se considère pas comme "écrivaine" , mais écrivain. Puisque d'après elle, lorsque l'on fait référence à un écrivain,  "on voit quelqu'un entrain d'écrire ".  Cependant ,j'aimerais lui rappeler que le masculin n'est pas un genre neutre,  mais masculin. En incluant "écrivaine" dans "écrivain" , en inclut le féminin dans le masculin .Ce qui fait de notre genre un sous-ensemble, un sous-groupe et non une constituante à part entière de notre espèce. Et sachant que les mots structurent la pensée,  il est d'autant plus urgent d'adopter une écriture inclusive.
À la fin de cette émission,  j'étais choquée et énervée. Mais,  encore plus motivée et déterminée à  lutter et oeuvrer pour notre combat.
                              Force à vous les filles!

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 07, 2017 ⏰

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