Prologue (Adélaïde)

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J'étais Mlle Adélaïde d'Oeren. J'avais seize ans et je vivais dans la demeure de mes parents. La vie était parfois compliquée, vu qu'on n'arrêtait pas de me parler fiançailles. Je refusais de me marier à quelqu'un que je ne désirais pas. Le roi et la reine n'était pas vraiment d'accord, "ils veulent un bon avenir pour leur fille chérie"ce sont les paroles qu'on me répétait sans cesse pour les excuser d'insister sur le sujet. Je savais que, un jour, le trône me reviendrait... C'était mon destin. Je devais l'accepter même si je ne le souhaitais pas.

Pendant des années on m'a appris à être respectée et à être une enfant parfaite. Cela faisait seize longues années... Je ne pouvais aller dehors sans être accompagnée par plusieurs serviteurs et gardes. Je suis obligée de rester "en sûreté" ! Je voulais m'enfuir, vivre une vie, mais je restais à l'intérieur de ces murs,sans me plaindre. En regardant par la fenêtre, j'espérais en silence que je pourrais atteindre mon but. Je suis toujours parée de robes somptueuses, à vivre dans la beauté du luxe. Non ! À être enfermée dans le luxe, et il n'y avait aucune beauté. Je voulais m'en échapper. Comment certaines personnes désirent y entrer ? Cela m'agaçait, je voulais seulement qu'on me laisse vivre !

- Mademoiselle Adélaïde ?!Que faites-vous dans les jardins ? Vous allez attraper froid ! Vite rentrée au château, il faut vous préparer, me tira de mes pensées ma gouvernante Mlle Aude.


En effet, j'étais allongée dans les jardins sur le rebord de la fontaine en pierre. Je venais souvent à cet endroit pour me changer les idées. C'était mon coin, celui presque rien qu'à moi. Les différentes espèces de plantes me faisaient rêver à de nouveaux horizons. Mais il était sûrement tard, bientôt l'heure de dîner.Il n'y avait personne, aucune comtesse ou marquis dans les environs.Ils devaient sûrement se préparer pour le repas. Le somptueux repas préparer pour mon anniversaire... Je baissais le regard sur mes pieds que je balançais non élégamment dans le vide.

- Je sais que vous n'aimez pas le fêter, mais il faut vous habiller, princesse, reprit-elle.

- Ne m'appelez pas "princesse", lui répondis-je avec une mimique de dégoût.

- Toutes mes excuses, Mademoiselle, elle se plia presque en deux pour s'excuser.


Je la rejoignis la tête basse. Les gens ne changeront donc jamais ?J'essayais de faire comprendre à mon entourage et au peuple que ce n'était pas parce que je suis de sang royal que je suis supérieure à eux.

Elle me précéda pour aller jusqu'à ma chambre. Je l'avais voulu le plus haut et loin possible de mes parents, et de la royauté, pour m'éloigner de ma vie de luxe. J'avais aussi demandé au moins une fenêtre, pour pouvoir voir l'horizon. Quand nous fûmes arrivées,Mlle Aude sortit une robe de mon immense penderie. Elle était magnifique. Elle était longue et blanche. Ma couleur préférée. Ma mère me disait que c'était la couleur de la pureté et du mariage, et donc que j'aurai un mariage splendide et qu'il me plaira. Je me rappelle que j'étais encore petite quand elle me l'avait dit, je souriais d'émerveillement à ce moment-là. Je l'enfilai en essayant de ne pas la froisser. Une fois devant le miroir, je me suis regardée intensivement, sans émotions particulières. Mlle Aude m'attacha les deux mèches de devant derrière ma tête avec un ruban blanc. Mes boucles blondes retombèrent délicatement sur mes épaules.

- Vous êtes magnifique, Mademoiselle, dit-elle derrière moi avec un souffle d'admiration.

- Pas autant que vous Mlle Aude, lui répondis-je en lui rendant son sourire.

- Oh, ne m'appelez pas ainsi. Je ne suis que votre gouvernante !dit-elle en rougissant de plaisir.

- Je vous considérerai toujours comme mon égale.


Elle rougit un peu plus à mes mots. Je me sentit d'un coup légère. Je tourna sur moi-même et ma robe se souleva un petit peu. Elle était vraiment jolie.

- Il est l'heure d'y aller, vos parents vous attendent sûrement déjà !


Oui...En effet il m'attendait déjà. Je descendis suivis de ma gouvernante, qui me passa devant pour m'annoncer dans la grande salle. Quand j'entrai peu après, tout le monde se leva et me salua.Je leur fis un signe de s'asseoir et j'allai à ma place le plus vite possible pour faire passer cette gêne. J'étais assise en bout de table, à ma droite se trouvaient mes parents et à ma gauche...Aurélien d'Orléans. C'était un garçon gentil, mais il m'aimait intensément depuis des années et m'avait même demandé en mariage l'année précédente. Il a deux ans de plus que moi, donc il en avait dix-huit à ce moment là. Mes parents étaient contents quand ils ont su qu'il voulait se marier avec moi, mais je n'étais pas de cet avis et quand il me l'a demandé j'ai refusé.

- Bonjour très chère, me lança-t-il alors que nous attaquions le festin.

- Bonjour de même, avais-je répondu surprise qu'il m'adresse la parole.

- J'espère que vous avez passé une excellente journée d'anniversaire.

- Oh... Oui. Je vous en remercie.

- Que diriez-vous d'aller se promener après le souper ?

- Ma foi, oui, pourquoi pas.

- Parfait, j'ai une surprise pour vous. Un bon appétit à vous, très chère.

- À vous aussi...


Je m'inquiétais de plus en plus, quelle allait être cette surprise ?Une embrassade au clair de lune ? Beurk... Une promenade avec un orchestre ? Non, un bal avec un orchestre ? Aaah... Nous finîmes à peine le repas qu'il m'entraîna vers les jardins. Je lançai un regard vif et affolé en coin à mes parents alors qu'ils nous regardaient partir avec un grand sourire. Nous marchâmes pendant deux longues minutes jusqu'à qu'il se stoppa net devant moi.

- J'ai une grande nouvelle !

- Et bien, qu'est-ce ?

- Je suis fiancé et je vais bientôt me marier.

- Oh ! Et avec qui ?

- Avec Mlle Cléo de Port-Saïd, ou devrais-je dire Mme Cléo d'Orléans.

- Ma foi, félicitation, dis-je ne savant pas trop quoi répondre. Pourrait-on se rencontrer elle et moi ?

- Avec joie, elle arrivera demain en calèche.

- Dans ce cas, je l'attend avec une grande impatience. Puis-je savoir quel est son âge ?

- En effet. Elle a quinze ans.


J'ai cru que j'allais m'étouffer. Elle a le même âge que quand il m'a demandé en mariage. Elle a un an de moins que moi ! Je m'excusai rapidement auprès d'Aurélien, puis m'en allai en courant.Je ne pouvais le croire. La pauvre enfant... Elle est si jeune, elle ne peut se marier maintenant. Je la verrai demain, je saurai si elle a décidé le mariage ou s'il était forcé.

La bonne nouvelle était que j'étais soulagée qu'il ne me fera plus la cour. Et le lendemain je la verrai. "Cléo ?" me demandai-je à ce moment là pour être sûre de ne pas avoir oublié son prénom. Qu'allais-je lui dire ? Je ne pouvais pas être trop directe. J'avais plusieurs questions non résolues, mais j'étais trop fatiguée pour y penser. Bien que je minimise mon anniversaire à un repas et quelques cadeaux, je n'avais pas la foi de faire la deuxième partie du programme. Je suis directement allée me coucher sans repasser parla grande salle.

Vie de châteauWhere stories live. Discover now