3. Balançoire

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Élisa, je l'ai vue au parc.
C'était très tôt le matin, elle était seule, comme d'habitude.
J'allais chercher le pain, emmitouflé dans mon manteau par ce froid hivernal.
Elle, elle était en robe, elle est tout le temps en robe.
Je me suis arrêté pour l'observer, à travers les barreaux du portillon, pour éviter que les chiens rentrent.

Y avait son sac posé sur le banc, et le bout d'un bouquet de fleurs en dépassait.
Elle fredonnait.

Elle s'est approchée de la balançoire, et elle s'est assise sur la planchette de bois.
Elle a fait des allers-retours dans le sable avec ses pieds.
Une fois, deux fois, trois fois...
Élisa, elle a pris son élan et elle s'est envolée.

Elle avait l'air heureuse, et puis j'ai vu qu'elle pleurait.
Ses larmes s'envolaient de ses yeux et tombaient sur le sol.

Elle s'est arrêtée, elle s'est levée et elle a pris son sac.
Elle a quitté le parc, je l'ai suivie.
Ça ne se fait pas mais je l'ai fait quand même.
Pour savoir pourquoi elle chantait, pour savoir pourquoi elle jouait, pour savoir pourquoi elle pleurait.

Élisa.

Elle allait au cimetière.
Elle est entrée, et s'est faufilée parmi les rangées de tombes.
Elle a déposé le bouquet sur le marbre,
Et elle est partie.

Après son départ, je me suis approché de la pierre,
Et j'ai compris.
Je la connaissais pas si bien que ça, en fait.

Élisa, elle avait perdu sa petite sœur.

ÉlisaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant