8. Anthony

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La porte s'ouvre violemment, un claquement suit. Je relève la tête de mon ordi, je ne fus pas surpris de voir ma tendre femme dans une colère noire. Elle garde ses poings sur les hanches.

-Tu n'es qu'un enfoiré de première, si cela ne tenait qu'à moi, il y a longtemps de cela que je t'aurais déjà tué. On avait un accord mais toi, tu voulais jouer au plus malin en ramenant ta pétasse à la maison!

-Pourrais-je savoir de quoi tu parles?

-Quel audace! Tu prétends ne pas savoir de qui je parlais, ben voyons, de la petite bonne femme que tu avais ramenée pour coucher hier soir et ceci après ce qu'on a fait.

De plus en plus mal à l'aise, je me lève pour être à sa hauteur, enfin, je la domine un peu étant donné la différence de taille. Elle maintient sa posture initiale, prête pour un combat.

-Je veux divorcer, Anthony! Je n'en peux plus, c'est de trop, tu n'aurais pas du.

-Tania, veux-tu bien m'expliquer ce qu'il t'arrive? On était pourtant normal ce matin, à mon départ, pourquoi ce revirement?

-Ca, c'était avant de savoir que tu avais demandé à Jasmine de venir chez nous afin de me nuire!

-C'est du n'importe quoi! Je n'oserais jamais te faire une chose pareille, toi-même, tu étais là quand elle avait débarqué, je ne voulais même pas la laisser entrer.

Je me déplace pour me mettre près d'elle et commence à lui masser gentiment les épaules pour qu'elle se calme un peu, puis je reprends:
"Il est vrai que notre relation est compliquée mais je ne suis pas assez tordu au point de te faire subir un tel affront chérie, assieds-toi et raconte-moi ce que cette folle t'a dit pour te mettre dans un tel état."

Elle m'obéït puis se lance dans une histoire complètement cinglée, Jasmine lui a fait croire que je voulais me débarrasser d'elle en la poussant à bout, il semblerait qu'on a déjà couché ensemble... La pauvre Tania se met subitement à pleurer en me disant qu'elle lui a fait croire que je voulais lui enlever son enfant sous prétexte qu'elle l'avait abandonné...

Je lui ai avoué ce qu'il y avait exactement entre Jasmine et moi, entre autres, notre rencontre, son appel, sa visite au cabinet, sa provocation et notre baiser puis on a réglé nos différends, visiblement, Jasmine a touché un point sensible, je n'ai jamais vu Tania dans un tel état si ce n'est que lorsqu'on se disputait de nos arrangements vis-à-vis de Daniel lors des voyages d'affaires. Elle s'est calmée petit à petit puis elle a fini par s'en aller.

J'inspire un long coup et me décide finalement à frapper.

"Entrez!"

-On doit clarifier certaines choses, en verrouillant la porte derrière moi.

-Je comptais les heures pour te revoir, je savais que t'allais rappliquer alors ta petite femme t'a donc tout rapporté?

-Arrête avec ce jeu, Jasmine! Ce n'est pas fait pour toi, tu vas te casser les ailes à vouloir voler trop tôt.

-Hmm, c'est toi qui le dis! Jusqu'à présent, la partie n'a pas encore commencé et je gagne déjà des points pour l'instant, je mène un but à zéro, mon cher!

-Tu laisses ma Tania en dehors de tes folies sinon je peux te toucher là où ca fait mal.

Elle s'approche dangereusement de moi.

-Il est vrai que je voudrais que tu me touches.

-Tu es folle!

-Oui, je sais! Tu sens cette tension sexuelle entre nous? Je veux dire, cette électricité qui se produit là maintenant!

Comme si je ne pouvais plus me retenir, je réduis le peu de distance qui nous séparait et colle mes lèvres aux siennes, elle me caresse la nuque puis agrippe mes cheveux, je sens la passion monter entre nous, je la plaque au mur le plus proche et fais circuler ma main sur son corps, elle se tortille un peu, puis elle se met à déboutonner ma chemise, tire sur ma chemisette pour me caresser. Le désir m'embrase, et notre baiser devient de plus en plus torride, on colle nos bassins et comme si une évidence me sonna le cerveau, je la lâche rapidement, conscient de notre petit dérapage. Elle se mord la lèvre inférieure et arrange sa robe.

Quant à moi, je remets mes vêtements en place puis je la vois passer près de moi pour aller déchirer un bout de papier sur lequel elle écrit quelquechose puis elle me le tend:

"Si toutefois, t'as envie qu'on continue..."

Je lis le petit mot, elle m'a filé son adresse.

Dans la voiture, je n'arrête pas de penser à ce qui vient de se passer dans ce bureau, je touche mes lèvres comme pour me confirmer que je n'avais pas rêvé, le goût un peu sucré de son lipgloss, saveur pomme vient de me rassurer, je passe le bout de ma langue sur mes lèvres. Fermant les yeux pour revivre ce moment, je souris comme un idiot. On dirait que ses paroles ont été un signal, je me suis jetté sur elle et l'ai embrassée alors que je devais y aller pour mettre les points sur les i, ben, enfin, ca pourra attendre plus tard. Elle a manqué de respect à ma femme, ce que je ne peux lui pardonner alors pourquoi l'ai-je embrassée? Regardant une nouvelle fois le morceau de papier, je le range dans la poche de ma chemise, je mets les clés de contact et démarre.

-Mon cher Thony, pourquoi fais-tu cette tête? Il s'est passé quoi avec Tania? Que lui as-tu fait? Je l'ai vue ce matin, elle était tellement en colère qu'elle ne nous a même pas salués, Jessica et moi.

Je continue toujours à l'ignorer.

-Tu sais, tu devrais sortir cette nuit et décompresser un peu, j'ai l'impression que Tania ne te facilite plus autant la vie, penses-tu que cette fois, le divorce sera prononcé pour de bon?

...

-Réponds moi quand même! On est amis, Thony et tu as eu de la chance que je n'ai pas enveminé l'histoire en parlant de Jasmine.

Là, c'est trop!

-Sors d'ici, Richard!

-Pourquoi? Qu'ai-je fait? Ai-je dit un truc qu'il ne fallait pas?

-Simplement sors! Je ne veux plus voir ta tête d'abruti de la journée. Sors!

J'ai peut-être haussé la voix bien plus qu'il ne le fallait.

-Accouche puis je m'en irai.

Alors je lui raconte comment il a été con pour donner mon adresse à la folle qui s'est pointée chez moi pour faire son numéro de victime, je lui explique comment elle a squatté ma maison et comment ses agissements ont influencé la bonne humeur de ma petite femme. Il en reste bouche bée et ne cesse de me dire qu'il est désolé, il m'a fait savoir qu'il lui semblait que Jasmine désespérait. Je me demande parfois comment a-t-il fait pour obtenir son diplôme en droit, il lui manque tellement de jugeotte, qu'il se laisse facilement manipuler.

Ayant compris son erreur, il m'a promis de plus s'immiscer dans mes affaires avec la petite folle que j'ai embrassée quelques heures plus tot sur son lieu de travail.

Après le départ de Richard, je me mets à penser à hier soir lorsqu'elle était nue devant moi alors que ma femme était à quelques pas de la chambre, c'était drolement excitant, je ris malgré moi. Ah Jasmine Lorsainvil, il faut être vraiment tarée pour agir comme tu le fais.

Je sors le petit papier de ma poche puis après l'avoir lu et relu pendant une bonne vingtaine de fois, je jette un rapide coup d'oeil au cadre familial sur la table et téléphone à ma femme pour l'avertir que je rentrais tard.

Je prends ma veste et mes clés puis je quitte ce bureau pour me diriger vers la route de frères.

Je la vois accompagner une fille bien plus jeune, elles se ressemblent un peu, j'attends que l'autre s'en aille...j'attends plutot qu'elle rentre chez elle en espérant qu'elle soit seule maintenant. Je prie intérieurenent que ce ne soit pas une petite réunion entre filles.

Ok, c'est bon! Je descends de la voiture, prends ma veste et verrouille les portières...  Je prends une profonde inspiration avant de toquer.

La porte s'ouvre sur une Jasmine toute souriante dans sa petite robe bleue de la journée. Je lui rends son sourire.

Et S'il Ne M'était Jamais Destiné?    [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant