Chapitre 5

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Luc.

Assis sur l'herbe, dans mon jardin, de la musique en fond pour éviter de déprimer, je fixai les feuilles de cet arbre face à moi. Elles étaient si verdoyantes que ça paraissait irréel.

La brise chaude me fouettait le visage. J'étais perturbé et je n'arrivai même plus à réfléchir convenablement. J'allais bientôt avoir 17 ans et j'avais autant de problèmes à régler qu'un homme d'affaire.

Une main se posa et je sursautai légèrement. Je reconnus son odeur et tout mon corps se contracta. Je tournai lentement la tête et la vis : toujours aussi jolie, même plus. Elle me sourit tristement, elle paraissait aussi perdue que moi, je savais qu'elle était triste. À vrai dire, elle avait peut-être vécu pire que moi.

— Ton frère m'a laissé entrer, si je te dérange je peux repasser, me dit-elle en attendant une réponse.

Je ne savais même pas si j'avais envie de la voir. Enfin, si, bien sûr que oui. Mais avais-je envie d'entendre ce qu'on devait se dire ? Ça, non.

— Non, tu ne me déranges pas.

Elle esquissa un petit sourire gênée et s'assit à mes côtés sur l'herbe. Je sortis un paquet de cigarette de la poche de mon jean et attrapai l'engin destructeur.

— T'en veux une ? Lui demandai-je sans prendre la peine de la regarder.

Voyant qu'elle ne répondait pas, je relevai la tête et tombai sur son regard noir. Il n'avait pas changé celui-là, par contre. Toujours aussi effrayant.

— Je ne fume pas Luc, et toi non plus je te rappelle que tu détestes ça.

Elle m'arracha la cigarette que j'avais dans mes mains, ainsi que mon paquet et cassa en deux toutes les clopes. Cela ne m'énerva même pas, au contraire ça me soulagea, à croire que j'avais besoin qu'on me remette les pendules à l'heure. Je la regardai faire, sans rien dire. Après tout, elle avait raison, je détestai ça.

Elle me montra le tas de clopes brisé, et me regarda durement.

— C'est fini tout ça, peut-être qu'à tes yeux je ne suis plus rien, peut-être que tu trouves que je n'ai rien à te dire, mais pour moi tu es l'une des personnes les plus chères qu'il me reste sur terre, alors je t'en prie, arrête de bousiller ta vie comme ça.

Une larme coula sur sa joue et instinctivement je l'essuyai avec mon pouce. Je n'aimai pas la voir triste, je détestai la voir pleurer et la voir dans cet état me brisait le cœur.

Je la pris dans mes bras et elle colla sa tête sur mon torse. Son odeur me chatouillait les narines, et les battements de son cœur me rendait fou d'elle. J'aurais aimé lui dire que je l'aimais toujours, mais j'avais trop de fierté. Elle m'avait abandonné, du jour au lendemain et je pense que je ne m'en remettrai jamais.

—  Je ne toucherai plus jamais à une cigarette de ma vie, je te le promets. Maintenant arrête de pleurer, je déteste te voir comme ça April.

Elle releva sa petite tête d'ange vers moi et son regard glacé rencontra le mien.

—  Luc, je suis tellement désolée, je ne voulais pas partir et encore moins te faire du mal.

Je savais qu'elle était désolée, je savais qu'elle n'avait pas voulu quitter les USA et encore moins me faire du mal, je devinai même qu'elle n'avait pas dû passer une super année. Mais je savais aussi qu'elle ne me disait pas tout, qu'elle gardait une grosse partie pour elle qui lui faisait du mal.

Feels with meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant