Feels with me

Flashback 1

Je retrouvai ma mère qui était dans la cuisine. Elle feuilletait un magazine culinaire, qu'elle avait dû acheter chez Mauris notre libraire qui en pinçait pour ma mère, ou plutôt qu'il avait dû lui offrir.

— T'aimerais que je fasse des Fajitas ce soir ? Me demanda-t-elle lorsqu'elle me vit.

— Oui, ça fait longtemps que tu n'en as pas fait en plus !

— C'est vrai. J'ai une nouvelle recette en plus.

Je lui offris un petit sourire, et me concentrai sur les messages que Pao et Brad m'envoyaient.

— Ça te dirait d'aller faire un petit tour en ville, juste entre filles, vu que ton frère a préféré voir ses amis plutôt que de rester avec les femmes qui le supportent et qui l'aiment plus que n'importe qui ?

Je relevai la tête de mon téléphone et lâchai un petit rire. J'approuvai sa proposition d'un hochement de tête et éteignis mon cellulaire. Cela faisait longtemps que je n'avais pas passé une journée seule avec ma mère. J'ai toujours eu une relation très complice avec elle. Même si, on se dispute souvent, qu'elle me rappelle beaucoup trop de fois que je ne suis pas sa copine et que je n'ai pas le droit de lui parler comme bon me semble, j'adore ma mère.

—  On y va alors ? Me demanda-t-elle, en se levant de son tabouret, presque impatiente.

—  Oui, on y va.

—  Parce que tu comptes y aller dans cette tenue là ? Ajouta-t-elle en me reluquant de la tête aux pieds.

Je lui lançai un regard noir, devant son air amusé, avant de regarder les vêtements que je portais. Elle n'avait pas tout à fait tord, je portais un vieux legging, avec un pull léger, beaucoup trop grand pour moi. Je roulai des yeux et montai assez vite dans ma chambre pour pouvoir me changer. J'optai pour un simple short en jean, avec un débardeur et une paire de sandalettes, qui m'avaient coûté trois fois rien pendant la période des soldes.

Je retrouvai ma mère, qui patientait en faisant claquer ses ongles contre la porte. Petite, je détestais ce bruit mais finalement, au fil des années, je me suis surprise à vouer un véritable culte à ce petit geste, pourtant anodin.

— Tu es prête ? M'appela-t-elle, impatiente.

J'hochai la tête et la rejoignis sur le perron de notre maison. Elle ferma la porte et m'entraîna jusque dans sa petite voiture. Elle déposa son sac à main sur la banquette arrière de la voiture et se recoiffa à l'aide de son petit miroir de poche.

— On va faire quoi ? M'enquis-je en rabattant mes lunettes de soleil sur mon nez.

Elle se pinça l'arrête du nez et prit quelques secondes pour réfléchir.

— Ça te dirait que nous nous fassions un photomaton ? Ça fait longtemps que nous n'avons pas pris de photo ensemble. Puis, on pourrait faire un tour au centre commercial ? Me proposa-t-elle avec un regard malicieux.

— Je valide le programme !

Elle laissa échapper un petit rire, et démarra après avoir réglé ses rétroviseurs. J'adorais quand ma mère conduisait, elle avait cette habitude de conduire très rapidement et j'adorais cette sensation de vitesse.

Nous sommes nés pour mourir, pourtant je n'aurais jamais cru qu'elle partirait aussi vite. Que je ressentirais cette sensation d'avoir perdu la moitié de moi-même, que je ressentirais la sensation de ne plus jamais être là même. Que j'aurais l'impression d'avoir été lâcher dans la nature sans avoir été suffisamment préparé à survivre dans le monde qu'elle m'a laissé en me quittant un an plus tôt.