Sharp compass.

Ses mains tremblent sur le rythme de ses nerfs prêts à craquer. La simple ébauche d'un sourire fait crisser sa mâchoire entière, tout autant que cet habituel "oui, tout va bien", qui sonne encore plus faux que ses rires effrontés. Au milieu de cette tornade de paroles, les mêmes ne cessent de résonner dans sa maudite boîte crânienne. Une mauvaise chanson, aux notes déformées par sa poitrine oppressée, se joue en boucle autour d'elle. Assise au fond de la salle, les yeux rougis par ses veines fines mais si affluentes, elle voit la crête de ses souvenirs se distordre au-dessus de la masse bruyante. Même en occultant ce tableau mouvant, rien ne peut effacer cet acharnement. Le regard flou, elle se perd dans cette salle close par des murs irréguliers, renfermant ses démons sous un toit au goût amer. Ce vacarme croissant enrôle les battements impulsifs de ses rêveries aux allures évaporées dans une espèce de course contre elle-même. Tous ceux qui croisent le clignement de sa présence la présument tout simplement endormie, plongée dans une absence la plus complète. Pourtant, son cœur n'a jamais couru si vite. A peine redressée, face à ce jour bien trop imposant, elle se sent étrangère à sa propre respiration. Sa mémoire frissonne sous le poids des promesses envolées, des paroles tracées par le plus tranchant des compas, celui de l'espoir. Un nouveau bruit sourd commence alors à dissimuler l'incompréhensible chant qui danse autour d'elle, un son interne, enfouit derrière le grésillement de ses tympans. Sa gorge nouée voudrait laisser jaillir ce cri qui brûle les parois de son ventre, qui provoque l'érosion de tout sentiment naissant, qui casse la mélodie de sa propre voix et de sa pensée. Et quand bien même elle parvient à relever sa main glacée et incontrôlable, tout son être s'écroule, ne résistant plus à son cœur infernal. Ses pupilles, toujours fixant l'abîme d'un miroir parodiant toute perception objective, s'éteignent pour quelques instants d'inconscience.

Une pression sur son épaule affaiblie tente de faire émerger cette âme en perdition. Alors elle comprend que le cauchemar recommence.