La tragique mort de Richard, membre adoré de la famille

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Lorsque je rentrai, la maison était déserte. Je laissai alors tomber mon sac de cours au milieu de l'entrée et, sans prendre la peine de retirer mon blouson, je me dirigeai vers la cuisine. J'ouvris notre frigo et pris deux grandes gorgées de coca à même la bouteille. Puis je sortis le paquet de pain de mie complet, le beurre de cacahuètes, le chorizo et le reste de concombres marinés, et je m'apprêtais à me préparer un formidable sandwich lorsque je m'aperçus que quelque chose clochait. Je déposai précautionneusement mes provisions sur le plan de travail puis me rendis au salon. Je fis un tour sur moi -même, et je pris la télécommande pour allumer la télévision. Tout en écoutant une chanteuse ridicule crier comme un goret dans son micro, sous les applaudissements de la foule en délire, je m'approchai de la baie vitrée. Je m'écrasai contre le verre et laissai mon regard dériver vers la pelouse. Je levai les yeux au ciel pour constater qu'une masse de nuages sombres annonçait une pluie prochaine. J'aimais bien la pluie. La dernière fois qu'il avait plu, on était sortis dans le jardin en maillot de bain et on avait dansé sous les arbres en poussant des cris de bêtes. Même Richard avait été dans la piscine. C'est alors que je compris avec effroi ce qui m'avait intrigué. Le grésillement familier de l'aquarium était absent, et un silence pesant seulement rompu par le son lointain de la télévision régnait dans la maison. Je me précipitai vers l'aquarium et tandis que je me penchai sur l'eau, je fus pris d'un haut-le-coeur. Richard, le ventre flottant à la surface de l'eau, gisait sans vie. Je me jetai sur le câble et m'aperçus avec horreur qu'il était débranché. Je rallumai hâtivement l'aquarium et transvasai Richard dans son bocal de voyage. Je lui donnai de légers coups d'index et tentai de lui introduire un peu de nourriture dans la bouche. Mais il ne réagit pas. Il resta inerte. Un spasme secoua ma poitrine et j'eu tout juste le temps de poser le bocal sur la table avant de vomir sur mes chaussures.

Les diplodocus ont des orteilsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant