Chapitre 19

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L

e matin se lève sur la mer de sable et les survivants blessés avancent très lentement. Cela fait une journée entière qu'ils marchent sans dormir. Après une lutte acharnée contre les éléments, beaucoup n'ont plus la force d'avancer. Ils sont portés par les Thybes vers le sud.

Taï ! hurle Lisbeth désespérée.

Ils voient les vagues apparaître à l'horizon, dessinées par les rayons du soleil. À présent, ils peuvent élargir leur terrain de recherche.

—Nous le trouverons, dit Wilmer.

Soudain, une voix résonne plus loin, sur la droite. C'est celle de Zack.

—Là-bas ! Je crois que c'est lui !

Il pointe du doigt une masse lointaine, portée par les flots. Sa silhouette apparaît entre deux vagues par intermittences. Immédiatement, tout le monde se met à accélérer le pas vers cette découverte importante. Tous espèrent que ce soit de Taï qu'il s'agisse. Un groupe de trois Thybes sont partis à sa rencontre. Leurs montures, sorte de cétacé de sable, les aides à y parvenir très vite. Il est difficile de dire ce qu'ils viennent de trouver à une telle distance, encore moins s'il s'agit de Taï en vie. Un bref instant, les humains s'arrêtent dans leur course, submergés par les émotions. Lisbeth s'écroule au sol, et fond en larme. Elle imagine déjà le pire, les Thybes lui ramenant la dépouille de son fils. Plus rien n'a d'importance en ce moment, les sauraux peuvent bien arriver, elle s'en moque. Wilmer s'avance les genoux tremblants vers les Thybes de retour. Ils ont effectivement trouvé quelque chose ou quelqu'un qu'ils transportent avec eux. Plus un son ne sort, les visages sont blafards. Les êtres de sables descendent lentement et portent un corps inanimé qu'ils déposent au pied de Wilmer. Il s'agit bien de Taï. Il est entièrement dépossédé de son armure et de ses armes. La moitié de ses vêtements sont arrachés et ses plaies sont multiples.

—Non ! dit Wilmer en s'effondrant au sol.

Il pleure sur la dépouille de son fils et le serre dans ses bras. Nolhan le rejoint et lui tâtonne l'épaule.

— Laisse-moi le regarder.

Wilmer s'écarte, le visage en larme. Il pose ses mains sur la tête de Taï ainsi que sur son abdomen. Effleurant sa peau délicatement, il parcourt son corps durant de longues secondes interminables.

—Il va bien ! Il a juste perdu connaissance, mais il a besoin de soins pour reprendre la route au plus vite.

Aussitôt ses parents l'enlacent tendrement, le reste du groupe peu à nouveau souffler.

—Si les vagues n'étaient pas faites de sable, il aurait été noyé, c'est sûr ! dit Nolhan. Je pense que nous n'irons pas plus loin, aujourd'hui. Il faut le soigner et reprendre des forces.

Tout le monde profite de l'accalmie pour s'allonger et manger quelques rations restantes. Les racines et morceaux de strips séchés se sont imprégnés d'eau et de boue, mais il ne leur reste plus que cela à manger. Les plus faibles font une courte sieste avant que le soleil ne les assomme sous une chaleur intense. L'ensemble des humains s'est rassemblé autour de Taï, observant une dizaine d'Alfats pratiquer le dimak. Ces êtres pacifiques à bout de force, donnent tout ce qu'ils leur reste d'énergie pour le soigner au plus vite. Un à un, ils s'effondrent sous l'incompréhension totale.

—Qu'y a-t-il ? s'écrie Nils.

—Ils nous ont quittés, répond Nolhan d'un air triste.

—Mais on ne peut pas laisser faire une chose pareille !

Les enfants de Toulghar, tome 3, la dominationWhere stories live. Discover now