8. Deuil

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Point de vue de Léo :

J'étais là, sur la petite terrasse une cigarette à la main que j'avais volé à Angélie. La vue brouillée, mon passé qui resurgissait. Je ne pouvais trouver le sommeil alors je restais là à contempler les grandes rues de Paris et le ciel si foncé et sans lumière, aucune étoile n'était présente, c'était si sinistre. Comme moi, j'étais mélancolique en repensant à tous mes problèmes. La dernière phrase que m'avait dit Angélie lors du dîner m'avait beaucoup marqué. Elle dit qu'elle sait ce que cela fait de perdre quelqu'un à qui l'on est très attaché et c'est comme si cela me faisait plaisir que quelqu'un sache enfin ce que je peux resentir au fond de moi, la douleur, la peine, le désespoir et le désarroi que nous a jeté cette nouvelle. Mais non, personne ne peut comprendre ce que c'est, personne ne peut vraiment savoir ce que je ressens vraiment, ils savent juste ce que j'essaie de leur montrer. Tous mes choix ont changé depuis que ma petite sœur est décédée... Je voulais faire de grandes études, avoir une belle vie, passer du temps avec ma famille qui aujourd'hui est détruite. Puis j'ai tout laissé tomber, du jour au lendemain. Dès que j'ai appris son décès je me suis effondré en pleur comme si le monde autour de moi avait perdu tout son sens. Comme si le temps s'était stoppé, comme si j'étais seul face à cette réalité.
Pourquoi ? C'est la question que je me suis tellement posé, tant de fois, et je n'ai su trouver la réponse.
Pourquoi elle ? Méritait-elle vraiment cela ? Elle n'avait rien demandé, elle n'avait jamais rien fait de mal et il avait fallu que ce malheur lui tombe dessus, nous tombe dessus et qu'elle disparaisse et que nous, nous restions là à supporté ce malheur qui nous ronge un peu plus chaque jour.
Ce manque qui ne peut être comblé. Et tout ça, tout ça à cause de quoi ? Un putain d'accident de voiture.
Mes larmes déferlaient, je ne pouvais les retenirs une seconde de plus. Appuyé contre la rambarde, avec presque rien sur moi, je pouvais sentir le vent frais me fouetter le visage tel une gifle. J'inspirais les substances toxiques de cette cigarette à pleins poumons puis expirait le reste. Je regardais la fumé grisatre dans l'air. Si triste, je le suis. Si perdu, je le suis. Tout à coup, je sentais une main chaude se poser sur mon épaule. Je me tournais vers cette chaleur humaine qui me paraissait si réconfortante.
Angélie. Elle me regardait, un regard assez neutre mais elle se demandais sûrement pourquoi je pleurais. Je n'étais même pas gêné de pleurer devant elle, je n'avais même plus vraiment honte. J'étais accablé par toute cette peine, je ne pouvais plus contenir toute cette tristesse, je n'en pouvais plus, la douleur était trop forte, j'avais mal au cœur. Enfin, ce qu'il en restait, depuis ce jour où le malheur me pèse je ne ressens presque plus rien. J'ai l'impression d'être dans le néant. Les yeux rouges, je fixais un lampadaire au loin le regard perdu.

 Les yeux rouges, je fixais un lampadaire au loin le regard perdu

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Point de vue de Angélie :

Je n'arrivais pas à dormir, il était 3 heures du matin. Je décidais de me lever pour boire un verre d'eau à la cuisine. En arrivant, je vis la porte fenêtre de la terasse ouverte et dans le salon Léo ne se trouvait plus dans le canapé. Je sortis sur la terrasse et le vis, si détruit. Debout, contre la rambarde de la terrasse, de dos, une cigarette à la main. Je m'avançais vers lui et posais doucement ma main sur son épaule. Il tourna sa tête doucement vers moi, le regard si triste. Il pleurait. Il pleurait toute les larmes de son corps. Il pleurait toute sa tristesse, toute sa peine. Je le regardais en restant assez neutre mais en réalité le voir triste me rendait aussi triste. Même si je le suis déjà, ce n'est pas pareil. J'ai l'impression de voir toute sa douleur et ça me fait mal de le voir comme ça. Sa tristesse me rend triste mais d'une autre manière. Comme une sorte de compassion. Un point commun, nous sômmes tous les deux tristes. Je ne savais pas pourquoi il pleurait mais rien qu'à le voir, la raison avait l'air affreuse. Il fixait le lampadaire, tout en continuant à pleurer et fumer. Je m'appuyais contre la rambarde et regardais aussi ce même lampadaire. Puis je pris la parole :
- Tu n'es pas seul.
Il me regarda, le regard si vide, les yeux si rouges. Puis il me prit dans ses bras et me serra fort en éclatant en sanglot, un sanglot si fort. Ses larmes se déversaient sur mon petit gilet. Je lui caressait le dos, pour lui montrer que j'étais là, qu'il pouvait pleurer sur moi toute la nuit s'il le voulait, je resterais là parce que moi aussi je suis triste. Le voir si mal me donnait presque les larmes aux yeux.

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