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Après cette journée épuisante, je ne sais pas comment Kate a trouvé la force d'aller à son club de littérature. L'avantage est que je vais pouvoir me retrouver seule pour me reposer, sans du Katy Perry en fond sonore. Alors que je m'apprête à me laver, je reçois un message d'un numéro inconnu :

Inconnu : Viens dans cinq minutes dans le hall d'entrée de NYU.

Qui est-ce ? Sûrement Kate qui a oublié son téléphone et qui a emprunté celui de quelqu'un d'autre. Bref, je descends dans le hall et attends. Quelqu'un arrive et me met les mains sur les yeux.

—Kate ! Qu'est-ce qu'il y a...

—Surprise.

Greg, quelle surprise... Je tourne les talons mais il me retient. Je ne me débats pas.

—Nina, à propos de toute à l'heure...

—Non Greg c'est moi qui t'ai accusé à tort. Désolée.

—Pas de problème. Mais pour te faire pardonner viens te promener dans New-York avec moi.

—Mais je finis tard, demain...

Il s'esclaffe et rajoute en me chuchotant à l'oreille :

—Ce soir.

Mon sang ne fait qu'un tour. Je lui chuchote, comme si c'était interdit :

—Mais on ne doit pas quitter l'enceinte de...

—Tu n'as pas envie de t'éclater pour une fois ?

Il a raison, si je ne m'éclate pas à l'université, cela ne va jamais arriver.

—Ok, finis-je par lâcher.

—Sérieux ?

—N'aies pas l'air trop surpris s'il te plaît.

Soudain je sens l'adrénaline me traverser le corps. En sortant de l'enceinte de NYU, je laisse ma raison à l'intérieur pour aller m'amuser dans New-York, avec un garçon que je connais à peine, et qui me fait craquer. Je vois la ville autrement. Malgré toute la curiosité que j'ai en moi, je suis un peu angoissée. Je me reprends rapidement :

C'est bon Nina. Il faut que tu apprennes à prendre des risques et sortir de ta zone de confort.

J'ai vraiment l'impression d'être ridicule à me parler toute seule. Le problème est que j'aime tout prévoir à l'avance et là, j'avance dans le noir, avec pour seul repère Greg. Malgré moi, je le questionne pour me rassurer :

—Alors, que comptes-tu me faire faire ?

—Je ne sais, avoue-t-il. On pourrait faire une tournée des bars.

Rien que d'y penser j'en ai des hauts-de-cœur. Je sais que ne tiens pas l'alcool.

—Tiens, allons dans celui-là.

Le bar qu'il m'indique ne m'inspire pas grande confiance. La devanture est sombre et éclairée par des néons rouges formant le mot « Skull », crâne en français.

—T'es sûr, déglutis-je.

—Ne t'inquiète pas les motards ne sont pas là avant une heure du matin !

Et il entre dans l'établissement sans même me laisser le temps de réagir. Je lui attrape le bras, effrayée par l'intérieur du bar. Des dizaines d'hommes tatoués du crâne aux pieds nous fixent, tels des corbeaux dans une maison hantée. L'odeur de la weed est beaucoup plus intense qu'à la fête d'hier soir. Greg m'indique une banquette dans le fond du bar. Je pars m'y installer en attendant que Greg revienne avec les boissons. Je commence à regretter cette sortie. Je suis la seule fille ici et ai peur de la tournure que les choses peuvent prendre si cela se passe mal. Mais une autre partie de moi me signale que je suis parano. Heureusement, Greg arrive et lâche :

—Le type au bar est vraiment trop bizarre. Il m'a demandé si tu étais célibataire et tout !

—Qu'est-ce que tu as répondu ?

—Qu'il ne faisait pas le poids devant moi !

Quelle arrogance. J'espère que cela ne va créer de problèmes... Greg me tend de la bière et s'explique :

—Je ne savais pas ce que tu voulais. Comme hier tu as pris de la bière, je me suis dit que ça devrait aller.

—Merci.

A vrai dire, je ne pense pas que je vais pouvoir avaler encore une goutte d'alcool. Nous restons silencieux. Le temps me semble long. Intérieurement, je réfléchis à une excuse pour pouvoir rentrer à NYU, sans paraître trop coincée. Mais Greg casse le silence :

—Alors comme ça tu as vécu à Paris, d'où ton accent ?

—En fait, je suis française et j'ai déménagé à New-York, lorsque j'avais dix ans.

—Ah ouais ? Et après tu n'as plus quitté la ville ?

—Si. Mes parents sont retournés à Paris et moi je suis restée ici pour mes études.

—Tu en a de la chance.

—De quoi ?

—D'être restée ! Sinon on ne se serait jamais connus !

—T'es bête !

Je ne sais pas s'il fait cela parce que je suis angoissée, mais il réussit à attendrir l'atmosphère. A mon tour de lui poser des questions :

—Et toi, as-tu toujours vécu ici ?

—Ouais ! Né et grandi à New-York ! Cent pour cent new-yorkais !

—Et dans quel quartier ?

Je l'imagine bien venant de Brooklyn...

—Upper East Side.

Je ne m'y attendais pas ! Alors ce mystérieux Greg, vient des riches quartiers de New-York... Son côté arrogant et son air supérieur doivent venir de là.

Le reste de la soirée se déroule beaucoup mieux que je ne le craignais. Greg et moi apprenons à faire connaissance, et j'apprends à connaître un garçon qui est beaucoup plus sensible qu'il ne le paraît. En revanche, je me demande pourquoi il se donne un genre de bad-boy quand on est à NYU. Mais faisons les choses petit à petit. Je commence à vraiment le connaître et cela me plaît. Il me plaît. Maintenant je n'ai plus peur de me l'avouer.


IllégalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant