Partie 1 sans titre

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J'suis un vieil homme de 58 ans qui pourris lentement dans sa résidence pour personnes âgées. Vous m'direz que 58 ans c'est un peu jeune pour se mettre à pourrir, mais c'est malheureusement le cas depuis que j'ai eu un accident vasculaire-cérébral. La moitié de mon corps doit faire un effort surhumain rien que pour aider l'autre moitiée à se rendre aux chiottes.

Oui, parce qu'aux chiottes, vaut mieux s'y rendre au complet pour éviter les surprises.

Pi mon bras gauche, eh! ben y'é en grève illimitée, le maudit sacrament! L'autre jour, mon voisin de table m'a lancé devant tout le monde que c'était pas dramatique, que ça aurait été pire si c'était le bras droit. J'lui ai pas dit que j'ai toujours été gaucher, j'aurais eu l'air de me plaindre. Je lui ai plutôt répondu qu'il avait raison, et j'ai ajouté que tout compte fait, même deux bras c'est vraiment superflus.

Une chance qu'il me reste le sarcasme. Pi l'écriture. Sans l'écriture, maudit que le temps serait long! J'aime pas trop me tenir avec les petits vieux qui se chicanent tout le temps. J'aime pas non plus le sport à la T.V. ni les émissions plates de l'après-midi. Je te dis que ça remplis le temps en masse quand t'écris d'la mauvaise main. Y'a aussi ma grande fille qui vient me voir de temps en temps. Y'm reste juste elle, ma femme est morte ça fait longtemps. Ca change les idées quand elle vient. Elle ressemble tellement à sa mère! Elle me pousse dans le parc le temps d'en griller une pis on jase de tout et de rien. Elle vient me voir tantôt, à deux heures. J'en profite à chaque fois parce que mon médecin dit que je peux crever d'un jour à l'autre (il dit pas ça exactement mais j'suis pas cave). Apparemment que dans ma vie j'ai trop mangé de cochonneries, trop fumé de cigarettes et bu trop de bières pour avoir les artères assez propres pour une opération. Finalement j'ai trop vécu, on dirait.

Aucun titre - privéWhere stories live. Discover now