J'avais presque fini de tout ranger quand je suis tombée dessus. on m'a toujours dit que j'étais bordélique, et moi-même je peux le confirmer : je suis bordélique. Imagine donc l'état de frustration dans lequel je me trouve à ce moment. Deux heures de rangements, une heure de ménage, deux éviers de vaisselle. Je fais tout ça le moral dans les talons pour deux raisons : La première, c'est que je déteste ça. La seconde, c'est que tu n'es pas là.
Alors je suis là, en train de faire tout ce que je déteste et alors que je déplace de nombreux sacs de courses, quelque chose tombe. En même temps vu le bazar, avec la musique qui vocifère et tout le bruit ambiant dans ma tête, je n'y fais pas attention. Je pose mon paquetage et me retourne, plus par automatisme qu'avec volonté.
Et puis mes yeux ce sont posés dessus. Bug intersidéral. Je n'entendais plus la musique, les rouages dans ma tête ont ralentis, jusqu'à s'arrêter. Je ne voyais que cette image.
Je me rappelle de cet instant. Chacun sourit à demi parce qu'on bataillait pour savoir qui prendrait mieux la photo. Je me souviens de cet instant précis, quand mon nez est venu taquiner le tien et qu'un rapide instant, nos lèvres se sont accrochées. Je me rappelle de mon cur qui battait aussi fort que quand je regarde un feu d'artificeJ Je vois mes cheveux coupés à hauteur de nuque. Tu détestais ça, ils ont poussés aujourd'hui. Je vois ce pull que je portait. Pull acheté à l'école pour le bien d'un projet caritatif étudiant. Pull bien nécessaire pour un couché de soleil de début juin. Je me souviens du froid qui passait sous mon pantalon. je me souviens de l'odeur de sel, du bruit des vagues, de la douceur des lumières lointaine et de la chaleur de ton étreinte. Je me souviens de ce silence...si pur...si intense.
Je me souviens de ta casquette alors que tu t'étais rasé la tête. Peu habitué au vent sur ton crâne, je me rappelle que tu regrettais même d'avoir oublié ton écharpe.
Je me rappelle de toutes ces photos qu'on a prisent, ce soir là et tant d'autres jours. Toutes ces balades qu'on s'improvisait. moi je détestais ces couchers de soleil qui ne duraient pas. A peine le temps de prendre trois clichés que l'image avait déjà changée.
Et face à cette photo, ce sont tous nos souvenirs qui remontent. Petit à petit je me refais le film d'une vie dont je connais déjà la fin.
Je ne sais pas ce qui domine alors. La rage de m'être fait surprendre, la tristesse de ne pas avoir droit à une fin plus juste ou la douleur d'avoir oublié de jeter quelque chose qui te représente encore chez moi ? Quoiqu'il en soit la fulgurance est là, d'un seul coup je vois rouge, je ne veux pas faire face à ce que tu m'a prit, je ne peux pas le faire. Alors je saisi l'objet malhonnête dans ma main, puis sans prendre conscience de ce que je fais réellement, j'ouvre le couvercle de la poubelle la plus proche, je ferme le sac presque vide et machinalement je me dirige vers la porte d'entrée.
Je cours presque jusqu'à la poubelle, dans ma tête une phrase raisonne : "Sors d'ici, sors de ma tête, sors de chez moi, sors de ma vie !!!"
Une fois le pochon emprisonné dans l'énorme bac à déchets, la pression retombe, mon cur ralentis, je reviens à moi et rentre chez moi.
J'aurai préféré ne pas croiser ton regard dans cette photo, j'aurai préféré ne pas me souvenir de l'occasion pour laquelle je l'avait fait faire sur une coque de téléphone, de ces échanges de cadeaux que nous avions eu à ce moment précis. Pardonne moi d'être aussi en colère après toi, je suis incapable de pardonner ce que je ne comprend pas.
Je suis rentrée chez moi, j'ai enlevé mes chaussons trempés par la pluie du dehors, et je me suis assise sur mon canapé, au milieu du capharnaüm de mon emménagement qui dure maintenant depuis 2 semaines. Je n'étais pas prête à vivre seule, je vais faire ce que je peux mais comme je l'ai dit précédemment, je suis bordélique, et j'ai beaucoup de rangement à faire. Dans cet appartement comme dans ma tête.