1. Une sale affaire

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Blacksad
Autour de moi, le brouhaha se faisait toujours plus fort. Depuis que j'avais fait mon entrée dans ce bar, j'avais déjà vu des dizaines d'animaux défiler à l'extérieur pour accourir à la gare de Zootopie où devait arriver la célèbre Gazelle. Malgré la chute récente du réseau terroriste Preybloom, la haine envers les prédateurs n'avait pas diminué pour autant. C'est donc pour cela que Gazelle ferait bientôt son arrivée à Zootopie où devra avoir lieu, dans deux jours, une marche de la paix dirigée par elle-même. C'était évident que Weekly, mon ami journaliste, n'allait pas rater une si belle occasion pour en faire la une de son journal, le célèbre What's News. Ce n'était pas pour rien que Weekly était une fouine. Évidemment, ce n'était pas ce parterre de fanatiques de musique qui m'avait poussé à revenir à Zootopie - bien que j'y ai rencontré Nick et Judy qui étaient devenus de grands amis. J'étais ici pour le travail. Le commissaire Smirnov, un berger allemand avec qui j'entretiens une rivalité amicale, m'avait informé qu'un trafic d'armes de petite envergure avait été repéré à Zootopie. Vu que je connaissais la ville bien mieux que lui ou ses propres hommes, il m'a donc chaleureusement refilé ce boulot. Une sale affaire. C'était cependant assez banal par rapport à ce que j'avais dû affronter il y a maintenant trois mois avec l'aide de Nick et de Judy. Et cela me permettrait au moins de faire remonter mon compte en banque. Alors que j'étais perdu dans mes pensées devant la foule qui défilait dehors, je fus ramené à la réalité par Weekly qui venait de me rejoindre dans le bar, toujours habillé de son blouson en cuir noir, de sa casquette jaune, et sa sacoche sous le bras.

- Pfiooou... Gémit-il. Toute cette journée m'a complètement épuisé.

- Tu insinues que ton article n'a pas autant tenu la route que tu le voulais ? Ricanai-je.

- Tu rigoles ? J'ai de quoi devenir la star du What's News ! La célèbre Gazelle qui débarque à Zootopie, une des plus grandes villes du pays ! Tu sais c'que ça vaut ça ? En plus, tu sais le meilleur ? Au moment de son arrivée, un cerf a sauté de la foule et est venu embrasser Gazelle avant de vite se faire remettre en place par la sécurité ! Et j'ai réussi à photographier ce moment ! T'imagines c'que les fans penseront en voyant ça ? Sérieux, cet article va faire fureur !

Je trouvais vraiment hilarant de voir Weekly se mettre dans ces états à la limite de l'extase. Dans ces moments là où il pense détenir le scoop du siècle, on pourrait le comparer à un enfant ouvrant ses cadeaux le matin de Noël. Mais malheureusement, le devoir m'appelait. Smirnov m'avait signalé une zone où le prétendu trafic d'armes semblait se faire fréquemment, et je devais absolument y être avant la tombée de la nuit si je voulais espérer y trouver quelqu'un. Je me levai donc dans l'idée de partir avant que Weekly ne me crie :

- Bah alors ? Tu vas où ? Tu veux pas encore rester un peu le temps que je trouve d'autres potins pour mon article ?

- Je te rappelle que moi aussi je suis ici pour le boulot. Et malheureusement, collecter des potins pour un journal à sensations ne fait pas partie de mes fonctions. Répondis-je l'air faussement affecté.

- Oh ! S'il te plaît ! Juste quelques minutes ! Me supplia-t-il. 

Devant la tête adorable qu'il me tirait, il m'était impossible de partir, comme ça, sans rien dire. Je me creusai donc la cervelle pour trouver un prétexte, et j'eus une idée de génie. Je m'écriai donc en levant mon index :

- Oh, mais j'y pense ! J'ai entendu dire que, ce soir, Gazelle devait se rendre à... tu sais, hum, ce genre de soirées chics entre riches que certaines personnes qui ont plus d'argent que de bon sens adorent organiser. Mais ça m'étonnerait que ce genre de soirée fasse un bon article pour un journaliste intellectuel et évolué tel que toi. Dis-je ironiquement.

A cette nouvelle, son sang ne fit qu'un tour :

- Quoi ?! Gazelle ? Ce soir ? Une soirée chic ? Bon sang de bon sang ! J'peux pas rater ça !

A ces mots, Weekly sauta de son siège et courut à toutes jambes vers la sortie.

- On s'retrouve ce soir à l'Hôtel ! Lui criai-je avant qu'il ne disparaisse par la porte.

Ça avait marché, j'étais maintenant tranquille et je pouvais tranquillement me rendre là où le trafic d'armes semblait s'exercer. Je sortis du bar peu de temps après Weekly et commençai mon chemin à travers la foule en folie. Marcher dans cette ville me rappelait ce temps où j'avais été partenaire avec Nick et Judy. Je me demandais ce qu'ils étaient devenus maintenant. Je n'avais plus eu de nouvelles d'eux depuis maintenant trois mois, lorsque nous nous étions séparés à la suite de la résolution de l'affaire Bloom. Ils habitaient ici, à Zootopie, et avaient aux dernières nouvelles finis en couple, espérons que cela durera le plus longtemps possible. Etre à la fois partenaires et conjoints, c'est quand même plus pratique. Même si je savais que recroiser ce binôme insolite risquait fortement de chambouler mon enquête tel que ça a été le cas la première fois, j'espérais tout de même inconsciemment au fond de moi que cela se reproduirait.

Nick
Judy pressait l'accélérateur de toute ses forces afin de ne pas nous laisser distancer par ceux que nous poursuivions. Cela faisait maintenant près de dix minutes que nous avions pris en chasse cette voiture dans laquelle tentaient de s'enfuir trois rats qui avaient dévalisée une boutique. Cette poursuite nous avait menés jusqu'au Square du Sahara, et nos adversaires n'avaient toujours pas réussi à prendre de l'avance sur nous, tandis que nous nous rapprochions de plus en plus.

- Allez, Carotte ! Lui criai-je. On va bientôt les avoir !

Mais visiblement, après cette dure journée, Judy n'était plus d'humeur à plaisanter et semblait n'avoir plus qu'une envie : que cette course folle s'arrête immédiatement. A bout de nerfs elle descendit la vitre de la voiture pour crier à l'attention des trois rats qui étaient suffisamment proches pour l'entendre :

- Ça suffit ce p'tit jeu maintenant ! Arrêtez-vous au nom de la loi !

Les trois rats se regardèrent, l'air étonné durant quelques secondes, puis éclatèrent tous les trois de rire. Celui qui était assis à la place conducteur  sortit alors sa tête par la fenêtre de la voiture et lança à Judy :

- Tu crois vraiment que c'est un mignon petit lapin qui va nous donner des ordres ?

Erreur fatale... Il aurait pu lui lancer n'importe quelle moquerie sauf celle-là. Je fréquentais Judy depuis assez longtemps pour savoir que les lapins détestaient l'appellation "mignon". Je l'avais d'ailleurs moi-même appris à mes dépens... A l'audition de ce mot, je sentis la colère monter en Judy, enfin... si à ce stade on pouvait encore appeler ça juste de la colère. Elle se tourna alors vers moi, le visage rouge comme une tomate, et me dit en essayant au maximum de contenir sa colère :

- Nick... prends le volant...

Craignant ce qui allait se passer, j'obéis instinctivement. Immédiatement, Judy se hissa hors de la voiture, le flingue à la patte, et se mit à tirer en rafale sur la voiture de nos poursuivant, extériorisant sa colère par un énorme hurlement. Les rats, pris de court par sa réaction, cédèrent à la panique et perdirent le contrôle du véhicule. L'une des balles de Judy toucha finalement un des pneus de la voiture qui éclata immédiatement. La voiture dérapa alors complètement hors de la route, fit quelques tonneaux sur une dune de sable, et se fracassa finalement contre un palmier. Les trois passagers de la voiture étaient certes sonnés, mais vivants. Judy et moi descendîmes alors de la voiture et nous dirigeâmes vers celle des trois rats. Judy se dirigea immédiatement vers le conducteur qui s'était moqué d'elle. Celui-ci, après avoir retrouvé ses esprits, poussa un hurlement de terreur en la voyant. Judy afficha donc un grand sourire triomphal avant de lui lancer :

- Alors ? Qu'est-ce que tu penses du lapin mignon, maintenant ?

Blacksad & Zootopie 2 : Le plan KeepersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant