Blacksad & Zootopie 2 : Le plan Keepers

12. Repentance

Judy
Je fis à John un résumé détaillé de ce qui s'était passé dans l'entrepôt. Après qu'il m'ait trouvée au bord des larmes devant le commissariat, il m'avait invité à nous installer dans sa voiture pour que je lui explique calmement tout ce qui s'était passé à l'abri des regards. Après que j'eus terminé, il prit un regard grave avant de me répondre :

- Je vois... Donc si je comprends bien, Nick est un ancien Keeper qui était partenaire avec Vector Frost et aurait, pour une raison qu'on ignore, trahis ceux-ci.

- Oui... Mais il m'a menti... J'avais confiance en lui et il m'a menti... Il m'a caché qu'il avait aidé les Keepers à persécuter les prédateurs. Il m'a caché qu'il avait fait partie de ces monstres et que... que...

- Et qu'il regrette sincèrement tout ce qu'il a fait.

Je tournai alors vers John un regard incrédule. Celui-ci esquissa un petit sourire avant de reprendre :

- Oui, il me l'a dit à moi aussi lorsqu'on était à l'hôpital, il ne voulait pas que je t'en parle parce qu'il voulait te le dire lui-même, désolé. Il est rongé par tout le mal qu'il a fait en étant Keeper. Il avait honte, il avait peur, peur que son passé ne resurgisse, peur que tu ne lui en veuilles, peur de te perdre. Mais crois-le bien, il t'aime, et il a confiance en toi. C'est vrai, c'était lâche, il n'a pas eu le courage de t'en parler, mais comme tout le monde, il fait des erreurs. Tu penses qu'avoir confiance en une personne veut forcément dire qu'on est prêt à lui balancer absolument tout notre passé et toute notre vie sans aucune retenue ? Non, c'est un peu plus compliqué que ça. Il peut arriver d'avoir peur ou d'avoir honte. Honte de nous ou de certaines choses qu'on a faites. Il y a des choses que l'on a souvent du mal à dire, ça ne veut pas dire qu'on n'a pas confiance. Souviens-toi de ce jour, à la conférence, où tu as regretté ce que tu avais dit, que Nick était parti sans te laisser la chance de t'expliquer, et que tu t'en ais voulu jusqu'au jour où tu t'es excusée et que Nick t'a pardonnée. C'est exactement ce qui est en train de se passer pour lui. Qu'est-ce que ça t'aurait fait si Nick avait refusé de te pardonner sans même te laisser une chance de t'expliquer ?

John avait totalement raison. Je savais maintenant ce que ressentait Nick. Je savais le remord qu'il avait de tout ce qu'il avait commis en tant que Keeper, et surtout de m'avoir menti. Lorsqu'il avait tenté de s'expliquer, je l'avais immédiatement rabaissé sans même lui laisser une chance, tout comme il l'avait fait lors de la conférence. On avait tous les deux agi comme des imbéciles. Je ne savais pas combien de temps je mettrai à lui pardonner, mais une chose est sûre, j'aime Nick, et je ne laisserai personne faire du mal à mon renard, pas même les lois tordues d'un maire spéciste. Avec un élan de colère, je sortis de la voiture de John et me dirigeai vers le commissariat. Incrédule, John me demanda :

- Qu'est-ce que tu fais Judy ? Où tu vas ?

- Au commissariat ! Il est temps que je règle mes comptes avec ce foutu plan Keepers !

Semblant satisfait de ma réponse, John sortit de la voiture et me rejoignit. Nous nous dirigeâmes donc tous les deux d'un pas déterminé vers le poste de police.

Nick
Une odeur de pourriture m'emplissait le museau. J'étais maintenant dans cette cellule puante depuis plus d'une heure, et je n'en ressortirai que lorsque j'aurai à nouveau un collier autour du cou. Vector avait raison, j'avais tout foiré. J'avais fait énormément de mal à un tas de prédateurs innocents par le passé, et j'avais perdu la confiance de Judy en lui ayant menti. J'avais tout perdu. Comme à chaque fois, dès que quelque chose de bien arrive, soit le destin s'arrange pour tout gâcher, soit je réussis à tout faire foirer moi-même. La vie est une sinistre blague parfois. Au final, c'était peut-être mieux comme ça, Delhinger réinstaure le plan Keepers, Vector disparaît avec ses mercenaires, et Judy sait maintenant qu'elle a eu tort d'avoir confiance en moi, je l'avais peut-être mérité. Tout ce que je voulais, c'était montrer que je valais plus que ça, que je pouvais être plus qu'un arnaqueur, qu'un Keeper, qu'un sauvage... Mais à force de vouloir à tout prix être différent de Vector, j'avais fini par devenir comme lui. J'avais commis une erreur impardonnable, et j'en payais maintenant le prix. A présent, me voilà seul. Mais alors que j'étais au comble du désespoir, j'entendis la porte s'ouvrir violemment, et je fus surpris de voir qui arrivait. Judy et John étaient là, marchant d'un pas rapide vers ma cellule. Judy ouvrit finalement la porte de la cellule. Je la fixai de longues secondes, incrédule. Elle me lança alors froidement :