Elle se sentait vide.
Vide de tout.
De sentiments.
De sens.
De manque.
De passion.
De souffle.
De vie.Elle en avait marre.
Marre de tout.
De ces sentiments.
De ces sens.
De ce manque.
De ces passions.
De ce souffle.
De cette vie.Elle avait mal.
Mal au cœur.
Une blessure que le temps n'avait pas réussi à cicatriser.
Parce que depuis trop longtemps ouverte.
Et ouverte tous les jours.
À tous les instants.
Ravivée à chaque souvenir.Car elle était nostalgique.
Très.
Trop.
Tout la faisait devenir fragile.
Elle était fragile depuis sa naissance.
Pendant son enfance.
Pendant son adolescence.
Depuis et pour toujours.
Un rien la touchait.
Un rien la faisait craquer.
Un rien la brisait.
Un bruit.
Un son.
Une musique.
Une chanson.
Une voix.
Un goût.
Acide.
Amer.
Doux.
Piquant.
Un parfum.
Épicé.
Fruité.
Léger.
Ambré.
Une sensation.
Flottante.
Enivrante.
Chevrotante.
Un coucher de soleil.
Un feu d'artifices.
Une certaine lumière.
Une allée.
Quelques pavés.
Et elle se sentait partir.
Partir dans ses songes.
Dans les méandres de ses souvenirs.
Un labyrinthe.
Semé d'embûches.
Et pas de cailloux comme le Petit Poucet ni de checkpoint.
Si elle était perdue alors elle continuerait de se perdre un peu plus jusqu'à retrouver son chemin.
Un chemin sinueux.
À nœuds.
Sans fin.Elle étouffait.
Depuis trop longtemps.
Parce que prisonnière.
Prisonnière de trop de complexes.
De trop de barrières.
De trop de questions.Elle avait honte.
Honte d'elle.
De son corps.
De son visage.
De sa voix.
De ce qu'elle était.
De ce à quoi elle s'intéressait.
De ce qu'elle écoutait.
De ce qu'elle lisait.
Honte d'être aussi susceptible.
D'être aussi faible.
D'être aussi égoïste quand tout le monde la complimentait pour sa trop grande gentillesse.Elle aimait.
Tout.
Tout le monde.
Si bien que si elle n'aimait pas quelqu'un c'est que ce quelqu'un l'avait réellement et profondément blessée.
Elle ou ses proches d'ailleurs.
Elle aimait surtout ses proches,
Ceux en qui elle avait toute confiance,
Une confiance absolue,
Aveugle.
En son meilleur ami,
En sa meilleure amie,
En ses amis,
En ses parents,
En ses frères,Mais elle faisait confiance à tout le monde.
Elle était naïve.
Elle voulait croire en l'humain.
Parce que tout le monde a droit à une seconde voire deuxième chance.Elle voulait aider.
Être utile aux autres.
Pouvoir rendre un sourire, service.
Aider ceux qui en avaient besoin parce qu'un rire réchauffe un cœur,
C'était plus qu'un besoin,
C'était vital,
Une nécessité,
Qui la transperçait,
La passionnait,
Qui transpirait de tous ses pores,Elle aimait les câlins.
Les baisers.
Les caresses.
Elle aimait la douceur.
Dans toutes ses formes.
Elle aimait la légèreté de la douceur,
Sa lenteur,
Se fluidité,
Sa volupté,
Ses ondulations,
Ses courbes.Elle aimait s'émerveiller sur tout,
Pas "tout et n'importe quoi" car tout n'est pas n'importe quoi,
Tout est important.
En tout cas l'était pour elle,
Une étoile,
Une pivoine,
Un lapin,
Un sourire,
Un livre usé,Mais elle aimait trop.
S'émerveillait trop.
Aidait trop.Elle était trop soucieuse.
Trop fragile.
"Trop douce" comme ils disaient tous.Alors pour l'une des premières fois de sa vie, elle avait vraiment pensé à elle.
Elle avait décidé de devenir légèreté,
Devenir plume,
Devenir ange.
Devenir cette virgule qu'on aime dans les textes, celle qui nous aide à respirer, à prendre le temps, celle qui annonce un renouveau,Et pour la dernière fois,
Elle sourit,
Le cœur et l'âme légers,
Pour la première fois en paix,
Calme,
Et libre,