Chapitre 78

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C- Ne te force pas Nat, je t'ai dit que j'attendrai le temps qu'il faudra.
N- Oui mais j'ai envie de te le dire. J'en ai marre des secret, celui là je le garde depuis trop longtemps. Il est trop lourd pour moi tout seul, j'ai besoin de le partager avec quelqu'un.
C- D'accord si tu te sens prêt vas y.

N- Et bien comme tu le sais déjà j'ai grandi  dans le sud de Los Angeles avec ma mère et  mon grand frère. Quand mon père nous a quitté je n'avais que 10 ans, mon frère 15 et ma mère était tout juste enceinte de ma petite soeur. Une fois celle-ci née j'ai aidé comme j'ai pu tout en allant quand même à l'école. Et justement c'est là bas que j'ai découvert ma passion: le foot.
On ne peut pas dire que j'étais très populaire mais je n'étais pas seul pour autant. Je traînais dans un petit groupe de quatre personnes et ça me suffisait amplement. C'est en voyant les autres jouaient au foot dans la cour de l'école que je me suis dit que c'était ça que je voulais faire. Alors j'ai commencé à abandonner mes amis pour aller jouer aux ballon. Je me suis vite démarqué dans les but et à chaque récréation c'est à ce poste que je jouais. Mes nouveaux copains m'ont conseillés d'aller m'inscrire dans un club, ce que j'ai fais rapidement. Je crois que c'était mes plus belles années de jeunesse. Mais c'est six ans plus tard que les choses se sont gâté j'avais alors 16 ans: un jour, à la fin d'un match, un homme est venu me voir et m'a dit:
Tu as tout pour réussir dans une carrière professionnelle, petit.
Je n'en croyais pas mes oreilles, c'était mon rêve depuis que j'avais commencé à jouer. Je lui ai dit que j'en parlerai à ma mère et il m'a laissé son numéro et son nom.
En rentrant le soir même, j'ai tout de suite abordé ma mère et lui ai raconté ce que l'homme m'avais dit. J'ai lu dans ses yeux une immense fierté qui a disparu de suite: en effet elle m'a annoncé que l'usine dans laquelle elle travaillait venait de fermer et qu'elle se retrouvait au chômage avec trois enfants sur les bras et que par conséquent elle n'aurait jamais les moyens pour financer ma licence pour que je puisse continuer à jouer là où m'avait conseillé l'homme. En entendant c'est mots je me rappelle  en avoir voulu énormément à ma mère et je ne lui ai plus adressé la parole pendant un certain temps. Quelques mois plus tard j'avais encore dans la tête l'envie d'entrer de continuer le foot alors j'ai tourner du mauvais côté. Ça a commencé par des petits vols sans importance, style pain, fruit, pour que ma mère est moins à payer. Mais comme j'étais agile de mes mains j'en voulais toujours plus. J'ai alors volé des objets plus cher que je revendais discrètement pour me faire de l'argent de poche, j'avais amassé un bon paquet mais ça n'était encore pas suffisant. J'ai donc commencé à dealer par ci par là et à revendre de la marchandise.
Mais un jour, alors que j'étais sur un gros coup, la police nous a repéré et j'ai terminé au poste.
Nathan fit une pause dans son récit. Claire voyait qu'il avait de plus en plus de mal à s'exprimer alors elle posa délicatement sa main dans la sienne.
N- Et ensuite les flics ont appelés ma mère pour qu'elle vienne me chercher. Elle a accepté mais avant elle souhaitait me parler, j'ai donc pris le combiné des mains du policier, elle m'a alors dit que je l'avais déçu, que le foot m'avais changé et pas en bien que au moment où je traverserait la porte de la maison elle ne voudrait plus en entendre parler, en résumé elle n'était pas contente du tout.
Puis je me suis assis sur une chaise et je l'ai attendu. Au bout de une heure elle n'était toujours pas arrivé et les policiers commençaient à s'impatienter, ils avaient autre chose à faire que de surveiller un gamin. Au bout d'une autre heure de passée je m'étais endormi et c'est la sonnerie du téléphone du commissariat qui me réveilla. Je vis la secrétaire décrocher le combiné et au bout de quelques minutes elle me regarda tristement avant de faire signe à un policier. Après avoir parlé quelques secondes l'homme se dirigea vers moi et il me dit:
Je suis désolé bonhomme mais ta maman a eu un accident de voiture en venant te chercher, elle est morte sur le coup.
Claire se tourna vers Nathan, elle vit des larmes coulaient le long de sa joue est tombé sur son menton alors, délicatement elle les essuya de sa main.
Nathan poursuivi:
J'ai appris au même moment que mon frère était également dans la  voiture et qu'il n'avait pas survécu non plus. Il ne me restait que ma petite soeur qui avait échappé miraculeusement à la mort.
Tu te rends compte que ma dernière conversation avec ma mère c'était pour me dire que je l'avais déçu. Ses derniers mot restent constamment dans ma tête, elle est parti en pensant que son fils etait un incapable.
C- Dis pas ça Nat ne te fais pas souffrir encore plus.
N- C'est comme ça je ne contrôle pas. Enfin bref ensuite les policiers m'ont gentillement proposé de m'amener voir ma soeur qui était à l'hôpital et quand je suis entré dans sa chambre, la voir si petite dans un grand lit blanc entouré de machine qui bip et de tuyaux ça m'a bouleversé. Tu vois Claire? Si je n'avais pas été aussi con je n'aurais pas gâché son enfance, je ne lui aurais pas pris sa mère!
Ce fut la dernière fois que je la vit. Il me l'on enlevé, j'étais sa dernière famille et ils me l'on enlevé. Comme j'avais 16 ans j'étais trop vieux pour être adopté alors je suis passé de famille d'accueil en famille d'accueil, collectionnant toutes les bêtises, je ne travaillais plus à l'école, j'ai du aller voir un psy. Ça n'a rien changé, je restait deux heures dans son bureau sans lui parler. Il n'a jamais entendu le son de ma voix.
Puis à ma majorité je me suis rendu compte que j'avais tout foutu en l'air, encore une fois. Alors j'ai décidé de tout recommencer à zéro et je me suis juré de ne plus retourner une seule fois dans les but. Je suis parti en France sans rien, sans affaires, sans savoir parler un seul mot de français. Heureusement dès mon arrivée j'ai été pris en charge par une association qui aide les étrangers comme moi, j'ai refait mes études et j'ai eu mon bac avec mention assez bien. Puis je me suis tourné vers des études de sport. Et voilà tu sais tout.
En achevant son discours Nathan avait des flots de larme qui dévalaient lentement le long de ses joues. Sans un mot Claire le pris dans ses bras. Comment avait il pu garder ça aussi longtemps pour lui. Il devait tellement souffrir.
C- Comment ils s'appelaient?
N- Ma mère Maria, mon frère Mathew et ma soeur Zoé.
C- Tu ne la plus jamais revu?
N- Non je n'ai pas eu le courage de la chercher. Elle a du refaire sa vie, elle doit avoir 16 ans maintenant. Et mon frère aurait fêté ses 31 ans demain.
C- Je suis sûr qu'elle a besoin de toi Nathan. Maintenant tu es assez grand pour l'élever.
N- Je ne vais pas l'arracher à ses parents adoptifs sous prétexte que je suis son frère.
C- Fais comme tu le sens. En tout cas je te remercie de m'avoir raconté et saches que je serai toujours là pour toi. Que ce soit en plein milieu de la nuit ou très tôt le matin ma porte te sera toujours ouverte.
N- Je t'aime Claire.
C- Moi aussi Nathan.

Les Bleues au féminin  (Claire Lavogez, Amandine Henry )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant