Maux

Chapitre 2

  Un verre se brisa au sol. Puis deux. Puis trois. Un cri atroce se fit entendre, comme si l'on serait en train de torturer quelqu'un. Ce cri se fit accompagné de pleurs. Elle plongea ses mains dans les morceaux de verre, qui, rapidement se retrouvaient ensanglantées. Puis plus rien. Juste son souffle et quelques gémissements de douleurs. 

Face à une telle scène, Amu ne ressentait plus rien. Elle avait déjà vu pire. Impuissante, la jeune fille la regardait, à terre, le regard fixé sur ses mains devenues rouges. Elle hésitait franchement à retourner se coucher et la laisser comme elle l'avait trouvée. Elle soupira. À l'instant même, sa mère tourna sa tête vers elle.

 Ses yeux étaient gonflées et rouges, ses cheveux n'avaient plus aucune forme, plus aucuns soins ne leur avaient été attribués, d'ailleurs, plus rien n'était soigné sur elle. Cette femme faisait peur.

« - Tu veux bien m'aider, chérie ?, demanda t-elle à sa fille, avec un sourire horriblement forcé sur son visage et une voix tremblante. »

Amu prit une profonde inspiration et se dirigea vers elle. La jeune fille jugeait les six mots qu'elle avaient entendue comme hypocrites, particulièrement le dernier, " chérie. "

 Elle écarta sa mère des débris de verre, l'emmena dans la minuscule salle de bain afin de passer ses mains sous l'eau. Les plaies étaient petites mais assez profondes. Elle retira quelques bouts de verres et la coucha sur le canapé.

Après avoir débarrassé, toutes les deux s'endormirent. Cet incident s'était produit dans les alentours de trois heures du matin.Le nouveau début de semaine commença. Pour Amu, le réveil fût difficile, mais elle parvint à se lever. Elle se dirigea vers la salle de bain, entra, et regardait son reflet dans le miroir. Ses yeux dorés étaient cernés. Elle haussa les épaules, et commença à se préparer.

Lorsqu'elle fût prête, elle ouvrit un placard de la cuisine où il n'y avait rien, pas une boîte de gâteaux, ou une tranche de pain, seulement de la poussière. Son ventre gargouillait, mais elle s'était habituée à ne pas prendre de petit-déjeuner. Elle se mit à soupirer, et entra dans le salon pour prendre son sac. Sa mère dormait à poing fermé, la bouche ouverte, trois bouteilles d'alcool au pied du canapé dont une qui se trouvait dans sa main. Amu se remémorait de l'incident d'hier soir, secoua sa tête et quitta l'appartement.
Elle monta deux étages, et se planta devant une porte. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres, qu'est-ce que ça lui faisait du bien de sourire pour de vrai. Elle toqua, attendit qu'on lui propose d'entrer et elle pénétra dans l'appartement de son meilleur ami.
« - Kukaï ! T'es pas encore prêt ?!, s'écria la jeune fille en le voyant affalé sur le canapé, sous une couverture.- Mais si, j'avais juste un peu froid, répondit t-il en se levant péniblement.- Allez, dépêche toi, je tiens pas à arriver encore en retard, lança t-elle avec un sourire.»
Kukaï lui rendit son sourire, et tout deux partirent en direction du lycée. Lui aussi n'avait pas eu un parcours facile, mais le pire avait été son enfance ; lorsque sa mère fût enceinte, au bout du huitième mois de grossesse, son père l'abandonna. 

Elle devait donc se débrouiller comme elle le pouvait pour subvenir aux besoins de son enfant ; elle n'avait que dix-sept ans, le père, lui, en avait vingt. Elle n'avait plus de contact avec ses parents, qui n'avaient pas supporter que leur fille soit déjà enceinte, et parte vivre avec son compagnon. Elle dépendait de lui, et lorsqu'il l'avait lâchement abandonnée, elle fût obliger de trouver refuge chez ses parents, qui l'avaient accepter en voyant dans quel état elle se trouvait ; ils ne se parlaient plus, mais ils aimaient leur fille plus que tout au monde quand même.

Quand Kukaï eut trois ans, sa mère assurait à ses parents qu'elle avait trouver un nouveau travail et qu'elle pouvait avoir un appartement avec son fils. Elle partit alors de la maison familiale, bien décidé à voler de ses propres ailes.