Le bateau

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"Mademoiselle ! Mademoiselle ! Où êtes-vous donc ? - cria Madame Grounier - Votre mère vous attend..."
Elle avança dans les couloirs à la recherche de la demoiselle Madeleine. Ne la trouvant pas, elle se dirigea vers la porte d'entrée, l'ouvrit et descendit quelques marches pour arriver dans le jardin. La mère de Madeleine, Madame Froidel, attendait devant une calèche. Madame Grounier s'avança vers elle pour lui dire :
"Madame... je ne la trouve pas..."
Madame Froidel fronça sévèrement les sourcils. Elle respira puis se mit à crier :
"Madeleine ! Venez ici tout de suite !"
Madame Grounier l'observa avec admiration. Madame Grounier trouvait tout ce que faisait Madame Froidel MERVEILLEUX. Au bout de quelques instants, on vit la porte d'entrée s'ouvrit lentement, puis une jeune fille blonde aux yeux bleus apparut. Elle portait une robe splendide d'un bleu ciel avec un décolleté dentelé. Par dessus, elle avait une jolie veste dont le col était entièrement couvert de bouts de cristaux bleus et blancs. Elle descendit les escaliers en délicatesse pour arriver devant sa mère. Madame Froidel se tenait raide et sévère et regardait fixement sa fille. Madeleine dit :
"Bonjour, mère... je...
- Tu ne peut revenir sur ce que tu as fait. Les erreurs sont incorrigibles : tu es en retard !
- Oui, mère."
Elle baissa les yeux et se tut.
Sa mère entra dans la cariole et déplaça sa robe pour faire place à sa fille. Madeleine entra à son tour et sa mère lui sourit.
"Oh ma chérie, je ne voulais pas m'énerver, mais... je veux dire... nous avons un bateau à prendre et je n'aimerai pas qu'on le rate."
Elle posa un tendre baiser sur la joue de Madeleine.
"C'est aussi de ma faute, mère. Je me suis cachée !"
Madame Froidel soupira et posa ses mains sur ses genoux. Le majordome poussa la porte de la calèche et porta les valises jusqu'au coffre. Le cocher fouetta les chevaux qui se mirent à trotter.
Madeleine se tourna tristement vers la fenêtre et observa, nostalgique, cette enfance tant aimée qu'elle était en train de quitter.

Voilà que la cariole arriva jusqu'au port, où Madeleine et sa mère sortirent avec l'aide du cocher. Là-bas, un homme les attendaient. Machinalement, il les conduisit à l'intérieur du bateau. Le cocher confia les valises à l'homme qui les emporta. Il présenta les cabines à chacune de ses clientes et posa à chacune la valise dans sa chambre. Madame Froidel entra dans la chambre de sa fille. Elle lui dit :
"Nous nous retrouvons au dîner, à 19:30... ne sois pas en retard. D'ailleurs, au dîner il y aura une petite surprise : devine qui sera là !"
Madame Froidel était vraiment joyeuse et elle ne le cachait pas. Madeleine regarda le plafond en essayant de répondre à la question stupide de sa mère. Au bout d'une minute sa mère lui avoua.
"Oncle George et papa !"
Madeleine regarda sa mère et un sourire se dessina sur ses lèvres. Cela faisait au moins un an qu'elle n'avait pas vu son père et son oncle. Son père avait fait des affaires avec son oncle et ils marchandaient des diamants et pierres précieuses. C'est pour cela qu'ils avaient faits des allées-retours dans le monde entier. Madeleine adorait son oncle depuis qu'elle était toute petite. Ils jouaient aux échecs ensemble pendant que sa mère et son père parlaient de choses "importantes".
Madeleine avait vécu pendant la Premiere Guerre Mondiale. Elle y a perdu ses deux sœurs. Mais, elle savait bien sûr que, de guerres, il n'y aurait plus jamais.

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