Chapitre 2: Médecin

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Nous marchons l'un derrière l'autre. Jake devant. Il a une allure assez décontractée comme si l'atmosphère pesante qui nous entoure ne lui faisait pas peur. A côté de lui je me sens comme un lapin au milieu de renards en proie, je guette les alentours, j'ai vraiment l'impression d'être observée. Jake m'a dit d'être la plus silencieuse possible. Je veux bien tenter d'être silencieuse mais les bruits de mes pas sur le sol boueux n'aident pas beaucoup. Et puis ces corbeaux qui piaillent quand on s'approche d'eux n'est pas non plus la meilleure chose pour être discret. Pourtant Jake a l'aire sûr de lui alors je le suis sans rien dire.

« Reste aux aguets Claudette, il peut être n'importe où », m'a dit Jake. Sa voix si calme est devenue beaucoup plus sérieuse. Je vais suivre ce qu'il dit. Les arbres sont gigantesques et leurs formes ne sont pas rassurantes, elles font clairement penser à des démons qui à tout moment vont se réveiller, te poursuivre et t'attraper pour t'amener directement aux enfers. Hypnotisée par ces arbres affreux, Je trébuche manquant de peu de me blesser, mais c'est sans compter sur la réactivité de Jake, qui me rattrape de justesse, m'agrippant par la taille.

« Fais attention où tu mets les pieds quand même, tu ne sais pas sur quoi tu pourrais tomber », me dit-il en me regardant, « et je ne voudrais pas que tu te blesses ». Je me sens rougir. Non pas par ses doux mots mais par le peu d'espaces qui sépare sa tête à la mienne. Je me perds encore une fois dans ses yeux, son regard est si doux quand il me regarde. Je vois un sourire se dessiner sur ses lèvres. Immédiatement, Je tourne la tête et me redresse.

« Oui je ferais plus attention, merci du sauvetage ». Je commence à avancer quand mon regard s'arrête sur un tas d'ossement, je regarde autour et je vois des tâches de sang sur le sol, du sang qui semble récent. Je tente de voir où il mène mais la brume épaisse qui recouvre le sol m'empêche de voir plus loin.

« La mort est vraiment réelle ici... » ais-je pensée.

« Oh oui ma petite Claudette, mais ne t'en fait pas nous sortiront d'ici, je te le promets », a répondu Jake.

Oups j'ai dû le penser à voix haute. Je regarde Jake pour savoir où aller, celui-ci me regardait en rigolant. *sois la plus discrète possible Claudette*, ce n'est pas en riant que nous allons être discret. Enfin bon je dois avouer que la situation est tellement pesante que rire un bon coup pourrais nous faire du bien.

D'un coup, Jake s'arrête de rire. Son visage devient sérieux et sa posture est beaucoup moins décontractée. Je le vois tendre l'oreille et jeter des coups d'œil rapides derrière nous. Je m'apprêtais à lui demander si tout allait bien, mais il mit sa main sur ma bouche. Pendant quelques secondes nous n'entendions que le bruit de l'air qui claquait sur les murs en ruines, et les quelques corbeaux qui venaient se poser sur les pierres à côtés de nous. Jake mit enfin fin au silence.

« Je sens sa présence... l'aura que j'ai ressenti lorsque la chose me pourchassait... je la ressens encore maintenant », me dit-il à voix basse. « Continuons à avancer, d'accord ? ». J'allais pour continuer mais Jake m'attrape par le bras.

« Mais pour éviter de se faire repérer nous allons y aller accroupi ». J'ai acquiescé sans dire un mot. Nous voilà maintenant en train d'avancer, d'arbres en arbres, de pierres en pierres et de murs en murs, toujours en position accroupi, sur les lieux de cette fameuse explosion.

« Arrête-toi ! » me dit-il sèchement. Il se retourne et viens se placer juste devant moi.

« La chose est là. S'il te plait ne sors pas de derrière ce rocher sans que je ne t'aie donné un signal »

« Euh... d'accord » mon cœur battait à cent à l'heure. J'ai vu Jake partir sur le rocher d'en face puis disparaître dans la brume. *Ok, je dois attendre le signal. * Le signal ?! mais quel signal il ne m'a pas dit de quoi il s'agissait ! Il va falloir que je sois attentive.

Je patiente pendant de longues minutes. Tellement que des corbeaux s'amuse à tourner au-dessus de ma tête. D'un coup j'entends comme des gémissements de douleurs. Et si c'était Jake qui était blessé ?! Sans perdre une seconde, je fonce dans la direction d'où provenait les gémissements. Et, à ma grande surprise je ne me retrouve pas face à Jake mais face à un homme, assez jeune, qui portait des vêtements en assez bons états et des lunettes. Il semble prit de panique et cours se cacher derrière deux grands arbres, sans même me regarder. Je l'ai suivi.

« Calme toi et montre-moi tes blessures. » lui ai-je dit d'une voix calme, tentant de l'apaiser.

« Qui me dit que vous n'êtes pas ici pour me faire du mal vous aussi » me sort-il totalement apeuré. J'ai une tête à tuer des gens, sérieusement...

« Non ! non ! Fais-moi confiance, je suis comme toi. J'attendais mon ami quand j'ai entendu tes gémissements de douleurs, alors je suis venue à toi. Crois-moi, je ne te ferai aucun mal, au contraire je pense pouvoir soigner tes blessures »

« Très bien... je te crois. », il se retourne et remonte sa chemise pour me laisser voir sa blessure. Une énorme entaille lui traverse le dos, elle est si profonde qu'elle laisse entrevoir quelques bouts d'os de sa colonne vertébrale entre le sang et la chair qui les entourent.

« J'ai trouvé ça en fouillant un coffre », il me tend une trousse de premiers secours. Je l'ouvre et trouve de quoi refermer une plaie ouverte. Parfait !

« Alors ça risque de faire un peu mal mais je t'assure qu'après tout ira mieux ». Je commence à sortir le matériel. Je remonte sa chemise et commence à désinfecter la blessure. Puis minutieusement, je manie les fils et les aiguilles de manière à bien refermer la plaie. Le jeune homme à l'aire de tellement souffrir, pourtant j'essaie d'être la plus douce possible.

« Plus que quelques secondes et ton calvaire est terminé », lui ai-je dit d'une voix rassurante. « Attention, je vais resserrer les fils, ça va faire un peu mal ». Au moment où je tire sur les fils le jeune pousse un énorme cri de souffrance.

« Je suis désolé » ai-je dit avec un peu de pitié. « Mais c'est terminé ». Le jeune garçon m'a regardé, les larmes aux yeux. Il a l'aire tellement fragile que je ne sais pas si ce sont des larmes de joies, de souffrances ou de peurs. Je reste avec lui pendant quelques minutes, le temps qu'il se calme. J'en profite pour lui expliquer la situation dans laquelle nous sommes. C'est ensemble que nous attendons avec impatience le retour de Jake... Reviens vite Jake !

L'histoire d'une survivanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant