Chapitre 4

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« Et là, elle me sort un 'j'espère ne pas vous avoir déboussolée !' Tu te rends compte ?! Cette femme... Elle veut tout contrôler, mais elle prend surtout un malin plaisir à provoquer. Et devine quoi ? C'est moi qu'elle cible à chaque fois ! »

Installée dans le canapé de Lucie, je laissai éclater mon exaspération en gesticulant, un verre de vin à la main. Elle me regardait, amusée, depuis l'autre bout du sofa.

« Eh bien, ça promet ! » lança-t-elle avec un éclat de rire. « Franchement, je ne l'aurais jamais imaginée comme ça. La dernière fois que je l'ai vue, c'était au Noël des enfants, à l'hôpital. Elle semblait super sympa, chaleureuse même. »

Je levai les yeux au ciel en réprimant un grognement

« Le Dragon a deux visages, Lucie. C'est la pire espèce. Elle joue les femmes parfaites en société, mais dès que la porte se referme, elle se transforme en une véritable tornade de sarcasmes. C'est une excellente comédienne. »

Lucie rit de plus belle, ses longs cheveux noirs encadrant son visage espiègle. Sa peau mate et ses yeux sombres pétillaient de malice, illuminant la pièce d'une énergie contagieuse.

« Le Dragon, hein ? Mais dis-moi, il est comment ton Dragon ? Plutôt pas mal, non ? Avoue, tu mates un peu pour te consoler... » dit-elle en esquissant un sourire moqueur.

Je haussai un sourcil, essayant de rester stoïque.

« Mouais... Avec un caractère pareil, je ne l'ai presque pas remarquée. » Mon ton exagérément neutre fit rire Lucie encore davantage, mais je savais que mon déni n'était pas très convaincant.

Son rire m'attira irrésistiblement, comme toujours. Je me penchai vers elle, laissant mon verre sur la table basse. Mes lèvres rencontrèrent les siennes, chaudes et familières. Nos langues se retrouvèrent dans une danse passionnée, et mes mains glissèrent le long de son dos, puis sous son tee-shirt. Sa peau, douce et brûlante, réveilla en moi ce désir que je pensais avoir oublié.

Mais soudain, elle s'écarta, brisant le contact.

« Qu'est-ce qui ne va pas ? » murmurai-je, troublée.

Elle détourna les yeux, évitant mon regard, avant de répondre d'une voix lasse :

« Ce n'est pas ça, Emma. Mais on en a parlé, non ? Si on continue comme ça, ni toi ni moi ne pourrons vraiment avancer. »

Je fronçai les sourcils, le cœur serré par une pointe d'angoisse.

« Avancer ? Tu veux dire... Tu as trouvé quelqu'un ? »

Elle secoua la tête immédiatement, mais son expression était emplie de tristesse.

« Non, ça n'a rien à voir. Mais comment veux-tu qu'on tourne la page si on se retrouve dans ce canapé tous les quatre matins, comme si de rien n'était ? »

Sa voix était basse, presque tremblante, et son souffle court trahissait l'émotion qu'elle contenait. Un silence pesant s'installa, uniquement perturbé par le tic-tac régulier de l'horloge sur le mur. Je m'enfonçai légèrement dans le canapé, mal à l'aise face à cette déclaration, mais incapable d'y répondre.

Depuis presque un an, nous vivions dans cette espèce de limbo émotionnel. Notre séparation avait été douce en apparence, mais déchirante dans le fond, une série de concessions silencieuses jusqu'à l'ultime rupture. Lucie, absorbée par son programme de chirurgie, ne comptait plus ses heures. De mon côté, je m'étais plongée dans mon travail pour combler le vide. Nos priorités avaient cessé de s'aligner, et nos disputes répétées avaient fini par user ce qu'il restait de nous.

Madame la Maire [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant