Décris-moi Le Monde

Noyé en Mer

La foule bouge, déménage, parle, crie, hurle pour se faire comprendre, essaie de courir, de se démêler de la masse, elle avance vers moi, j'avance vers elle. Dans peu de temps, je serai parmis eux, je bougerai, courrai, hurlerai le prénom de celle que je cherche en me noyant dans eux, dans ma rage.

Parmis la mer de gens, que des inconnus, visages me fixant, regard me jugeant, moi, contestataire de la vague mouvante. Je la cherche, toujours pas trouvée. Je vais à bâbord, elle y est peut-être.
J'ai peur de ne pas la voir, je voulais lui faire la surprise... Elle me fait vivre tant et je ne suis même pas capable de rendre ma présence solide...

Remord me rongeant, son bonheur est devenu une règle, une loi, une constitution. Me prenant les vagues d'épaules, de coudes, de mains, de genous, de pieds, je sens mon navire craqueler.

Et là, le phare me guidant approche. Me voilà proche de l'objectif dans la tempête. Un hurlement de plus suffit pour l'atteindre.

Arrivés à bon port, de son sourire délicat, elle m'accueille, me réconforte, me raconte son étonnement. Nous partons vers le rivage et nous asseyons au bord de la plage.

Elle a l'air si heureuse. Elle me dit les mots qui lui viennent, ces mots sincères que je connais par coeur mais dont je ne me lasserai jamais. Je suis encore submergé par les hurlements de la mer, j'ai de la peine à écouter et à comprendre. Elle l'a bien compris. Et décide de se poser, au calme, à mes côtés, sur mes mots, sur mon bras, sur ma barque. Et nous repartons ensemble à la dérive, au coeur de la mer.