#2: L'âge de Métal (Heroic Fantasy)

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Les légendes parlent d'un temps où le temps lui-même n'existait qu'à peine. Une ère où il ne se résumait qu'à un éternel et lent cycle alternant entre le jour et la nuit. Une interminable nuit glaciale et un jour brûlant et aveuglant qui, semaines après semaines, se relayaient sur cette terre, pour la mutiler d'une atroce et pesante atmosphère. 

Une ère où notre planète n'était peuplée que par deux races. Les Humains, êtres dont la beauté, la pureté et l'intelligence n'avait d'égale que leur faiblesse, et les Abominations, monstruosités surpuissantes créées par une nature hostile. 

Les Humains n'étaient que de petites créatures, pas plus grandes qu'un monstre nouveau-né et pas plus forte que les feuillages des plantes qui leur tranchaient les jambes lorsqu'ils marchaient dans les plaines. Seule leur intelligence était sur-développée, à tel point qu'ils avaient compensé leur faiblesse en apprenant, au fil des siècles, à tous s'apprivoiser à partir de tout ce que la nature avait à leur offrir, à bâtir des villes fortifiées et à fabriquer armes et armures pour se protéger de cet environnement carnassier. Leur fragilité était pourtant présente, pareille à une épée de damoclès laissant s'épandre sur eux son ombre porteuse de mort. 

Les Abominations, elles, étaient bien moins organisées que les Humains. Tout comme eux, elles avaient certes appris à construire des communautés menées par les plus forts d'entre elles, mais il n'y avait ni villes ni technologies chez elles. Elles ne survivaient et ne dominaient cette terre que grâce aux étranges capacités que la nature leur avait léguées: Une capacité de régénération presque mille fois supérieure à celle des humains, que leurs corps informes soient de pierre ou de chair en putréfaction, une force herculéenne et, surtout, une capacité à faire proliférer autour d'eux maladies et infections mortelles pour quiconque s'approchaient trop près de leur territoire sans y être convié. 

Ces deux races se partageaient cette vaste terre. Toutefois, aussi grande soit-elle, il n'y avait que le désir de conquête des deux camps qu'elle ne pouvait contenir de toute sa grandeur. Ces deux races belliqueuses ne cessaient de mener, à distance, une véritable guerre psychologique pour démontrer leur puissance, sans jamais se décider à s'annihiler l'un et l'autre. Les Humains n'étaient pas assez puissants pour régner seuls sur cette terre, et les Abominations, seules sur cette planète, ne feraient qu'en corrompre la nature jusqu'à faire de cette terre un vaste terrain fantôme, dénué de toute forme de vie, si ce n'était la leur, qui s'éteindrait lentement avec la nature. Une guerre dont tous ressentaient l'imminence, mais qui n'apporterait que destruction dans une monumentale débauche de sang, de feu et de bruit. De plus, un dernier obstacle les en empêchait.

Entre le territoire des Abominations et celui des Humains se tenait Ylmarre, l'Arbre Aux Cent Elements. Une gigantesque merveille naturelle, donc chaque branche était tapissée d'un élément. Une branche brillait d'un éternel brasier, le long de l'autre coulait un fleuve infini, une autre était parcourue de champs de tonnerre que l'on entendait hurler au loin, une autre encore voyait se côtoyer sur elle tornades et bourrasques. Ylmarre représentait un graal terrifiant pour les deux races. Le pouvoir des éléments eux-mêmes, réunis en un même endroit. Une telle puissance permettrait à l'un de détruire l'autre, mais pourrait aussi détruire leur utilisateur lui-même. Il n'y avait pas de Dieu dans ce monde, seul Ylmarre était, aux yeux des Humains et des Abominations, une puissance dépassant tout ce qui était imaginable en leur esprit. 

Après des siècles de guerre silencieuse, d'expansion technologique et de corruption de la nature, un Seigneur des monstres, connu sous le nom de Drâkiin, sortit un jour du territoire des Abominations et se dirigea au pied du tronc d'Ylmarre, assoiffé par une telle puissance. Une fois parvenu devant l'arbre sacré, il grimpa, à l'aide de ses immenses mains griffues, le long du tronc et mordit de ses dents tranchantes l'écorce de la première branche vers laquelle il put grimper. Aussitôt, il sentit un liquide puissant s'écouler dans ses veines. Il sentit un pouvoir nouveau s'étendre en lui, et mordit de plus belle la branche pour en extraire le plus de liquide possible. Cependant, alors que ses dents se plantaient une nouvelle fois dans ce bois sacré, il vit toute la branche s'amaigrir. Celle-ci devint noire, comme si elle était brûlée de l'intérieur, et finit par tomber. Au terme de sa chute, Drâkiin comprit alors ce qui lui était arrivé.

S.O.S (Sting's One Shots)Where stories live. Discover now