Dark memories

Un peu de luminosité face à tant d'horreurs

Je n'en peux plus. Je suis épuisé...

« Je me répète encore une dernière fois. Où est caché l'enfant? Qui le garde secrètement caché?
- Je... je ne sais pas... je ne sais pas de qui vous parlez... m'essouflai-je
- Endoloris! »
J'hurlai de douleur. C'est comme si des milliers d'aiguilles brûlantes traversaient l'entièreté de mon corps. J'ai envie de mourir tellement la douleur est insupportable. Qui pourrait vouloir infliger à quelqu'un une aussi grande douleur? C'est horriblement inhumain! Après la visite des deux hommes l'autre jour, ils ont arrêté de venir me voir six jours de suite. Lorsque la porte s'ouvrait, ce n'était pas pour me torturer mais pour me déposer un plateau repas. Le même depuis plus d'un mois...

« Je te laisses pour ce soir, c'est encore une simple perte de temps. Tu ne sers vraiment à rien. Si ça ne tenais qu'à moi je ne serais pas encore là à attendre un miracle. Je reviendrai demain, dans l'espoir que tu ai retrouvé l'esprit coopératif que je connaissais de toi. »

Sur ce, la porte se claqua. Un esprit coopératif? J'espère qu'il se moque de moi? Comment pourrai-je coopérer avec une personne me torturant tous les jours d'une telle manière? Comment pourrai-je faire preuve de coopération avec un être aussi misérable que lui? Et puis, comment je pourrai lui fournir des informations que je n'ai pas? Car oui, je suis toujours au même stade. Je ne connais que mon prénom. Et le seul autre souvenir que j'ai, je ne le comprend absolument pas. J'ai beau me remémorer encore et encore cette vision, je n'arrive pas à déterminer les réponses aux questions que je me posais. Comment je pourrais donc bien arriver à me forger une mémoire ?

La seule chose qui a changé en une semaine est mon lieu de résidence. En effet, du jour au lendemain je me suis retrouvé allongé par terre, sur un sol dur et froid, le soleil chatouillant mon visage. Pendant presque un mois je passais mes journées et mes nuits dans une salle lugubre, sans aucune luminosité. Dorénavant, un trou en hauteur parsemé de barreaux métalliques laisse passer la lumière du soleil ainsi qu'un peu de chaleur. Ça fait du bien. Cette salle est moins angoissante que la précédente. Pourtant, ce que l'on m'y fait est encore pire. Je ne sais pas si je tiendrai encore longtemps... À quoi bon survive si c'est pour passer le reste de mon existence dans cette cellule? Je n'ai plus personne. Si j'avais de la famille, des amis ou encore des collègues de travail, ne seraient-ils pas venus me chercher? Se sont-ils rendus compte de mon absence? Ils pensent certainement que je suis mort. Enfin, seulement si quelqu'un se soucie de moi...

J'observe mes mains. Elles sont maigres... Je ne mange pas grand chose depuis que je suis là. Une pomme, un verre d'eau et une tranche de pain en une journée ne permet pas de me rassasier. Je tremble. Pas de peur. Non je n'ai plus peur. Mais je tremble de rage. Etais-je si mauvais que ça pour que personne ne se soucie de moi? Ai-je fais quelque chose de mal afin d'arriver là? Ai-je trahis mes amis et est-ce pour cela que personne ne se met à ma recherche? Pourtant, dans mon dernier souvenir je semblais proche d'une femme. N'a-t-elle pas remarqué mon absence? S'est-elle aussi fait prendre par ce malade? Serait-ce elle la femme qui s'est échappé? Non... C'est impossible. La probabilité que la femme dont je me souviens soit celle qui se serait fait prendre est quasiment nulle. Mais est ce que, au moins, je manque à quelqu'un ? La principale question que je me pose c'est: pourquoi moi? Pourquoi m'avoir choisi? Qu'ai-je de plus? Que suis-je sensé savoir? Et pourquoi me garder? Je ne leur suis d'aucune utilité, je n'ai pas les réponses qu'ils désirent... Ils doivent bien le remarquer. Tout ce que j'ai à faire désormais c'est attendre. Attendre que l'on me relâche. Attendre de voir si quelqu'un pense à moi. Attendre, c'est la seule chose que je puisse faire face à tant d'horreurs...