Chapitre 3 : Romain

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     Je suis assise à l'arrière, encadrée pas les deux jumeaux. Benjamin à ma droite, Maxime à ma gauche. Romain conduit.
Il a un peu grogné quand nous avons tous finis à l'arrière :
« L'un de vous aurait pu se mettre devant. Je fais taxi là ! » Il jette des coups d'œil furtifs dans le rétroviseur. Je m'en rend compte parce que c'est ce que moi aussi je fait. Je n'en reviens pas que ce soit son visage que je vois dans cette petite glace. Je crois qu'il me regarde, à la dérobée. A coté de moi, les garçons cherchent à attirer mon attention :
« Hey Anni y t'embête pas trop Rémi hein ? Lancent-ils joyeusement. Tu peux venir nous voir pendant les cours sinon !»
     En définitive, nous sommes arrivés au bout de quelques minutes. Rapidement, je me trouve sur le trottoir, à regarder la voiture s'éloigner. Tout cela m'a semblé durer l'espace d'un instant. Je vais ouvrir ma porte, et en plaçant les clés devant la serrure, je me rend compte que mes mains tremblent. Cela aurait pu être le contre-coup normal de la rencontre avec mon idole. Pourtant je le comprend, il y a autre chose.
     J'avais rêvé ce regard si doux, mais rien ne s'est passé comme prévu. La clé refuse d'entrer dans la serrure.
     J'avais rêvé son regard si tendre, et voila que je n'y ai vu que de la méchanceté. J'arrive enfin à ouvrir ma porte, pourtant, je tremble toujours.



     Lorsque je me suis retrouvée seule dans ma chambre, j'ai tourné, et retourné cette question dans ma tête. Mais qu'est-ce que c'était que ça ? Pourquoi le regard qu'il m'a jeté m'a semblé si... tellement méfiant. Comme s'il ne me détestait déjà. Pourtant on se connaît a peine. Non, plutôt hostile. Toutes les fois ou j'ai fantasmé, en l'imaginant adorable, toujours gentil, comme un grand frère idéal, tout simplement. Et pourtant, il m'a paru si diffèrent. Mes yeux commencent à me piquer, et une larme brûlante roule sur ma joue. Peut être que je me fais des idées, ou bien que rien ne changera jamais en fin de compte.

     Le lendemain, je décide d'en parler à Rémi. Si ce n'est que moi qui fabule, il me le dira, et ça m'évitera bien des tourments. Pour ne pas le faire devant les jumeaux, je programme mon attaque au matin, le plus tôt possible. Du coup mon approche sera sans doute un peu brutale, mais peut importe, je dois savoir ! Aussi, lorsqu'il arrive, je l'accueil en attendant patiemment mon heure. Il s'installe, me fait la bise. Les petites formalités habituelles suivent : Bonjour, ça va, oui et toi ? Ah enfin, voilà ma chance! Quoi de neuf ?
« - Oh ! Hier je suis rentrée avec les jumeaux en voiture. (Surprise totalement feinte, battements de cils innocents.)
- Ah oui ?
- C'était très sympa de leur part, ça m'as évité de marcher.
- Y doivent t'apprécier. S'amuse le guitariste.
- Eux, peut être... mais... dis moi, il y a quelque chose qui m'ennuie... mais je ne devrais peut être pas t'en parler. ( Vas y, soit curieux...)
- Qu'est-ce qu'il y a ? il s'est passé quelque chose ?
- Nan vraiment, ça m'ennuie un peu, mais ce serait mal de ma part. Et puis je dois juste me faire des idées...
- Ah ! J'y suis ! C'est Benjamin !
- Pourquoi Benjamin ? Je m'étonne, sincèrement cette fois. Non, en fait, c'est à propos de son frère...
- Ah c'était Maxime, bien sur ! M'interrompt-il, persuadé de sa réponse.
- Non. Pas ce frère la. (Aurais-je fait trop en finesse pour lui ?)
- Tu veux parler de Romain ? Je ne vois pas quel genre de problème il aurait pu te causer, il est adorable avec tout le monde.
- Vraiment ? Alors peut être que je me suis faite des idées. J'ai bien cru qu'il me regardait... avec hostilité. Comme si... je n'étais qu'une intruse... ou... je ne sais pas trop, c'était vraiment bizarre.
- Ah. Hum... Rémi semble soudainement gêné.
- J'ai dit quelque-chose de mal ? Je ne pense pas qu'il soit...
- Non t'en fait pas ! C'est juste que... ne m'en demande pas plus, c'est très compliqué. J'ai bien pensé à quelque chose, mais c'est surement faux. Le plus simple serais peut être de lui en parler directement.
- J'essayerai
- ... »

     Un silence pesant s'est alors installé. Je comprenais de moins en moins ce que tout cela signifiait, et je ne savais absolument pas comment j'allais me débrouiller pour discuter avec Romain. Et surtout, il faudrait que j'ose le faire. Je préfère éviter l'angoisse que cette pensée me procure. Je relance la conversation sur des sujets plus simples, et Rémi retrouve son caractère habituel. Pourtant, avant de se quitter le soir, il me glisse à l'oreille : «S'il te plaît, m'en veux pas quand tu lui parlera Annie. »



     Mais comment veux-tu que je parle a Romain?!

     Voila, c'est ça que j'aurais du lui répondre. Puis passer à autre chose, ne plus m'inquiéter d'avantage pour une simple hallucination. Ça aurait évité bien des ennuis. Sauf que non, le soir même j'allais sur internet et je lui envoyait un message à l'adresse que m'avait donné les jumeaux. Ça me pris un bon quart d'heure pour trouver quoi écrire, et autant pour me décider à lui envoyer.


     Salut, Je m'appelle Anni, c'est moi que tu as raccompagné en voiture hier, l'amie de tes frères. Si je t'envoie ce message c'est parce que j'ai eu une drôle d'impression hier. Rémi m'a conseillé de t'en parler. Je ne sais pas trop comment m'y prendre, alors je serais directe. Est-ce que tu as quelque chose contre moi? Tu vas peut être me trouver bête à me poser ce genre de questions, et puis surtout, à t'interroger à ce propos, d'autant qu'on ne se connaît pas.
Mais curieusement, cela m'intrigue beaucoup. J'espère que tu ne me prendra pas pour une folle. Anni

     S'en suivi une longue attente, à checker mon profil toutes les dix minutes, mais finalement la réponse arriva le soir même.

Rassure toi, tu n'es pas bête. Je ne t'aime pas.

AnniWhere stories live. Discover now