Chapitre 3 (partie 2)

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— En fait, commença Jamie, nous avons toutes les trois un don particulier...

     Je la regardai attentivement puis dévisageai Andy, interloquée. Se fichaient-elles de moi à nouveau ou étaient-elles sincères ?

— Moi, je vois les différents futurs possibles, continua Andy, ça m'arrive quand je suis dans un état de stress intense mais je commence doucement à maîtriser mon don.

— Et moi, dit Jamie, j'ai la faculté de voir les choses au ralenti quand je le souhaite. Au début, j'ai cru que j'étais malade, que ma vision me donnait des hallucinations. Je voulais tellement réussir mes mouvements que la musique s'est décomposée dans ma tête pour que je puisse le faire à mon rythme. C'est comme si je pouvais agir sur l'espace-temps si tu veux faire simple.

     Mes yeux allaient de Jamie à Andy, d'Andy à Jamie. Je n'étais pas très sûre de bien comprendre.

— C'est maman qui nous a expliqué que nous descendions d'une famille d'Élus. Des gens qui reçoivent un don de génération en génération. Mais comme tata, heu... ta mère... s'est mariée avec un humain, nous ne savions pas si toi aussi tu étais des nôtres. Tu as de la chance, tu as reçu le don de télékinésie, c'est extrêmement rare.

— Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Que nous sommes des sorcières ou un truc du genre ?

Mes deux cousines se mirent à rire.

— Non, les sorcières ne sont pas comme nous ! Mais on leur a piqué quelques trucs pour nous aider. Nous utilisons les sortilèges, tout comme elles, mais jamais de potions. Nous avons un don, elles, elles ne font qu'invoquer les forces supérieures. Nous... (Elle s'arrêta quelques secondes faisant mine de chercher les mots appropriés)... nous faisons partie de ces forces supérieures. Nous sommes la descendance d'une grande famille d'Elfes protecteurs, enchaîna Andy.

     Je ne comprenais pas le moindre mot. Comment pareil phénomène était-il possible ? Même si j'étais très ouverte d'esprit, là, elles y allaient un peu fort ! Des Elfes, des sorcières, et pourquoi pas des démons et des loups-garous tant qu'on y était ?

     Je vis soudain Jamie faire le tour de la table avec une vitesse époustouflante. Je restai pourtant là, incrédule.

— Je te l'ai dit. Je vois les choses au ralenti quand je le veux. Je peux faire en sorte que vous voyiez mes mouvements soit en accéléré, soit au ralenti.

     Elles s'inquiétèrent soudain.

— Tu ne nous crois toujours pas ? me demanda Andy. Bon, viens avec nous, on va te montrer quelque chose.

Andy se leva et monta les escaliers suivie par Jamie dont le pantalon de jogging traînait au sol...

— Alors, tu viens ? questionna cette dernière.

Je me levai tant bien que mal et leur emboîtai le pas.

***

     Elles m'accompagnèrent jusqu'au dernier étage de notre maison et me firent pénétrer dans une pièce où je ne m'étais jamais rendue jusqu'ici, n'y voyant aucune utilité.

     La porte s'ouvrit sur une vaste salle éclairée par un grand velux. D'épais rideaux orange cachaient les fenêtres mais de petits filets de lumière passaient tout de même sur les côtés.

     L'endroit ressemblait plus à un grand salon qu'à un vieux grenier, avec des canapés et une table basse en bois à l'entrée.

     Plus loin, vers le fond de la pièce, se trouvait un petit chevalet où trônait un livre ancien, et une bibliothèque murale sur tout le côté droit.

     On aurait dit que nous nous trouvions dans une autre époque, les dentelles des couvre-sièges étaient jaunies par le temps. Sans parler de la poussière... cela devait faire un moment que personne n'était venu faire le ménage ici.

     Tous les livres étaient d'une vieillesse que je n'aurais pu définir. Je remarquai un énorme pentagramme blanc orné de signes inconnus tagué sur le mur de gauche.

     Il y avait des bougies un peu partout et de la cire sur le sol. Pourtant, au lieu d'être effrayée par cet endroit, comme l'aurait été n'importe quel être humain, je m'y sentais plutôt à mon aise. Rassurée et en confiance.

     Prise d'une curiosité soudaine, je m'approchai du chevalet et tendis la main vers le manuscrit. Une légère lumière dorée s'échappa de mes doigts à son contact. Les étincelles me procuraient des petits picotements dans les mains et les avant-bras. Comment pouvais-je expliquer ce phénomène ?

— Le livre reconnaît les Élus, commença Jamie, ce qui nous confirme ce que nous savons déjà.

      À cet instant, mon visage devait exprimer un air atterré. Le fourmillement de mon sang dans mes veines me rendait un peu nerveuse. Je me retrouvais confrontée à une réalité qui me dépassait au plus haut point.

— Tu es l'une des nôtres, Léna, c'est inéluctable, chuchota Andy.

     Je passai encore ma main sur le livre. Était-ce vrai ? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ?

     Au fond de moi je n'étais pas étonnée, j'avais toujours su qu'il existait des forces au-delà même de mon imagination. Mais de là à penser qu'un jour je serais confrontée à ces forces...

     Cette révélation pouvait expliquer bien des choses que j'avais gardées au plus profond de mon être. Je me sentais irrésistiblement attirée par ces signes.

     Depuis toujours... je me rappelais, lorsque mon professeur d'histoire à Paris nous avait proposé divers thèmes pour nos exposés, mon intérêt avait été directement porté sur les symboles de la magie à travers le temps. J'avais proposé différents sujets comme la sorcellerie mais aussi les druides et les chamans.

     Je me doutais de leur existence réelle mais je ne pensais pas que les légendes sur les pouvoirs détenus par ces hôtes étaient si proches de la vérité.

— La magie est tout autour de nous... Il nous suffit d'écouter notre instinct et de nous laisser guider.

Soudain, je repensai à ma découverte dans la forêt. La clairière. Les ruines. La porte... La porte ! J'avais été attirée vers celle-ci comme un aimant !

— Il faut juste que tu te concentres et que tu matérialises dans ta tête ce que tu veux faire bouger, me dit Jamie. Il faut que tu essayes de faire le vide, que tu oublies tes pensées les plus enfouies dans ton esprit.

— La première fois que nos dons se sont matérialisés, nous étions toutes dans un état de stress ou de colère intense. Cette énergie permet à notre esprit de décupler nos facultés. Maintenant, au calme, c'est légèrement plus difficile. Concentre-toi Léna. Tu vas voir.

Andy pointa le doigt vers la lampe qui se trouvait à côté des canapés.

— Tiens, essaie de bouger ça. Concentre-toi. Tu vas y arriver. Nous avons confiance en toi.

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Nous arrivons presque à la fin de ce chapitre 3

Vous attendiez vous à ça ? Notre petite Léna va-t-elle savoir gérer tout ça ?

Cette partie est un énorme clin d'œil à une série télé des années 2000 (que j'adorais!!) , vous l'avez reconnue?

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Merci les z'amis !!

Azmel Tome 1 La Porte du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant