Prologue

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Itas observait l'arme avec attention. Au cours de sa petite vie il avait appris à évaluer la qualité des lames, et celle-ci le satisfaisait, il en était même très heureux. Il s'agissait d'une épée fine, tranchante et bien que souple elle était solide. Sa garde était légère, argentée, une émeraude était incrustée en son centre.
«Elle est de bon aloi, finit-il par constater. Combien ? S'enquit le futur chevalier avec appréhension.
-Elle vaut une petite fortune, répondit le vieux forgeron impassible, mais à toi, je te l'offre.
- Vous vous moquez de moi ? S'exclama son apprentis, surpris.»
Mais le vieillard était très sérieux, cela faisait bien longtemps qu'il n'en avait plus l'utilité.
Il ricana de sa voix sèche avant de se justifier.
«Calme toi donc Itas. Je suis bien trop vieux pour m'en servir et je n'ai pas du tout envie de la vendre à un noble ignorant pour qu'elle finisse accrochée dans un salon fait pour les soirées mondaines. Elle vaut mieux que cela, et une tête comme la tienne mérite une bonne arme !»
Le futur chevalier ne sut comment exprimer sa gratitude, il bafouilla un maladroit merci, gêné par un don si généreux.
«Ne soit pas si embarrassé voyons ! Tu  as travaillé presque gratuitement tout l'hiver à la forge ! Tu mérite bien cela !
-Mais cette lame vaut bien plus que mes heures de travaille !
-Je n'en suis pas si sûr, marmonna-t-il dans sa barbe grise. Peu importe, reprit-il, je t'interdis de la refuser.
-Je ne me sens pas digne de la porter...
-Crois-tu que je l'ai été ?
-Vous avez combattu pour l'armée, maître ?
-Pas vraiment... J'ai été un mercenaire toute ma jeunesse et j'ai trouvé asile dans les contrée Khonandhor. »

Les pieds d'Itas faillirent se dérober. Son maître ? Ce vieillard rieur couverts de rides ? Un mercenaire ?
Les mercenaires sont considérés par la plupart des royaumes comme des voyous, des lâches, des barbares vénales, sans fois ni lois.
Khonandhor ne faisait pas exception à cette règle mais ses forces militaires étant sous développées par rapport à ses ambitions, c'est un pays dépendant des mercenaire et les chasser ne leur ferait pas bonne publicité.

«... Est elle maudite ?»
Le regard du mercenaire s'assombrit, après tout, leur seconde réputation était de porter des armes damnées.

«... En effet, tout ceux se servant de cette arme se voient octroyés des capacités de combats sans égales, mais ils seront poursuivis par la solitude....»

Il y eu un moment de silence, brisé par l'énigmatique sourire qui fendit le visage du futur chevalier.
«Je la prend.
-Quoi ? Tu sais pourtant le sort qui t'attend si tu combat avec maintenant ! Es tu inconscient ? J'avais perdu tout espoirs de te la transmettre et voilà que la fièvre te fait délirer !
-Peut-être, toujours est il que le pouvoir de cette relique m'intéresse, et je suis prêt à en assumer les conséquences. »

Le vieillard était hébété, il resta quelques secondes abasourdi avant de s'exclamer riant :

«Eh bah dites donc ! T'es un sacré gaillard toi ! T'es peut-être pas aussi costaud que les autres mais t'en a dans le pantalon ! Ça c'est sûr !»

Et c'est ainsi qu'Itas, apprenti chevalier, parti en route vers la capitale, son épée de Damoclès à la ceinture, un sac de provisions dans le dos.

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