Les légendes se transmettent au coin du doux foyer, de génération en génération parmi les villages humains paisibles. C'est une tradition, généralement ces histoires sont narrées au coin du feu avant que la saison froide commence. Toutefois, certaines légendes parmi les plus terribles furent oubliées. Elles n'étaient sans doute pas appréciées me diriez vous ? Non, ceux qui les connaissaient sont morts. Vous me direz, les humains sont mortels, il est naturel que certains disparaissent avec leurs secrets. Hélas, dans ce cas ci, c'est la légende elle même qui les a tués. Et la menace fut ainsi oubliée. Le secret demeura dans les tombes ... Mais celui ci a décidé de resurgir.
Il était bientôt minuit, la dame de la nuit éclairait une forêt de ses rayons d'argent. Un bois triste, morne, grisâtre. Elle avait succédé à un crépuscule rougeoyant de toute beauté. Les vieilles pierres d'un édifice oublié s'étaient parées d'un pourpre magnifique. Les rayons arrivèrent même à percer profondément à travers la structure. Le profond dédale qui avait rarement connu la moindre lumière depuis longtemps, fut parcouru de quelques maigres lueurs de sang. Une plainte rauque se fit entendre. Quelque chose qui montait la garde là avait perçu cette lumière.
Les arbres frissonnaient alors que leurs branches étaient parcourus de bras de brume presque aussi tangibles que de la moire. De nombreux bruits métalliques se firent entendre, celui du fer qui frappe la pierre, comme si de nombreux mineurs tentaient d'extraire des gemmes de la nuit noire. Soudain un bruit d'effondrement se fit entendre, et un grand nuage de poussière provenant de l'ancien édifice se mêla au brouillard. De cet écran de fumées, surgirent des dizaines et de dizaines de silhouettes. A première vu, on aurait dit une petite armée qui s'assemblait. Mais qui en dehors des Nains pouvaient vivre sous terre ? Les créatures étaient trop silencieuses pour être des gobelins. Ils portaient des grandes armures en partie rouillées encore moins entretenues que celles des orques. Leurs étendards étaient défraîchis, pourris. Leurs déplacements n'émettaient que bruits de vieilles ferrailles et craquements sinistres. Ils s'organisaient en bataillons, tenant fermement leurs armes poussiéreuses de leurs mains osseuses. Un grand chevalier sorti de son château souterrain. Il passa en revue ses troupes sur le dos de son cheval dont il ne lui restait que son caparaçon usé pour lui servir de peau. Il observait ses troupes silencieuses. Son ost de morts vivants était prêt. Il brandit son épée en l'air et jeta son javelot dans une direction. L'armée de revenants se mit en marche dans la direction indiquée pour trouver des vivants à combattre et à tuer. Ainsi l'armée du seigneur liche s'agrandirait, enrôlant les dépouilles des ennemis vaincus.
Il était un village humain nommé Salval à la frontière des terres civilisées. La commune était assez florissante grâce à ses deux activités principales, l'extraction du sel dans la Mine de la Colline Chauve et ses élevages de porcs. Elle n'était pas sous la coupe directe d'un seigneur Lornéen ce qui était très rare pour une bourgade si fleurissante. Le Maire de la ville avait su garder l'indépendance de sa communauté. Bien que les gnolls, ces humanoïdes canins stupides et puants, attaquaient les convois de marchands sur les routes, ils n'osaient pas affronter les petits remparts de la ville. C'était pas à proprement parler des remparts, plutôt des palissades conçues avec le savoir faire des charpentiers locaux. La vie y était dur certes, mais les habitants gagnaient bien leur vie. Et sans le savoir, ils allaient bientôt la perdre ...
L'armée des morts progressait à travers les landes sauvages, les animaux fuyaient à leur approche sinistre. Les défunts marchaient accompagné de la musique chaotique des métaux rouillés qui s'entrechoquent. Le temps coula tel une rivière, les revenants avançaient au même rythme, synchronisés comme des automates d'os. Ils ne connaissaient plus la fatigue et ils progressaient rapidement. Ils croisèrent la première habitation occupée par des vivants. Les bûcherons n'eurent à peine le temps de se réveiller et se rendre compte que des créatures défonçaient les portes et les fenêtres et s'amassaient autour d'eux, qu'ils finirent méthodiquement déchirés en pièces. Certains des guerriers sans armure se vêtirent des peaux de leurs victimes, d'autres écrasées sous leurs bottes de fer les organes étalés sur le sol de la petite demeure. Leur carnage finit, ils prirent les ossements de leurs proies et reprirent leur route. Ils progressaient en rang bien alignés, plus serviles que disciplinés. Après avoir avancés un moment, ils firent halte sous le couvert d'une forêt. Une forêt tout près de Salval. Le Seigneur Liche, n'eut pas besoin d'user du moindre son pour donner des ordres à ses soldats squelettiques. D'un geste de son épée, il détacha un petit groupe de ses serviteurs qui glissèrent discrètement en direction des fortifications.
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Le Réveil d'une Ombre.
FantasyCertaines légendes parmi les plus terribles furent oubliées. Elles n'étaient sans doute pas appréciées me diriez vous ? Non, ceux qui les connaissaient sont morts. Vous me direz, les humains sont mortels, il est naturel que certains disparaissent av...