Bastion

2 (Chapitre pas terminé)

Monsieur Courtois se tenait alors devant la nouvelle élève. Il lui lança un regard interrogateur, puis se rassembla et initia poliment en s'écartant pour la laisser passer :

-Bonjour. Tu peux t'avancer devant le tableau.

Une jeune demoiselle entra alors dans la classe et marcha d'un pas grâcieux jusqu'a se tenir devant le tableau noir. Elle dégageait quelque chose d'étrange. Son visage était d'une beauté presque angélique et sa peau claire n'affichait pas la moindre petite imperfection. Elle avait de longs cheveux blonds dorés, et des yeux bleus qui, si on les regardait de plus |:.près, avaient une légère teinte violacée. Elle portait une tenue assez inhabituelle pour une lycéenne : Des bottes blanches à talons, une jupe bouffante noire ainsi qu'une ceinture et un haut noir, et un gilet blanc sans manches orné de rubans.

Tout le monde dans la classe l'observait bouche bée, et même Chase avait eu son attention détournée de ses biscuits par l'apparence stupéfiante de cette nouvelle venue. On entendait de tout part les commentaires des élèves :

-Elle est jolie tu trouves pas ?
-T'as vu cMonsieur Courtois, lui-même décontenancé, s'éclaircit la gorge et poursuivit :

-Tu peux te présenter à la classe, je te prie.

La nouvelle élève fixa ensuite le professeur pendant quelques secondes. Ce dernier semblait un peu mal à l'aise.

-Me présenter ? Interrogea enfin la jeune fille d'une voix douce.
-Euh oui, confirma le professeur. Comment tu t'appelles ? D'où viens-tu ?
-Me présenter... Répéta-t-elle.
-Elle est vraiment chelou celle-là, chuchota Louis, qui était assis juste derrière Chase.
-Je... je m'appelle Eléonore... Jeanne, balbutia-t-elle.
-Donc... c'est Eléonore ou Jeanne ? Demanda M.Courtois, désorienté.
-Je m'appelle Eléonore, affirma-t-elle plus sûr d'elle. Eléonore Muzet. Je viens de région Parisienne.
-D'accord, enchanté.

Le professeur remarqua ensuite un détail assez dérangeant : Eléonore n'avait aucune fourniture scolaire.

-Tu n'as pas de sac ? Demanda-t-il songeur.
-Un sac ? Quelle en serait l'utilité ? répondit l'étrange jeune fille.

Un ricanement général s'en suivit.

-Chut, vous autres, s'agaça M. Courtois. Eléonore, je vais te prêter un stylo et une feuille pour cette fois, mais penses bien à prévoir du matériel pour le prochain cours. Maintenant tu peux aller t'installer là-bas si tu veux, indiqua-t-il en pointant une chaise vide située vers le fond de la classe.

Eléonore s'avança alors vers sa place attribuée par le professeur, mais au lieu de s'y rendre, elle s'arrêta devant la table de Mélanie et Chase. 

-Je voudrais m'installer ici s'il vous plaît, réclama Eléonore de manière presque robotique.
C'est quoi son problème à elle ? Pensa Chase. M. Courtois haussa les sourcils, visiblement surpris que la nouvelle élève lui tenait déjà tête après à peine trois minutes de cours.
-Ici c'est la place de Mélanie, vas t'asseoir là ou je t'ai indiqué maintenant si'il te plaît, répliqua-t-il, non sans hausser la voix.
-Je suis désolée, mais je dois m'asseoir ici, insista Eléonore.
-Ah oui ? Et pourquoi ça ?

 Sentant que la tension montait, Mélanie se leva subitement.

-Tiens, vas-y, assieds-toi, adressa-t-elle à Eléonore en souriant.

Eléonore recula d'un pas, saisit sa jupe bouffante des deux mains et fit la révérence.

-Je vous exprime ma gratitude, remercia-t-elle.

Les regards des élèves étaient alors devenus plus médusés que jamais. On aurait cru avoir vu une soucoupe volante passer dans la classe.

-Elle sort tout droit de la renaissance ou quoi ? Marmonna à nouveau Louis.

Eléonore s'installa alors à côté de Chase, et Mélanie se rendit donc sans broncher à place à laquelle la nouvelle venue devait normalement s'installer. Chase dévisageait sa nouvelle voisine. Pourquoi tenait-t-elle absolument à s'asseoir avec elle ?

-Bon, c'est réglé, conclut le professeur. On continue.

Le cours se poursuivit normalement. Particulièrement méfiante, Chase décala sa chaise afin de s'éloigner le plus possible d'Eléonore. Celle-ci était assise de manière parfaitement droite, et regardait droit devant elle presque sans bouger. Après avoir patiemment attendu que le professeur aie le dos tourné, Chase sortit discrètement son téléphone portable de sa poche de jean pour envoyer un sms à son amie fraîchement expulsée de sa place :

Mélanie

Chase : S.O.S
Mélanie : mdr tkt elle vas pas te manger
Chase : ça reste à voir
M

élanie : peut-être qu'elle à un pb psychologique ?

Chase : jsp

-Hé, je crois que ta nouvelle pote fait une mise à jour, plaisanta Louis à voix basse.
-Toi, la ferme, rétorqua Chase en lui lançant un regard noir.

Chase remarqua ensuite qu'Eléonore ne prenait pas le cours en note et n'avait encore rien écrit sur la feuille que le professeur lui avait donnée. Chase supposa qu'elle était probablement un peu perdue.
Monsieur Courtois fit ensuite lire un document écrit à Vincent Moron, qui livrait un combat épique contre la langue française à chaque mot qu'il devait prononcer.

-Merci à toi, remercia M.Courtois une fois la lecture terminée, avec un soupçon de sarcasme dans sa voix. Maintenant, reprit-t-il, est-ce-que quelqu'un peut me rappeler ce qu'est la guerre froide ?

Sans surprise, Mélanie leva la main comme à son habitude. Alors qu'il s'apprêtait à interroger pour la énième fois la première de la classe, Eléonore leva vivement la main. Toujours sur le qui-vive, Chase eut le léger réflexe de pencher son buste pour esquiver un éventuel coup de sa nouvelle camarade.

-Ah, vas-y Eléonore, se réjouit M. Courtois.

La mystérieuse fille passa sa main dans ses cheveux, se leva, tapota légèrement sa jupe pour enlever une petite poussière qui s'était posée là et prit une grande inspiration.

-La guerre froide est un conflit géopolitique se déroulant de 1947 à 1991 opposant les démocraties  occidentales des États-Unis aux régimes communistes de l'URSS, articula distinctement Eléonore. Les racines de la guerre froide remontent à la révolution d'Octobre en 1917 d'où naît l'Union soviétique en 1922 dont les Occidentaux craignent qu'elle ne soit le vecteur de la révolution permanente, alors même que Staline accentue la priorité donnée à la consolidation et à la modernisation de l'État soviétique, déjà amorcée par Lénine. Aux États-Unis, Harry S. Truman, qui succède à Franklin Delano Roosevelt en avril 1945, considère que l'avenir et la sécurité des États-Unis ne peuvent être assurés par un retour à l'isolationnisme mais sont indissociables d'une politique extérieure de propagation des idéaux à la base du modèle américain, de défense de leurs intérêts économiques et d'endiguement du communisme. Le...
-Merci Eléonore, mais je crois que nous allons au-delà du programme de première, coupa Monsieur Courtois. Tu peux te rasseoir.
-Bien, monsieur, obéit Eléonore.

Chase avait bien cru que sa camarade n'allais jamais s'arrêter de parler. Elle qui pensait qu'Eléonore aurait du mal à suivre le cours, elle fut surprise que la mystérieuse fille fût aussi bien informée sur le sujet.
Peu après, l'heure de cours d'histoire toucha à sa fin. Chase rangea ses affaires dans son sac en moins de dix secondes et s'empressa de rejoindre Mél

-Alors, ça a été ?
-Elle est super bizarre, j