Dans un univers médiéval, Amalia, fille d'un modeste maraicher, mène une vie paisible au sein du petit village de Tourmaligne.
Le jour de ses 16 ans, Ayden, son ami d'enfance dont elle est amoureuse, la demande en fiançailles. Heureuse comme jamais...
La lune brillait haut dans le ciel nocturne dénué de nuage et ses courbes argentées se reflétaient sur la surface lisse du lac. Intimidante, envoutante, elle paraissait plus grande qu'elle ne l'était en réalité, à tel point que les hauts arbres de la forêt qui entouraient la clairière en fleur semblaient misérablement petits. Parfois, le vent printanier chatouillait leurs cimes et soulevait les douces effluves des milliers d'anémones écarlates fraichement éclos. Inspirant précipitamment une bouffée d'air parfumé, la jeune fille au bord du lac, dans sa robe délicate, frissonna en ramenant ses bras autour d'elle. Le souffle du vent venait de troubler son reflet et, avec lui, ses pensées. Elle détourna les yeux des vaguelettes et se mit à regarder autour d'elle à la recherche de quelque chose qui ne se montrait pas. Soudain, il lui sembla percevoir un mouvement. Pour mieux voir, elle plissa les yeux si fort que cela engendra des ridules entre ses sourcils froncés. Une silhouette se détacha des arbres et des ronces pour avancer dans sa direction. C'est alors qu'elle le reconnut et que son visage s'éclaira enfin, abandonnant son masque d'inquiétude. Elle attendit qu'il vienne à sa rencontre pour se jeter dans ses bras et l'enlacer longuement, comme elle avait rêvé le faire depuis longtemps. Il lui rendit son étreinte en la serrant un peu plus fort, pour effacer en quelques secondes les semaines de séparation. La jeune fille releva la tête et plongea ses yeux dans les siens. A contre jour, elle ne distinguait pas bien ses traits, mais devinait sans peine les cernes, les griffures et la saleté qui maculaient son faciès. Pour s'en assurer, elle prit son visage dans ses mains froides et ne put que constater ce qu'elle savait déjà.
- Tu as maigri, dit-elle doucement pour ne pas le troubler.
Il ne répondit pas. Cela ne servait à rien. A quoi bon la rassurer, lui mentir, lui faire croire que, loin d'elle, il ne dépérissait pas ? Tout cela, elle le savait très bien. Il se contenta de saisir ses mains glacées dans les siennes, puis ferma les yeux pour se rappeler ce qu'il était venu faire. En les rouvrant, il était plus décidé que jamais.
- Viens avec moi.
- Je ne peux pas, tu sais très bien pourquoi. J'aimerais beaucoup, crois-moi, mais c'est impossible, s'excusa-t-elle en baissant la tête, évitant de le regarder en face pour mieux éviter la douloureuse vérité.
- Tu te trompes, c'est possible, répondit-il calmement. J'ai une situation convenable, poursuivit-il, un toit où t'accueillir dans une région éloignée. On ne te retrouverait pas et je te protégerais toujours. Tu n'as rien à craindre.
- C'est toi qui te trompes! s'écria-t-elle en le repoussant afin de s'écarter de lui. A nouveau, elle replanta ses yeux noirs dans les siens afin de le raisonner. C'est trop dangereux... Ils nous retrouveront, ils sont bien trop forts !
- Justement, continua l'homme sur un ton égal. Tu les connais mieux que quiconque. Et tu es la plus à-même de les semer.
- Ce serait les trahir...
- Ce serait te mentir. Et à moi aussi. Ce qu'on ressent l'un pour l'autre est vrai, unique. Tu ne pourras jamais te départir de ces sentiments, et moi non plus, insista-t-il davantage en serrant les poings.
La jeune fille se tut. Ces dernières paroles avaient visé juste et la firent tressaillir. Il était son seul et unique amour, à jamais. A court d'argument, elle lui tourna le dos. Tout en faisant le premier pas qui l'éloignerait définitivement de lui, elle rassembla son courage et prononça fermement, sans trembler, le mot qu'elle n'avait cessé de ruminer jusqu'à présent : « Adieu ».
Soudain, une proposition inattendue vint briser le silence de la nuit : « Epouse-moi ! », cria l'homme, élevant pour la première fois la voix. Son air de composition avait volé en éclats. Il avait voulu se montrer serein jusqu'au bout pour la rassurer, pour lui prouver qu'il contrôlait tout alors qu'en fait il ne contrôlait rien. Elle seule détenait les clés de leur destin. Elle seule devait faire un choix. Lui avait résolument fait le sien.
- Epouse-moi ! répéta-t-il un peu plus fort.
Sous le choc, la jeune fille interrompit sa marche et le regarda à nouveau. Que vient-il de dire ? se demanda-t-elle.
- Epouse-moi ! réitéra-t-il pour la troisième fois en haussant encore le ton.
- Espèce de fou. Tu es donc décidé à ce point ? le questionna-t-elle, la voix tremblante d'émotion. Elle ravalait ses larmes avec difficulté et cela lui faisait mal au creux de la gorge. Elle aurait voulu ajouter autre chose, mais il lui était maintenant impossible de parler.
- Tu en doutais encore ?
Sans prévenir, elle se jeta dans ses bras, ses longs cheveux noirs brillants balayant son dos diaphane.
- J'attendrai ton retour ici, expliqua l'homme en lui apposant un baiser sur le front. Je m'installerai dans les bois le temps qu'il faut, ne t'inquiète pas. Je sais qu'il te faudra du temps pour préparer ta fuite... Sois tranquille, je ne bougerai pas. Tout ira bien pour moi. Quant à toi, sois prudente.
La jeune fille se contenta d'acquiescer.
- Je t'aime, acheva-t-il.
Pour toute réponse, elle se hissa sur la pointe des pieds et l'embrassa tendrement. A la tendresse succéda la passion qui entraina les deux amants sur le doux lit de pétales rouges aux senteurs sucrées.
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J'en ai mis du temps à le publier ce premier chapitre ! 10 000 sorry, mais je voulais avoir tous les éléments en tête pour pouvoir vous livrer une histoire bien composée. Du coup, je me sens fin prête et vous propose donc ces premières lignes qui, je l'espère, vous donneront envie de découvrir la suite.
Premières impressions ? N'hésitez pas à voter car ça fait toujours plaisir d'avoir un petit retour et, mieux encore de commenter. J'adore avoir votre avis et vos ressentis !
Merci beaucoup en tout cas de me lire ! Vous me motivez à fond !!! <3
