L'Origine

22 1 2
                                    

Je me réveille. Il fait noir. Tout est calme. Trop calme, à mon goût. Une brise glacée vint me prendre le peu de chaleur qu'il me restait. Je m'assis. Je touchai le sol. Il était froid. Mes doigts s'enfonçaient dans ce qui semblait être de la terre. En effleurant le sol, je découvris qu'il était couvert de feuilles. Nous devions être en automne. La période où les feuilles meurent puis tombent... Soudain, je frissonnai. Je ne saurais dire pourquoi mais ce frisson m'était familier. Il n'était pas dû au froid mais à une sensation étrange qui ne m'était pas inconnue. Cette sensation s'intensifia pour ce transformer en une certitude. Je devais courir. Le plus vite possible, pour m'éloigner loin d'ici. Je ne pensais plus. Je ne voyais plus. Je n'entendais plus. Je courais.

Je me réveillai en sueur. Encore et toujours ce même rêve, qui venait me rendre visite chaque nuit, comme pour sans cesse me rappeler que je n'étais pas normale. J'avais toujours su que je n'étais pas comme les autres. Différente. Etrange. Bizarre. Jusqu'à mes un an, mes parents n'avaient jamais eu à se plaindre de moi. J'étais, pour eux, moi Mia, la représentation même du bébé parfait. Je ne pleurais jamais, avais toujours faim aux bons moments et faisais mes besoins à des heures relativement fixes. Bref, le bébé dont rêvait tous les parents. Cela n'a pas duré, malheureusement. A partir de un an, je me mis à faire un cauchemar. Tout le temps le même. Mes parents n'en pouvaient plus. Je pleurais toutes les nuits sans relâche. Au bout d'un moment, ils finirent par m'emmener chez le médecin. Bien évidemment celui-ci ne trouva aucune gêne ou maladie qui aurait pu être la cause de ces pleurs incessantes. Comme celles-ci continuaient, mes parents me baladèrent de médecin en médecin. A chaque fois ils avaient la même conclusion : attendre que cela passe. Et puis un jour, en allant à une énième consultation, un médecin eu une solution différente à proposer à mes parents. Il leur conseillèrent d'attendre que je sois plus âgée pour m'emmener chez un psychologue pour enfant. En attendant, il me prescrirait tous les mois une dose de somnifères spécifiques qui me plongeraient dans un sommeil quasi comateux. Bien évidemment, mes parents réprimaient l'idée de devoir donner à leur fille des médicaments pendant plusieurs années. Mais le médecin leur fit clairement comprendre qu'ils n'avaient pas d'autres choix.

Dès ma première prise de somnifères, mes nuits se déroulèrent sans problème. Mes parents pouvaient enfin souffler et dormir. J'avais repris une vie quasi normale et pouvais m'épanouir et grandir sans aucuns problèmes. A cette époque, je ne savais pas encore que mon bonheur allait être éphémère. Quatre ans plus tard, je me mis à avoir des sortes de crises. Je souffrais de maux de tête atroces. C'était comme si mon crâne était parcouru de violentes secousses et de vibrations. Mes parents assistaient, désemparés et impuissants, à mon mal être. Désespérés, ils me ramenèrent chez le médecin qui m'avait prescrit mes somnifères. Je pris des dizaines de médicaments qui n'eurent aucun effet sur mes maux de tête. Plus le temps passait, plus mon état se dégradait. Une nuit, la douleur fut si intense que je me réveillai en hurlant. Mes parents avaient beau me prendre dans leurs bras pour tenter de me calmer, rien n'y faisait. J'hurlais et pleurais durant toute la nuit. Après cela, mes parents tentèrent de me faire dire ce qui n'allait pas en me posant des questions. Mais ce qu'ils ne comprenaient pas, c'est qu'aucune maladie n'était le cause de ces douleurs. C'était une force inconnue et puissante qui, à l'époque, me terrifiait.

L'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant