Out-Time Life

Prologue

Je viens du futur.

Dans le vingt-cinquième siècle, la technologie a bien sûr considérablement avancé, et fait partie intégrante de nos vies à un degré tel que cela tient de la symbiose. Les maladies ont quasiment disparue, les guerres et les crimes aussi. C'est un vrai paradis, l'on pourrait croire.

Enfin, pas de mon point de vue.

Dans le vingt-cinquième siècle, une épidémie déclenchée par un virus inconnu a tué tous les bovins de la planète, les vaches n'existent plus. En conséquence de quoi, il n'y a plus de lait, ni de steaks. Et donc pas de fast-food. J'en vois rire et ne pas prendre ça au sérieux. Très bien, laissez-moi poursuivre.

Dans le vingt-cinquième siècle, une anomalie a fracturé l'espace-temps tel qu'on—que vous— le connait. Le temps ici s'écoule cinquante pourcents plus rapidement, en d'autres termes, pour chaque seconde qui passe pour vous, cela fait une et demie pour nous. Pas grand-chose vous dites ? Voyons plus grand : pour dix minutes, ils s'en s'écoulent quinze ; pour vingt jours, il s'en passe trente... Pour six ans, cela en donne neuf ! Et maintenant ?

Le corolaire de tout ça, c'est que dans le futur, nous n'avons pas le temps. Tout ce qui fait perdre du temps est interdit, et son auteur puni. Les embouteillages et les accidents de toutes sortes ont disparus, car ceux qui les ont déclenchés sont châtiés au nom de l'humanité. Cela fait perdre du temps.

Dans le vingt-cinquième siècle, tous nos apprentissages, lectures, recherches, agendas, sont gérés par holo-écrans. Ces écrans s'affichent autour de nous en permanence, dès que l'on a besoin de renseignements, publicités, littératures, opinions sociales voire familiales. Plusieurs peuvent être—et sont—actifs simultanément, pour ne pas faire perdre du temps. Nous faisons donc plusieurs choses à la fois...en permanence. Ça peut sembler cool, mais je vous garantis que ça tape sur le système.

La pollution a aussi complétement disparue depuis que nous avons mis au point le mécanisme de cycle fission-fusion infini : énergie nucléaire et électricité illimitées ! Sans déchets. Toute la nourriture apparaît holographiquement donc plus besoin d'emballages non plus. Oh, mais ne vous méprenez pas, ce n'était pas par pure volonté écologique. Si la pollution existait, il faudrait déployer des moyens de lutter contre elle. Ça nous ferait perdre du temps.

Tout ce que nous faisons doit servir à quelque chose, sinon nous perdons notre temps. On pourrait penser que cela donnerait une vie active, pleine de rebondissements et riche de tensions, il n'en est rien. La vie est morne et rythmée par la routine et les obligations. Sinon l'on perdrait du temps.

Les héros n'existent plus. Tous ceux qui ont vécus ne sont plus que poussières depuis des décennies. Ils demeurent seulement dans les histoires, les livres, et les monuments. A propos de ça, je vais bientôt vous parler de mon préféré, surtout ici, à Central-City, il a un musée à son nom.

Il s'appelle Flash.

Mais je m'égare, reprenons le fil de l'eau.

Dans le vingt-cinquième siècle, nos caractéristiques physiques peuvent être choisies pré-conception. Mes cheveux blonds, mes yeux bleus, ma taille comprise entre un mètre soixante-treize et soixante-quinze, et mon QI de cent-soixante-sept ont été déterminés avant ma naissance. On appelait cela de l'eugénisme, maintenant cela s'appelle la sélection. Nous nous développons dans des cuves de gestation afin de réduire la durée nécessaire par rapport à une grossesse naturelle. Neuf mois c'est trop long, on perd du temps.

Vous comprendrez donc quand je vous dis que l'avenir me fait bien rire...

Bref, je m'appelle Eobard Thawne. Et je suis né durant le vingt-cinquième siècle.