Aller de l'avant

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Des reportages sur l'organisation anti-Toujale défilaient à la télé. Les représentants avaient l'air fières, mais à leur place je ne le serais pas. Je me demande toujours s'ils ont un minimum pitié des personnes qui vivent avec ce poids horrible, de ne plus rien se souvenir.

Marianne et Carla nous raconta un peu tout ce qui s'est passés en dix ans, je n'ai pratiquement rien retenus mis à part qu'on a changé de président mais cela m'importe peu tout ce qui est politique. Quand on me raconte les événements qui se sont passés en notre absence, j'ai ce sentiment douloureux d'avoir perdu beaucoup de ma vie, comme si j'étais morte puis ressuscitée.

Je ne veux plus ressentir ça. Je veux me sentir vivante. Mais comment rattraper le temps perdu ? Dix ans, c'est long. Je n'ai pas pu connaitre la joie de passer de la minorité à la majorité, je n'ai pas pu connaitre ce que ça fait de terminer ses études et d'en recommencer de nouvelles en supérieur pour faire le métier de ses rêves... Je me demande ce que je voulais faire d'ailleurs comme profession. Ça recommence, je n'arrête pas de me poser des questions qui défilent dans ma tête. Je sais très bien que ce n'est pas comme ça que je vais avancer, peut-être est-ce un moyen de tout reprendre à zéro, mais à zéro de quoi ?


Carla nous fit visiter la ville à moi et à Ethan, je ne lui ai pas mentionnée que j'avais déjà fait un long détour avant qu'Ethan ne me trouves. Nous passâmes dans les grands quartiers New-yorkais, j'avais l'impression d'être minuscule par rapport à ces énormes bâtiments qui englobaient la ville. Je tournaient la tête partout, je regardaient dans tout les coins, les magasins, les cafés car j'avais un minimum d'espoir que quelqu'un que je connaissais auparavant me reconnaissent, mais je me faisaient de fausses idées. Pourquoi il ai fallu que je me retrouvent dans une des plus grandes villes du monde ? Enfin je crois que c'est une des plus grandes villes, c'est Carla qui me l'a dit parmi son charabia.

On s'installa à une table sur la terrasse d'un petit café et un homme qui me semblait inconnu nous rejoignit. Carla avait l'air enthousiaste et celle-ci nous le présenta. Il s'agissait de son fiancer, Victor. Ceux-ci nous expliquèrent qu'il étaient fiancer depuis quatre ans mais ils voulaient attendre le réveil de monsieur Gillies pour réaliser le mariage, et comme celui-ci est enfin réveillé, ils vont pouvoir se marier le trois Juillet, dans quatre mois. Je suis tellement heureuse pour eux, même si je ne les connais depuis peu. Je me demande si je serais fiancée si je n'étais pas endormie dix ans, va savoir...


- Tiens, tantôt j'ai vu un patient comme vous, je l'ai reconnue par ses vêtements, il avait l'air heureux, dit Victor.

- Comment être heureux quand on apprend qu'on a perdu dix ans de sa vie ? Il était surement saoul, répondit Ethan.

- Je penses qu'il avait récupérer un souvenir, puisqu'il n'arrêtait pas de crier "C'est revenu! C'est revenu !"

- J'ai hâte que ça m'arrive, dis-je.


Rentrés chez les Gillies, je me dirigea vers la chambre d'ami pour aller sur l'ordinateur afin de voir s'il n'y avait pas des petits jobs histoire de gagner un peu d'argent et de ne plus dépendre des Gillies, j'ai l'impression de trop m'imposée. Ethan entra et alla dans son lit en soufflant.

- Tu ne veux pas manquer de temps toi, me dit-il.

- Pas toi ? Il faut bien avancer non ?

- J'sais bien mais si je recommence une nouvelle vie, j'ai peur d'avoir lâché trop vite.

- C'est la seule chose à faire pour le moment, essayer de se débrouiller. Notre mémoire ne va pas réapparaître en un claquement de doigts, dis-je en ne quittant pas mes yeux de l'ordinateur.

J'étais plus étonnée que lui lorsque j'ai dit ça. C'est vrai que j'arrête pas de répéter que je veux retrouver mon ancienne vie, dont je ne m'en rappelle même plus. Pourtant j'essaie d'aller de l'avant et de ne pas rester toujours à zéro, je veux me créer une vie quoi !

- Et si on le pouvait ? Repris Ethan.

- Tu veux dire quoi par là ? Répondis-je en me tournant vers lui.

- Comme je te l'ai dis, on ne soigne pas son patient sans avoir son dossier à l'œil, donc, emparons-nous de nos dossiers pour aider notre mémoire !

- Tu n'y penses pas quand même ?

- Ecoute, on ne sait pas combien de temps nos souvenirs vont prendre pour revenir, deux semaine, un mois, un an voir cinquante ! Je ne pourrais pas attendre jusque là.

- Tu as sans doute raison...

Ethan avait l'air déterminé, au fond je l'étais aussi mais une partie de moi avait peur. Pas peur de nous faire prendre, mais peur d'apprendre qui j'étais. Je ne veux pas avoir ce sentiment d'être déçue de ma vie que j'avais auparavant, je ne veux pas avoir de regrets.

10 ans plus tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant