Chapitre 1

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1 an auparavant

Mon sourire s'était évanoui pour laisser place à une grimace reflétant la peur qui pouvait également se lire dans mes yeux. Les gens autour de moi s'étaient mis à crier, tandis que mon corps restait figer au point de ne plus pouvoir déplacer le petit doigt. J'étais tétanisée, pétrifiée, paralysée. J'ai eu du mal à comprendre ce qui venait de se passer. C'était une journée ensoleillée et particulière, puisque ma mère avait décidé de nous faire plaisir à Connor et à moi en nous emmenant à la fête foraine. Malgré ma peur insupportable de monter dans un manège, j'avais été ravie de les accompagner. Je savais à quel point mon petit frère adorait cela. Ils étaient montés dans cette immense montagne russe qui m'angoissait rien qu'en la regardant. Par la suite, tout s'était passé très vite. Le manège s'était mis en route, le train en métal avait pris de la vitesse et, sans que personne n'y comprenne rien, il avait dévié pour venir s'écraser hors des rails.

— Ma-Maman ! Connor ! Ai-je crié en comprenant soudainement que ce qui venait d'arriver était grave.

Je m'étais mise à courir en direction de l'accident alors que la sécurité qui venait de faire irruption essayait d'empêcher tout le monde de s'approcher. Par chance, j'étais passée entre les mailles du filet. Il fallait que je les retrouve et je priais de tout mon être pour que rien ne leur soit arrivé. Je m'étais mise à courir le plus vite possible et la poussière qui volait dans l'air était venue me brûler la gorge. Je n'ai rien lâché, parce que la douleur n'avait plus aucune importance à ce moment-là.

Ensuite, j'avais entendu des gémissements, un semblant d'appel au secours. Pendant une seconde, j'avais hésité à venir en aide à la personne qui criait, car je savais que ce n'était ni ma mère ni Connor. Malgré l'hésitation de mon cerveau, mon corps avait choisi à ma place puisque mes jambes s'étaient dirigées vers l'inconnu. Je ne pouvais pas laisser cette personne succomber à ses blessures alors que je pouvais lui venir en aide, même si au même moment ma famille était elle aussi en danger. La culpabilité de laisser mourir un être humain m'aurait rattrapé juste après.

Une ombre s'était dessinée sur le sol et je m'étais accroupie pour voir de plus près ce qui n'allait pas. Je n'étais pas médecin, j'étais juste une jeune fille de 18 ans qui allait bientôt obtenir son diplôme et qui dans peu de temps foulerait le sol de l'université ; mais je connaissais les gestes de premiers secours alors peut-être que je pouvais lui venir en aide. L'homme était allongé sur le sol et comme la plupart de ceux qui étaient montés dans ce manège, il était jeune. Il devait avoir à peu près le même âge que moi. C'était un miracle qu'il puisse encore respirer, car il avait tout de même été expulsé de son siège après le choc. Je l'avais tâté pour voir s'il saignait. Son bras était tordu sûrement même cassé.

— Ça va aller, vous allez vous en sortir. Respirez... Où avez-vous mal ?

J'avais tenté de le rassurer du mieux que je pouvais, mais il ne me répondait pas, car il était encore étourdi à cause de l'accident. Il ne fallait pas qu'il perde connaissance alors j'avais continué à lui parler. Son regard me fixait avec une lueur d'espoir, plus il me regardait, plus mon cœur se serrait. Je pouvais lire dans ses yeux qu'il me suppliait de le garder en vie. Comme si c'était moi qui décidais de son sort.

Je ne savais depuis combien de temps j'étais à ses côtés, j'avais l'impression que cela faisait une éternité. Je commençais à broyer du noir quand les pompiers étaient enfin arrivés pour venir porter secours à tous les blessés.

Et à ce moment-là, je m'étais rendue compte que les lames avaient rempli mes joues.

Soyons fortsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant