Le suicide.

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J'y ai longtemps réfléchis, à cette solution. Est-ce une bonne idée ? En aurais-je le courage ? Aurai-je mal ? Ferais-je souffrir les autres ?

Mon opinion est maintenant toute faite, le suicide m'est inévitable. Nous vivons dans un putain de monde de merde, soit tu t'adaptes, soit tu es exclu. Les exclus se retrouvent entre eux. Mais encore une fois, il faut t'adapter à eux. Et si tu en viens à être encore une fois reclus, tu n'es plus rien. Je ne suis plus rien. J'ai tout perdu : amour, reconnaissance, passion, ambition, futur...

Alors je me suis décidé, ce soir, je serai seul à la maison, je serai seul pour mes derniers instants, personne ne pourra m'empêcher de me suicider.


Je suis allongé sur mon lit, ma guitare dans mes bras. Je regarde le plafond blanc de cette chambre avec quelques photos d'une pièce de théâtre que j'ai vu il y a quelques mois, un ou deux poster d'animés, des restes de photos brûlées...

Ma belle confidente est une Fender noire. La pauvre ne peut même plus laisser sa belle voix envahir la pièce, mon géniteur a volontairement détruit son amant l'ampli, ce connard chauve en avait marre d'entendre son doux son se diffuser... S'il savait comme elle me manque.

Je me rappelle pourtant des concerts que j'ai donné avec cette guitare, à jouer avec ma chanteuse... Cette époque est pourtant finie depuis longtemps... Mais... Quand je ferme les yeux, je suis parfaitement capable de revoir le public battre la mesure avec leur point en l'air, et l'aura de Noï... Elle était d'un autre niveau, elle a bien fait d'accepter le contrat qu'on lui a proposé, je n'aurais jamais été capable de faire ressortir son talent.

 Elle était d'un autre niveau, elle a bien fait d'accepter le contrat qu'on lui a proposé, je n'aurais jamais été capable de faire ressortir son talent

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Je murmure doucement à ma guitare qu'elle va perdre son dernier partenaire, je lui demande de m'excuser en la serrant. Une de ses cordes vient me couper sensiblement la joue. Je vois, je ne te manquerai pas à toi non plus... Merci quand même de ta franchise. Après tout, mon géniteur a tué ton amour, l'ampli.

Je me lève et pose mon instrument contre son défunt compagnon. Ça me brise le cœur de les voir ainsi, ils s'alliaient tellement bien ensemble... Elle était la justesse et lui la puissance... Une belle harmonie qui donnait des sons avec un bon caractère.


Je me cale sur mon bureau, j'attrape un crayon, je dessine. Un portrait, comme à mon habitude. Je commence par la construction, un cercle, un trait qui le coupe...  Les gens qui regardaient mes esquisses par dessus mon épaule me disaient que j'avais un réel talent. Mais je suis un éternel insatisfait.J'attaque les yeux, ils regardent le spectateur... "Regarde-moi, regarde ce que je suis, regarde à quel point je suis sans importance"... Sans même avoir ajouté de détails, j'arrache ma feuille, la chiffonne, la déchire même, avant de la balancer dans la petite poubelle déjà pleine de coups de crayons ratés.

Il n'y a pas que mes coups de crayons qui sont ratés d'ailleurs.


Il est 19H, je mets de la musique dans mes enceintes, parce qu'il n'y a que ça à faire avant de mourir, se détendre et faire son propre deuil.

Je décide d'écouter des groupes que je n'écoutais plus trop ces temps-ci... Issues, Muse, Memphis May Fire... J'aime leur sonorité, allier la force des guitares à la douceur de la voix, ça me rappelle d'autant plus Noï et moi. Désolé petite... J'avais promis de venir te voir sur scène... Je ne tiendrai pas cette promesse.


Marre de tourner en rond dans mes réflexions, je vais prendre une douche, ce sera mon dernier plaisir avant de mourir.

J'ai teint mes cheveux en noir, il restait de la coloration dans un placard. Noï l'avait laissé ici. Dire qu'elle passait son temps à squatter à la maison à l'époque... A répéter nos musiques, à chanter ensemble, à s'ennuyer collés l'un à l'autre sur mon lit... Même si au fond, rien que le fait d'être tous les deux me plaisait. Mes yeux bleus devraient changer de couleur aussi facilement que mes cheveux... Au diable le bleu. D'ailleurs, je devrais rejoindre Lucifer, vu que je vais me suicider, t'entends ça l'ami, garde-moi une place au chaud !


23H, la musique tourne toujours, même si les groupes ont changé, System Of A Down, Fall Out Boy et Vant. J'ai beaucoup attendu, je pense qu'il est temps.

Je retourne dans la salle de bain en carrelage bleu, beurk. Je vide le tiroir rempli à ras bord de tout type de médicaments, la plupart sont dans des boîtes blanches que j'ai envie de noircir : doliprane, smecta, tercian, exomil... J'avale chaque comprimé de chaque plaquette, chaque sachet de chaque boîte, chaque sirops... Mon estomac ne pourra pas se remettre de ça.


 Je ris nerveusement avant de me caler dans la couette la plus douce de la maison, sur mon lit, avec la seule photo intacte qu'il me reste e Noï et moi. Je vais enfin quitter ce monde, je ferme les yeux doucement, tombant dans un sommeil létal.

D'ici quelques heures, seul mon corps subsistera.

Penser que c'était fini...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant