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Les mains fourrées dans les poches de mon manteau en cuir, je rentre dans ce grand bâtiment abandonné qui me faisait face où plusieurs tags ornent les murs en béton. À l'intérieur du couloir, une musique flotte dans l'air. Un peu plus loin une porte métallique se dresse en face de moi. Je l'ouvre, laissant un grincement strident résonner dans cette longue pièce vite recouvert par le son qui remplit l'immense salle aux jeux de lumière. Un nombre incalculable de personnes se trouvent là, à danser un collé-serré sans aucune gêne apparente, seule l'euphorie se lit sur leur visage. L'odeur de l'alcool flotte dans la pièce et se mélange à toutes sortes de parfums qui vont sûrement s'imprégner sur mes vêtements. Retroussant mon nez à cause de la puanteur qu'elle provoque, je me fraye un chemin parmi la foule. Beaucoup d'hommes serrent contre eux leur compagne de nuit en me lançant des coups d'œil qui traduisent clairement que je les dérangeais dans leur technique de drague ridicule. Je leur réponds simplement par un regard ténébreux et continue de marcher jusqu'au bar. Enfin près de celui-ci, je commande au barman, assez baraqué, un shot. Il me lance un regard aguicheur que j'ignore royalement, pas le moins du monde intéressé.
Je pose le verre que je viens de boire cul sec d'un mouvement brusque sur le comptoir et lui fais signe que je veux une deuxième boisson alcoolisée. Il m'en sert une quelques secondes plus tard et je m'écarte du bar pour prendre place sur un des canapés éparpillés ici et là dans la boîte de nuit mais relativement éloignés les uns des autres. C'est les yeux dans le vide et en remuant le contenu de mon verre que je plonge dans mes pensées les plus profondes au sujet de mon meilleur ami.
Depuis maintenant quelques semaines il me fait ressentir des sentiments nouveaux envers sa personne et cela m'effraye de ne pas pouvoir mettre un nom dessus ou plutôt de vouloir les assumer, je me voile la face et n'accepte pas le mot qui les qualifie. Les papillons dans le ventre, les frissons quand je le touche, l'envie constante de l'avoir dans mes bras, l'envie de poser mes lèvres sur les siennes, son corps, tout chez lui me hante un peu plus chaque jour, me consume. Mais comment faire face à tous ces sentiments ? Et s'ils n'étaient pas réciproques ? Je le perdrais à coup sûr, je pourrais même le répugner qui sait. La confiance implacable que j'avais avait vite disparu...
Un poids se fait sentir sur mes jambes, mes yeux s'accrochent à ceux qui me font face. Le visage complètement fermé, je toise la femme qui vient de s'inviter tranquillement sur moi, en bougeant son popotin. Mon mécontentement se lit clairement sur les traits de mon visage.
-Alors mon beau, on est tout seul ?
-Dégages, dis-je durement de mon ton arrogant.
Sans plus de cérémonie elle part en me lançant un regard méprisant, heureusement qu'elle n'avait pas de verre avec elle sinon elle m'aurait sûrement balancée le contenu au visage.
Mes prunelles sombres voyagent de visage en visage et ma course s'interrompt sur une tête qui n'a plus aucun secret pour moi. Qu'est-ce qu'il fait là ? Cet endroit n'est pas fait pour lui. Sa petite touffe blonde oscille de droite à gauche tout en s'avançant dans la foule comme s'il était à la recherche de quelqu'un. Il essaye de passer entre les multitudes de personnes sans les toucher, tout timide. Alors qu'il passe près d'un couple de danseur l'un des deux hommes pose sa main sur son derrière le faisant sursauter. Il ne m'en fallait pas plus pour que je me lève et me dirige vers l'homme qui me hante. J'attrape son poignet et le colle à mon torse, un bras autour de ses hanches alors que de mon autre main, je tiens le poignet du pervers d'une poigne ferme.
