[ chapitre 4 ].

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Lucas posa violemment les bandages sur la table avant de se laisser tomber au fond d'une chaise. Le bouclé déjà assis leva les yeux de ses papiers et le dévisagea, l'air amusé.

- Mauvaise journée ?

Ce n'était même pas une question, Sofyan se foutait de sa gueule. Lucas leva les yeux au ciel et s'apprêtait à partir sans lui répondre quand il vit ce qu'il avait entre les mains. Une carte gribouillée de rouge et de bleu.

- Je croyais qu'on avait déjà fini de sécuriser les alentours.

- C'était le cas jusqu'à ce que j'écoute la radio et que j'tombe sur une fréquence utilisée.

- Un fréquence uti..-

- C'était vraiment haché mais j'ai pu capter quelques infos, regarde.

Sofyan se pencha vers lui et pointa de son doigt une grande plaine. Un étrange sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'il fixait le brun.

- Je crois qu'il y a des gens là.

Lucas ne put que froncer les sourcils à cette nouvelle, il ne comprenait pas. Sofyan, qui devait s'en douter, poursuivit.

- C'est impossible, je sais. On voit la plaine à des kilomètres à la ronde et jamais on a vu, ne serait-ce que l'ombre d'une tente.

Lucas secoua la tête. Ce que disait Sofyan était stupide. Il avait parcouru les bords de cette endroit des dizaines de fois. Rien qu'aujourd'hui, il y avait fait un allé retour.

- Je compte m'y rendre avec Amine, en observation.

- Si il y a vraiment quelqu'un, il se cache bien..

- Et c'est sûrement pas pour échapper aux haters.

Lucas s'appuya contre le dossier de sa chaise et soupira. Il avait à peine le temps de souffler qu'un nouveau problème lui tombait dessus. Le bouclé se remit à gribouiller une idée qui lui avait traversé l'esprit, ignorant totalement Lucas qui commençait à divaguer.

Il fut brusquement sortit de ses pensées par un bruit sourd et métallique et des voix étouffées. Ou plutôt des rires. Lucas soupira à nouveau.

-Eh Sofyan ! On va s'amuser ce soir, tu viens ? Lança Maxence, rapidement suivit par les encouragements de Seb et Amine.

Les yeux du bouclé s'illuminèrent brusquement alors qu'il se redressait.

- Carrément ! S'exclama-t-il en lâchant son stylo.

- On prendra la jeep.

Maxence souriait bêtement et sautillait, le bras de Seb autour de ses épaules. En même temps, cela faisait des semaines que le groupes carburait et ils manquaient cruellement de divertissements. Le mental ne supportait pas longtemps d'être constamment enfermé et sur ses gardes. Le grand châtain eut soudainement envie de rire quand un raclement de gorge le coupa dans son élan et une voix attira leur attention.

- Adèle vous laissera jamais faire.

- Bien sur que si, s'empressa de répondre Seb au petit brun toujours assis. Elle vient même avec nous, c'est pas trop cool ?

Lucas fronça à nouveau les sourcils, et pas simplement parce que Seb s'amusait avec le bandage qu'il avait ramené.

- Comment ça elle vient avec vous ? Elle supporte pas vos conneries.

Seb se contenta de hausser les épaules en déroulant le bandeau.

-Faut croire que maintenant si.

Le brun se tourna rapidement vers Sofyan, un regard rempli de reproche. Il devrait plutôt s'occuper de ses mystérieux intrus dans la plaine au lieu d'aller risquer bêtement sa vie pour quelques minutes de rire. Seulement le bouclé n'en avait que faire. Il replia rapidement sa carte et lança son plus beau sourire à ses amis. Exaspéré, Lucas arracha son bandage des mains de Sebm.

- Touche pas à ça !

Puis il sortit, agacé et les poings serrés sous le regard perplexes de ses coéquipiers. Un intérêt qui ne dura pas tellement au vu de l'impatience des quatre garçons. Ils ne désiraient qu'une chose; sortir s'amuser.

Leur comportement énervait Lucas. Il s'était senti si faible pendant des mois, incapable de tenir une armes entre ses mains et les yeux brûlés de larmes, qu'à présent, la simple idée de se reposer le terrifiait.

Alors oui, il n'arrivait pas à comprendre comment ces garçons pouvaient s'amuser alors que lui ne parvenait même plus à sourire. Et Maxence qui lui répétait sans cesse qu'ils n'étaient pas là pour chialer mais seulement pour survivre. Foutaise. C'était de sa faute si maintenant les fondations de son cœur étaient ensevelis de plomb.

Flashback

Les yeux brouillés et le teint terne, Lucas regardait l'horizon à travers sa fenêtre. C'était silencieux, inerte, flippant. Le poids de l'abandon sur les épaules l'enfonçait toujours un peu plus malgré le sourire de ses nouveaux.. amis ?

Ils l'avaient bien accueilli, eux. Les survivants avaient tout de suite dégagé quelque chose de chaleureux, si bien qu'il en avait presque oublié l'arrogance de Maxence.

Enfin jusqu'à ce que celui-ci les lui rappelle dès le lendemain avec ses « entraînements pour tenter d'être un peu moins faible et avoir moins de chance de crever à peine un pied dehors ». Et c'était malheureusement loin d'être la seule remarque pesante que le châtain lui avait craché au visage.

" - T'es vraiment une fillette.

- Bouge toi un peu, même un haters sans jambes t'aurait déjà bouffé.

- Y'a vraiment rien à tirer d'un faible comme toi. "

Lucas souffrait en silence et s'accrochait comme il pouvait aux entraînements, parce qu'au fond, il en avait besoin et il le savait.

- Ils sont morts.

Lucas sursauta à l'entente de ses mots. Il se retourna brusquement vers le châtain qui se tenait dans l'embrasure de la porte et le regarda sans vraiment comprendre le sens de ses propos.

- Ta famille, précisa Maxence face à son regard perdu. Ils sont tous morts.

- Co.. Comment tu peux.. ?

Sa voix s'était instantanément brisée, tout comme le reste des fragments de son cœur. Cette idée le hantait jours et nuits. Il en dormait à peine et quand il y parvenait, c'était seulement grâce à la fatigue. Et maintenant, l'entendre à voix haute c'était l'effet d'une tondeuse qui aurait déchiqueter son coeur. Cela venait de l'achever.

Maxence haussa les épaules à sa question mais ne quitta ses yeux du regard.

- J'en sais rien, mais faut que tu te fasses une raison.

Le plus petit serra les poings. Maxence avait le culot de lui foutre la mort de sa famille en pleine gueule sans aucune raison. Ou peut être si, Maxence le détestait et voulait qu'il souffre. C'était la seule foutue raison logique. La colère lui piquait la gorge alors que ses ongles faisaient discrètement saigner ses paumes.

- Tu n'as aucune preuve.

- On s'en branle Lucas. Tu dois l'entendre, le croire. Puis de toute façon, c'est sûrement vrai alors..-

- Arrête !

Maxence foudroya le brun du regard. Ce petit con devait comprendre un peu le monde dans lequel ils vivaient. Ses sombres pupilles recouvrirent rapidement le doré de ses yeux.

Lui aussi semblait bouillonner de l'intérieur. Il s'approcha dangereusement de Lucas, qui avait finalement été quitté par la colère pour être envahi par la peur.

Haters ( luxenss bxb )Where stories live. Discover now