[ chapitre 17 ]

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- Je crois que jl'aime.

Et ces paroles eurent le goût d'un métal froid et tranchant contre ses lèvres.

- Noon ? Pour de vrai ? Ironisa Robin de l'autre côté du couloir.

Lucas tourna la tête vers lui et le foudroya du regard. Certes il avait mis du temps à s'en rendre compte mais il avait au moins mille excuses. Être tout le temps interrompu par d'autres groupes qui convoitaient leurs nourritures, leurs armes ou même leurs vies par exemple, ou tout simplement le fait que Maxence soit un idiot insupportable qui lui prenait constamment la tête. Max quant à lui, haussa les épaules et lui offrit un sourire compatissant.

- En espérant que Maxence ne mette pas dix ans de plus.

Lucas ne répondit pas. Il détourna le regard de ses amis et se mordit la lèvre. Une part de lui voulait y croire. Elle se disait que le comportement du survivant à son égard témoignait d'une forme d'amour, que s'il était aussi exécrable par moment, c'était par peur. Seulement, Maxence avait toujours agit plus ou moins de cette manière avec Lucas. Les regards mauvais, les piques puis soudainement de l'aide; c'était les conditions de leur rencontre. Entraîné dans un conflit intérieur, Lucas laissa tout l'air de ses poumons s'échapper. Pas assez de courage et trop de fierté pour affronter le châtain, il préféra fermer les yeux et attendre. Après tout, ils n'avaient rien de mieux à faire.

- Dites les gars, vous savez ce qu'ils ont fait de Gibsy ?

- On s'en fout de lui, grogna Lucas. Moi j'veux savoir ce qu'ils ont fait de mon Natsu.

- Il est peut-être à l'infirmerie. Il était dans un sale état quand ils sont arrivés.

- Ça doit sûrement être ça. Ils ont pas hésité pour Maxence.

Max posa son front contre les barreaux de sa cellule et traça distraitement des cercles dans la poussières. Robin mâchait nerveusement ses joues en cherchant une quelconque raison à l'absence de leur coéquipier.

- N'empêche, on l'a même pas vu à l'arrivée. T'as dû sacrement l'amocher Lucas.

Le concerné leva les yeux au ciel exaspéré. Il souffla bien fort pour leur faire comprendre que ça ne l'intéressait pas puis leur tourna le dos. Max réprima un rire face à son attitude avant d'ajouter :

- Il l'avait un peu cherché. On aurait pu mourir à cause de lui. Il était vraiment agressif, bien plus que d'habitude.

- Tu rigoles ? Depuis qu'on l'a retrouvé après sa disparition, il a toujours été excessif.

Sa disparition ? Lucas se redressa brusquement.

- Il avait disparu ?

- Ouais, quelques mois avant de vous trouver. On s'était réveillé et il était plus là. On a pas tout de suite compris, il avait emporté des armes et des vivres. Concrètement, il s'était fait la malle. Sauf que Gibsy ne serait jamais parti seul. Il faut être taré pour s'aventurer dans ce monde en solitaire.

- Pourtant c'est ce qu'il a fait, compléta Robin. Il nous a laissé en plan en volant la moitié de nos ressources. Mais on l'a recroisé deux mois plus tard, couverts de sang et d'hématomes. Il nous a avoué qu'il s'était enfuit pour ne pas nous voir mourir. Il préférait soit disant affronter ces horreurs seuls mais.. je sais pas, ça lui ressemblait tellement pas. Il avait changé.

- Il était plus nerveux, plus susceptible et agressif.

- On s'est dit que ce petit séjour en solitaire l'avait « traumatisé », tenta d'expliquer Robin en ralliant la parole aux gestes.

Lucas resta interdit quelques secondes, laissant les informations s'imprimer dans son esprit.

*

- Tu devrais t'en remettre assez vite, j'ai fait du bon boulot.

Maxence hocha la tête en guise de réponse. Il ne prenait pas trop attention à Martin qui lui parlait déjà depuis quelques minutes mais observait attentivement tout ce qui l'entourait. En soit, une simple infirmerie comme on peut en trouver dans un lycée. Son but à présent était de trouver un moyen de se débarrasser de son soigneur, de trouver des armes et des alliés puis de sauver Lucas. Rien de bien compliqué finalement.

- Maxence c'est ça ? Tu viens d'où ?

Maxence détourna le regard des armoires remplies de médicaments pour le poser sur son interlocuteur. Martin était debout en face de lui, un sourire éclatant sur les lèvres. Maxence se surprit à penser qu'il ressemblait à un petit animal naïf.. Naïf et si facilement manipulable.

- Au nord de Nîmes, entre les petits villages, répondit Maxence après un silence qu'il fit oublier avec ses lèvres.

Il se doutait que son visage soit un peu sale et blessé et que son sourire ressemblait à une grimace mais Martin ne lui fit aucune remarque. Au contraire, ses pommettes remontèrent plus franchement alors qu'il s'approchait pour s'asseoir à ses côtés.

- C'est drôle parce qu'il y a quelques temps, d'autres pers..-

- Tu te plais ici ? Le coupa le châtain, pas le moins du monde intéressé par ses histoires.

Certes, avoir le soigneur dans sa poche était une bonne idée mais perdre du temps l'était moins. Voyant que Martin s'était brusquement tut et qu'une ombre couvrait ses yeux, il s'excusa avec un petit sourire. Le voile dans son regard se dissipa sans pour autant qu'il perde son air soucieux. Maxence venait-il de mettre le doigt sur un point sensible ?

- Oui, finit par bredouiller Martin. Il y a de la nourriture, des murs et j'ai même un boulot.

- Et tu penses quoi de mon arrivée ici ?

Pour le coup, Martin aurait pu le voir venir. Mais comme d'habitude, tout lui parvenait d'un coup, violemment et en plein dans ta face.

- Bah.. il suffit de coopérer.

- On nous a pas vraiment laissé le choix.

- On vous l'a pas encore proposé, je sais que c'est pas très correct de vous enfermer mais ils viendront bientôt voir ton groupe avec un arrangement.

- Je parle pas de mon groupe, mais de celui dont je faisais partie avant. Un grand groupe, avec des enfants, des familles, des gens qui ne se contentaient pas de survivre mais qui vivaient. Et que ton groupe a entièrement tué.

Martin se leva brusquement en secouant la tête. Il passa ses mains nerveusement sur son visage puis dans ses cheveux, à présent transpirant.

- Comment tu peux être sur que c'est..-

- Valentin.

Maxence étudia chacun de ses gestes, il voyait que Martin supportait peu ces informations et sentait bien qu'il avait de plus en plus de mal à remplir correctement ses poumons. Peut-être que Martin allait craquer. Il pourrait pleurer parce qu'il déteste la façon dont son groupe agit ou alors se mettre soudain en colère contre leur chef. Tout ce que Maxence attendait, c'est que Martin l'aide, et non qu'il fasse une crise de panique.

Finalement, Martin fébrilement un talkie-walkie de sa poche et le porta près de sa bouche.

- Euh.. Le prisonnier peut retourner en cellule, vous pouvez venir le chercher.

Donc il fuyait.

Maxence soupira, déçu. L'appareil dans les mains de l'infirmier grésilla.

- Ça marche Martine, j'envoie quelqu'un.

Puis le dit Martine l'éteignit rapidement. Il n'osa pas lever les yeux vers Maxence et se contenta d'attendre, ta tête basse. Quant à Maxence, il sembla étrangement perplexe. Cette voix à travers l'engin lui disait quelque chose. Puis la porte s'ouvrit et Cyril entra. Un rire moqueur à l'encontre de Martin et une poigne ferme pour Maxence, il ne perdit pas de temps. Maxence eut à peine le temps de lancer un dernier regard lourd de sens à Martin avant d'être embarqué.

Puis frappé. Parce qu'il ne fallait pas que l'infirmier fasse trop bien son travail avec de simples prisonniers.

Haters ( luxenss bxb )Where stories live. Discover now