J'ouvris vaguement un œil en sentant une ombre me cacher le soleil. Notre père fronça les sourcils en nous voyant ainsi étendu sur le sable. Sa voix rauque claqua dans l'air du matin :- Vous n'avez pas mieux à faire ? Wago, c'est toi qui m'accompagnera à la pêche aujourd'hui. Khyr, tu ne devais pas aller relever les collets que tu as laissé dans la forêt ?
Il leur adressa un regard sévère avant de se tourner vers moi.
- Et toi Taka, tu ne voulais pas aller jeter un coup d'œil sur la plage pour trouver quelques fruits de mer que l'on puisse manger ?
On se leva sans trop rechigner, après tout ce que l'on ramènera à la maison ce soir constituera notre repas. Khyr regagna la maison pour chercher ses outils de chasse avec un pas joyeux, le ciel bleu et le soleil devaient y être pour beaucoup. Wago bomba le torse, fier d'avoir été choisit pour aider notre père. Du haut de ses dix ans, il se prenait déjà pour un homme.
Je suivis d'un pas tranquille mon grand frère pour aller chercher des sceaux et mon couteau. Dès que je m'approchais de la mer seule je gardais une arme sur moi Je jetai un coup d'œil à la lame de près de vingt centimètres et me sentis plus rassurée. C'était Khyr qui me l'avait offert en cadeau à mon 18ème anniversaire. Je la glissai à ma ceinture, saisit deux sceaux vides et allai rejoindre Khyr.
Celui-ci me fit un sourire en coin et on se mit à longer la côte ensemble en saluant les gens que l'on croisait sur notre chemin. L'on passait ainsi devant la majorité des habitations que constituaient notre village. Comme à son habitude, mon frère arborait un large sourire et faisait mine de s'incliner devant chaque femmes du village qui passait à proximité. Je lui donnai un coup de coude dans les côtes :
- Tu pourrais arrêter de faire le bouffon du conte de Valrhin ! Continue comme ça et tu vas te retrouver comme lui ; seul et une dague dans le ventre.
- Oh ça va Taka ... je ne suis pas aussi stupide que lui. Je sais très bien qu'il faut éviter de courtiser plusieurs femmes en même temps, surtout si l'une d'entre elles est une maître espionne ! Je me contente simplement d'être agréable à toutes ces dames, répliqua-t-il en me rendant mon coup de coude. D'ailleurs tu devrais peut-être essayer de sourire un peu aux célibataires du village, je suis sûr qu'ils a-do-re-raient.
Je grimaça. Ce n'était pas la première fois qu'il me donnait ce genre de conseils. Je savais que, du haut de mes vingt ans, je me devais commencé à penser au mariage, mais je ne me sentais pas encore prête.
J'avais remarqué que les regards que posaient hommes de Biwa sur moi avaient changé depuis quelques années. Je n'étais plus la petite maigrichonne aux cheveux toujours emmêlés que j'étais adolescente. Je faisais désormais plus attention à mon apparence, allant même parfois jusqu'à maquiller légèrement mes yeux noisettes avec une fine ligne noire pour les grandes occasions comme les mariages ou les grandes festivités de l'été. Le maquillage restait une denrée précieuse et coûteuse que l'on devait acheter aux rares marchands provenant de la capitale qui se rendaient jusqu'à Biwa.
Chaque matin, je prenais soin de toujours bien démêler ma longue chevelure brune et de la coiffer dans le chignon que portait toutes les filles de bonne famille. Porter ses cheveux librement sur ses épaules était plutôt vu comme une chose sale et négligée, mais j'avais toujours adoré la sensation de liberté que cela me procurait.
Bien que ma mère me coiffait chaque matin quand j'étais plus jeune, je finissais toujours par revenir à la maison avec les cheveux détachés et plein de nœuds. C'était un sujet continuel de disputes entre nous deux, mais je redéfaisais mes cheveux, chaque jour, dès qu'elle avait le dos tourné. Une petite bouffée de tristesse mélangée à de la nostalgie monta en moi à ce souvenir.
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L'être des eaux [Publication lente]
FantasyJe vis dans l'Anse aux sirènes depuis toujours. C'est l'endroit qui recense le plus grand nombre d'attaques des êtres des eaux dans Sadric. Les bateaux disparaissent s'ils s'éloignent trop du rivage et les pêcheurs de notre village vivent toujours d...