Ils ne se regardaient pas, et ne se parlaient pratiquement pas. Quelques paroles parfois jetées au vent, afin de comprendre l'opinion de l'interlocuteur dans des situations où ce dernier n'acquiesçait pas. Malheureusement, leurs pensées n'étaient que très rarement communes.La dualité des personnages, aux parcours contradictoires mais aux passions similaires, se caractérisait par un jeune prodige de la médecine venant à peine de sortir de l'université, et un autre homme plus âgé de quelques années mais déjà dévoré par le poids de longues et lourdes années de labeur.
Deux personnalités bien contrastées et qui, malgré leurs multiples différences, étaient parvenues à trouver un terrain d'entente. Enfin, ne citons pas la violence des mots utilisés, ayant obligé l'un à se soumettre aux désirs de l'autre.
─ Ça ne sert à rien de converser plus longtemps, souffla le scientifique, ils t'interdirons de l'approcher.
─ C'est ma mère, répliqua le garçon.
─ Elle n'est pas la seule dans cette situation, ils sont des centaines désormais, et bientôt des milliers.
─ Qu'auriez-vous fait si c'était votre mère ?
─ Je n'ai plus rien à te dire, rétorqua le noiraud, la discussion est close.
L'échange n'avait opéré aucun regard de la part de Yoongi, seul celui du jeune garçon demeurait ancré sur la maigre silhouette du scientifique. Face aux paroles d'un homme qu'il considérait plus mature et intellectuel que lui, le brun s'obligeait à demeurer interdit.
L'exaspération, voilà ce qu'il ressentait. Cela faisait quelques jours qu'il côtoyait cet homme, et il n'avait pas encore réussi à analyser son système de pensée, lui qui observait continuellement ce qui lui entourait. Yoongi était à ses yeux, un mélange d'intelligence, de mystère et d'imprévisibilité sans saveurs.
Le beau brun souffla, se résolvant aux ordres de son supérieur sans oser répliquer un mot de plus par peur de se faire une nouvelle fois réprimer. Il s'appropria une chaise afin de pouvoir se placer aux côtés de l'intellectuel, scrutant ce dernier d'une expression inquisitrice.
D'une façon que Yoongi jugea beaucoup trop nonchalante et impolie, le plus jeune s'était littéralement étalé sur son bureau. Mais désormais habitué à ce genre de comportement enfantin, il le laissa agir.
Sa tête avait pris refuge sur son propre bras où sa joue écrasée demeurait. De cette façon, Taehyung put facilement dévisager son collègue d'un air factice de désintérêt. À ces manières désobligeantes, le scientifique opposa un long soupir agacé.
Sur le visage du noiraud, des traits de fatigue visiblement importants décalaient la tendresse presque pure que renvoyait son faciès opalin, nota intérieurement Taehyung qui ne cachait absolument pas son intérêt à admirer les choses qui méritaient son regard.
─ À force de vouloir sauver le monde, vous négligez votre santé.
─ C'est pour me dire ça que tu es venu t'étaler sur mon bureau ? souffla Yoongi.
─ Vous vous couchez toujours plus tard que moi, et quand je me réveille, vous n'êtes jamais présent.
─ Le monde est en danger.
─ Vous travaillez trop, termina Taehyung.
Yoongi observa son interlocuteur auquel pour l'instant, il n'octroyait aucun intérêt particulier. Et si ce regard fut l'un des seuls dont Taehyung eut droit, ce ne fut pas l'un des plus agréables. Encore une fois, Yoongi illustrait une neutralité impassible et irritante. Néanmoins, son air supérieur s'affaissa par la naissance d'un faible rictus.
─ Je rêve où tu t'inquiètes pour moi ? s'enquit Yoongi.
─ Laissez moi vous apporter votre café, mon cher et tendre, plaisanta le beau brun en guise de réponse.
À la remarque du scientifique, Taehyung avait réprimé un spasme amusé qu'il ravala dans l'immédiat. De l'inquiétude n'était pas ce qui pourrait précisément qualifier son ressenti. Mais, quelque chose semblant plus à une simple constatation accompagnée d'un conseil implicite, s'obligea-t-il à penser.
Yoongi quant à lui, se contenta de soupirer -encore- face à cette non-réponse remplie d'ironie qui ne fit que l'irriter un peu plus. Il claqua d'ailleurs sa langue contre son palet, signe symbolique dévoilant de son agacement. Ce petit tic n'échappa pas au jeune homme qui, après avoir ramener son café à Yoongi, lui offrit un faible sourire.
─ Taehyung, il est temps pour moi de rentrer en Amérique, annonça-t-il. Je pense avoir trouver quelques pistes.
─ Oh, je... marmonna le brun. Mh, pensez-vous que ma mère pourra être guérie à temps ?
─ Je ferais tout pour que ce soit le cas, mais je ne peux te donner une réponse concrète.
À ces mots, Yoongi se redressa, et commençait déjà à ranger toute sa paperasse ainsi qu'à faire sa valise sous le regard du jeune homme qui épiait ses faits et gestes tel un aigle scrutant sa proie. Ce dernier ne semblait pas particulièrement à l'aise, et cela n'échappa pas au scientifique.
─ Eh, Taehyung. Tout va bien ?
─ Buvez au moins votre café, souffla-t-il.
─ Je ne comptais pas le laisser refroidir, répondit Yoongi. C'est donc ça qui te perturbait autant ?
Que lui prenait-il, tout à coup ? Les sourcils froncés et la mine dubitative, le plus âgé ne chercha pas plus longtemps à comprendre le comportement du garçon et se contenta de boire d'une traite son café, sous l'expression maintenant placide du jeune homme. Une grimace déforma les fins traits de son visage.
─ Ce café est écœurant.
─ Trop aimable.
Plusieurs minutes passèrent, lentes, pendant lesquelles Yoongi s'affaissait à ranger la pièce avant son départ. Mais, une désagréable lourdeur s'empara de l'anatomie du plus petit, l'obligeant à perdre la fonction de ses membres principaux. La tasse désormais vide glissée entre ses longues phalanges, Taehyung observait son collègue vaciller faiblement, avant d'exécuter quelques pas vers ce dernier.
Qu'est-ce qu'il m'arrive ? songea Yoongi, incrédule. Assommé par un poids dont il n'arrivait plus à se débarrasser, le noiraud manquait de tomber sur le tapis bordeaux qui ornait la chambre. Taehyung profita de cet instant pour agripper son frêle corps qui chancelait désormais entre ses bras.
Un piège à sourires, à murmures, à douceurs. Un espiègle masque de déchéance comblé par des peurs humaines. Des lèvres restituant au centuple les paroles d'un insurgé angélique, murmurèrent alors à l'oreille de l'esprit implacable d'une tendresse déguisée :
─ Bonne nuit, Yoongi.
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R-0 ; taegi
Fanfiction《 min yoongi est l'un de nos meilleurs scientifiques. monsieur kim, nous vous sommons de collaborer et de le libérer. 》 - inspiré du film Contagion -