Chapitre 1

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Je me réveillais pour la énième fois sur le lit grinçant et poussiéreux de l'auberge "Au Pic D'Or". Mes muscles endoloris me faisait bien sentir que les nuits sur ce matelas aussi dur que de la pierre n'étaient pas du tout reposantes. Mais que voulez-vous.. Un elfe comme moi ne pouvait pas se permettre le luxe d'un bon lit douillet dans une taverne luxueuse. La pièce était lugubre : les murs étaient striés de fissures plus ou moins longues, un tapis miteux bruns jonchait le sol et même les meubles qui étaient "neufs", d'après l'aubergiste, donnaient l'impression de vouloir s'écrouler à chaque instant. 

Après m'être étiré de tout mon long, je décide de me lever. Le lit m'accompagne d'un long grincement d'agonie, semblable à une plainte d'animal blessé. Mes affaires était toujours posées au même endroit : une chaise au bois pourri par le temps et l'usure, coincée entre deux étagères vides et pleines de toiles d'araignée. Je baisse mon regard vers mon torse et remarque que je ne porte qu'une tunique noire, me recouvrant du cou au milieu des cuisses. 

J'attrape rapidement un pantalon moulant noir, l'enfile, puis glisse mes pieds dans des bottines en cuir souple et me dirige vers la porte. C'est en posant la main sur la poignée que je me rends compte que j'avais oublié le plus important, mon épée. Elle était accrochée au pied du lit, n'attendant que ma main pour la prendre et l'emmener. En deux pas, je récupère mon arme dans son fourreau et noue la ceinture autour de ma taille. J'en profite pour jeter un oeil dans le miroir mural de la chambre. Il renvoie l'image d'un jeune homme, la vingtaine, fin pour sa taille, le teint pâle caractéristique des elfes, de grands yeux rouges et des cheveux noirs, courts, en bataille, une allure fière mais d'énormes cernes. Je tire la langue au reflet et sors de ma chambre.

Les autres chambres de l'auberge et la mienne se trouvaient à l'étage, il devait y en avoir cinq ou six. Je n'avais jamais vraiment fait attention, personne n'y faisait attention, même le patron derrière son comptoir n'en savait rien et se trompait souvent. Mais ce qui était sûr, c'est que ce n'était jamais complet. Seules les épaves comme moi dormaient ici, c'est pour ça que lorsque j'atteint le bas des marches dans la grande salle du bar, l'aubergiste me lance un regard très amical et désigne du menton une table qui m'est réservée. Dans un coin près d'une fenêtre. 

Idril, le barman et accessoirement le patron de cet auberge de fortune, me rejoint à la table en restant droit comme un poteau, attendant ma commande matinale. Il a beau savoir que le matin je ne fais que boire un verre d'eau accompagné d'une petite coupe d'alcool, il s'oblige à chaque jour venir à ma table. 

- Qu'est-ce que je peux te servir mon bon Kriss ? chanta-t-il, son carnet de commande à la main
- Tu sais exactement ce que je prends, pourquoi t'obstiner à venir me le demander à chaque fois ?
- Pour maintenir quelque chose dont tu as horreur.. Le contact avec les gens.

Il tourna le dos et partit derrière son comptoir pour me servir les précieuses boissons qui me tiendraient éveillé pour la journée. Pendant les quelques minutes d'attentes, mon regard se dirige vers l'extérieur et observe la rue qui se réveille doucement. Quelques passants matinaux défilent à lente allure, comme si ils avaient le temps de flâner, d'autres, plus pressés, semblaient être en retard quelque part mais on ne savait où. 

La petite ville de Dwynn était une ville entourée par la forêt, la plupart des marchandises qui se vendaient à l'intérieur des remparts étaient des minerais, du bois et de la nourriture tirée de récolte ou de la chasse. Celle-ci était réglementée. Quand quelqu'un ramenait du gibier, il se faisait immédiatement arrêter aux portes de la ville, car il n'y avait qu'un accès et il était gardé jour et nuit par de féroces sentinelles. Il fallait alors avoir un papier certifiant la permission de chasser et seulement après, le chasseur et son butin pouvaient passer. Mais si ce n'était pas le cas, l'acte était considéré comme du braconnage et non seulement le coupable se voyait priver de son bien mais aussi jeter dans une cellule pour quelques jours, la durée changeait selon l'humeur du gardien. 

J'avais déjà tâté du sol des cellules de la milice pour avoir "voler", comme ils disent, du gibier au seigneur de Dwynn. Ils n'ont aucune pitié, j'avais chassé un écureuil parce que je mourrais de faim mais j'avais beau le prétendre, les sentinelles ne voulaient rien entendre et m'ont jeté sans un mot sur un sol pavé, froid, malodorant et entouré de barreaux de fer. 

Idril me tire de mes pensées en posant bruyamment un petit plateau de bois, contenant mes deux boissons, devant moi. Je le remercie et bois très rapidement la coupe, puis le verre. Mes pas m'emmènent rapidement dans ma chambre où je récupère une cape noire, puis redescend tout aussi vite. 

Après avoir déposé ce que je devais à Idril pour les consommations, je file comme le vent à l'extérieur. Aujourd'hui va être une journée mouvementée!

Aep Order Arkésia - Le commencementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant