「gaugetoy」

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«Maman, je peux avoir un bout?» demandais-je en tirant sur sa manche.

Ladite mère se retourna, un air méprisant collé au visage, avant de m'asséner une forte tape au front, me faisant tomber à la renverse, mon dos rencontrant lourdement le parquet dans un claquement sourd, tandis que les adultes riaient.

Que trouvaient-ils de si drôle, en voyant un pauvre enfant, méprisé par ses parents, avec peut être une blessure grave ou autre? Ces gens n'étaient que des ingrats, des égoïstes, et je me demandais souvent comment pouvais-je partager même une goutte de mon precieux sang avec eux.

Mon état s'était dégradé, et, depuis quelques temps, j'avais pour occupation de retranscrire les chiffres numériques diffusés par la balance, sur un graphique; inutile de dire que les traits allaient vers le bas.

Je m'allongeais donc sur le matelas, entourant de mes maigres bras mes genoux, et le tas d'os me servant de jambe, mes pensées divaguants sur différents sujets que je trouvais incompréhensibles.

« P-pourquoi, maman, pourquoi? Tu ne m'aimes pas?» Mes croissants de chair tremblaient, et l'ensemble de mon corps frêle était pris de sursauts, tandis que de mes yeux embués s'émanaient des perles salées. « Je ne suis pas à ton goût?»

Pourquoi tous mes souvenirs sont-ils si sombres? Pourquoi veulent-ils me faire rejoindre les ténèbres?

Le jouet à bascule s'inclina, m'y plongeant dedans; comme s'il aurait entendu ma pensée, et voudrait rajouter un peu de cruauté dans ce moment déjà monotone. J'essayai, en vain, de le faire bouger, ne serait-ce que d'un centimètre.

Alors que je m'acharnai, mouvant dangereusement de haut en bas, un petit bruit de sonnette retentit, et une silouhette un peu grassouillette sortit du supermarché, ses bras chargés de provisions et sa tête se tournant furtivement. Mes orbes rencontrèrent les siennes, puis sa peau pâle, ses petites joues bouffies, ses traits masculins -bien que médiocres.

Le jeune homme sourit, avant de s'enfuir dans la noirceur de la ruelle, ses cheveux bleus volants dans le vent.

t é n è b r e m é d i o c r e